L'album fait partie des meilleurs de la série mais semble aussi être celui qui a le plus vieilli. La description minutieuse et parodique de la vie militaire (incorporation, entrainement paprasserie absurde, glandouille généralisé etc.) ne doit plus vraiment parler au lecteur qui n'ont pas connu le service militaire. Paru en 1966 / 67 le récit est en filigrane représentatif des problèmes des années soixante. Le conflit algérien à peine terminée fait l'objet d'un véritable refoulement puisque l'Afrique du nord où débarque Astérix et Obélix devenu légionnaire apparait comme un non lieu (un désert où de manière absurde les romains s'affrontent entre eux). La réplique d'un légionnaire remarquant combien il est difficile d'identifier l'ennemi dans une guerre civile apparait comme l'effraction mémorielle à la manière d'un acte manqué. De même la mise en scène de la jeunesse à travers le couple Tragicomix / Falballa apparait à bien des égards dépassé. Falballa à la sensualité irradiante au point que tous tombe amoureux au premier contact (dans l'ordre Obélix / Idéfix / Astérix) constitue une nouveauté dans l'univers de la BD où précédement la gente féminine était soit absente (cf La marque jaune de Blake et Mortimer avec trois silhouettes féminine dans tout l'album) soit cantonné à des rôle marginaux désexualisé d'assistante bonne copine (cf la secrétaire Queue de cerise de Gil Jourdan) où de casse pied insupportable (cf. Seccotine de Spirou et Fantasio). Cependant Falballa présente une vision de la femme qui est le fruit d'un compromis (nous sommes avant mai 68) si on admet qu'elle possède des désirs et possède une certaine indépendance (elle a fait des études à la ville où elle s'est fiancée) cette liberté n'est toléré que dans certaine limites ses études terminées elle revient dans le village de ses parents et quand à la fin elle quite le village c'est pour se marier. Un compromis entre indépendance et cadre sociale à l'image de la société gaullienne des années 60.
Pour ceux qu'amuse le jeu des références, ajoutons que l'album est une parodie du film de légionnaire qui de Laurel et Hardi à Jean Claude Van Damme obéi aux même schéma (désespoir amoureux, supérieur sadique, combat désespéré dans le désert, etc.).