Sus à l'ennemi, avec quelques touches d'autodérision

Ce tome fait suite à Ghost Box. Il contient les épisodes 31 à 35 et peut être lu indépendamment.


L'équipe des X-Men se compose de Beast (Hank McCoy), Storm, Cyclops, Emma Frost, Wolverine et Armor (Hisako Ichiki). L'histoire commence avec Abigail Brand et une équipe de S.W.O.R.D. (Sentient World Observation and Response Department) qui envahissent un astéroïde abritant une base secrète. Ils retrouvent devant un nid d'extraterrestres belligérants bien connus des X-Men. La mission prend fin brutalement et Abigail Brand se prépare à s'écraser sur terre dans un vaisseau qui n'est pas en très bon état. Les X-Men sont appelés à la rescousse pour effectuer un sauvetage in extremis. Sauf que visiblement la mission de S.W.O.R.D. constitue le début d'une vague d'attaques dirigées contre les X-Men et perpétrées par des mutants décédés. Qui en veut aux X-Men ?


L'objectif de Marvel avec cette série est de disposer d'histoires relativement courtes et relativement facilement accessibles pour des lecteurs occasionnels. Warren Ellis concocte donc une histoire qui remplisse cet objectif. Il choisit une trame simpliste : un individu veut la perte des X-Men. Il a concocté toute une série d'ennemis ayant des attaches avec l'historique de cette équipe. Les X-Men se battent contre un ennemi après l'autre (plusieurs en même temps parfois) tout en remontant la piste jusqu'à débusquer cet ennemi invisible, pour terminer par une résolution prévisible. Sauf que monsieur Ellis n'est pas le premier venu. Il cisèle des dialogues comprenant une dose inattendue de second degré et de dérision. C'est un régal que de contempler Wolverine en train de récriminer que Cyclops le traite en gamin, et voir Armor au second plan ironiser sur le fait que c'est son lot habituel. Quel plaisir de voir la relation entre Hank McCoy et Abigail Brand reprendre sur le ton du flirt assez chaud. Et puis, même si les allusions à la continuité restent légères (pour un titre des X-Men), il tire un fil ou deux qui prolonge intelligemment la thématique de l'espèce en voie de disparition et la quête d'Hank McCoy pour faire redémarrer le gène des mutations.


Enfin Warren Ellis a développé depuis quelques années un art de la séquence d'action qu'il met à contribution dans cette histoire : il offre donc quelques séquences d'anthologie à Phil Jimenez. Ce dernier a commencé sa carrière comme un clone de George Perez avant de s'écarter de son mentor : tout en restant dans des dessins très précis et détaillés, il a développé une mise en scène plus personnelle et plus crédible, moins superhéros. Jimenez aligne ainsi les scènes à faible teneur en dialogues et haut taux d'adrénaline : le nettoyage de l'astéroïde, Storm majestueuse dans le ciel, Wolverine en chute libre sur un vaisseau toutes griffes dehors, Emma Frost traquant une personne dans une foule de badauds, une variation inattendue sur les Sentinels... et tout ça rien que dans le premier épisode. Il respecte d'assez près la mise en page suggérée par Warren Ellis, à savoir une forte proportion de cases de la largeur de la page pour évoquer la largeur d'un écran cinématographique (ce choix ressemble à une transposition des éléments constitutifs de The Authority aux X-Men). Et puis Jimenez a une capacité envoûtante à mélanger ces personnages décédés à la race extraterrestre pour aboutir à des hybrides qui font froid dans le dos. D'une manière générale, ce qui achève de transporter le lecteur au milieu de ces personnages, c'est le soin que Jimenez apporte à la cohérence des visages et à leur singularité (la fourrure de McCoy, la rigidité de chef de Scott, la beauté sophistiquée d'Emma, la beauté sauvage d'Ororo, etc.). À la lecture, il est évident que Jimenez a plus fignolé certaines pages que d'autres (il n'a fait que des crayonnés rapides pour un épisode). Heureusement il est encré par Andy Lanning, un très bon encreur (qui n'est pas que le coscénariste de Dan Abnett). Enfin, la mise en couleurs est réalisée par Frank D'Armata, le maître des tons chauds et des camaïeux qui apportent une intensité sans égale aux illustrations.


Le tome se termine sur quelques pages bonus : des crayonnés de Phil Jimenez, une interview de lui illustrée de planches qu'il avait dessinées pour les scénarios de Grant Morrison et une demi-douzaine de pages expliquant comment il compose une case ou une page.


Il ne s'agit pas d'un scénario exceptionnel de Warren Ellis, juste d'un bon scénario d'Ellis avec de solides illustrations. Le tout aboutit à une bonne histoire des X-Men, drôle, légère, inventive et très divertissante. La série des Astonishing X-Men est ensuite relancée avec un nouveau numéro 1, toujours Warren Ellis au scénario et Andrew Kaare aux dessins dans Xenogenesis.

Presence
8
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le 4 janv. 2020

Critique lue 47 fois

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