Shi est avant tout une claque visuelle.
Si la couverture est assez réussie, les pages intérieures le sont encore davantage, ce qui n'est pas si courant. En effet, le coup de crayon de Homs est celui des illustrateurs talentueux, cercle pas infini de ceux qui sont à la pointe.
Nulle faiblesse flagrante dans son dessin : que ce soit les architectures, vêtements ou anatomies, tout revêt des courbes maîtrisées. Ces personnages, en particuliers leurs faciès, sont cependant ce qui frappe le plus. Masculins ou féminins, il se dégage de leurs expressions, selon les personnes, la suffisance, la candeur, la bigoterie, l'effronterie, la rouerie ou encore la concupiscence.
En effet, la galerie de portraits qu'il nous est donné de contempler va du plus agréable, en la personne de Jennifer, jeune femme idéaliste, au plus pervers (ils sont plusieurs à se battre pour le titre) en passant par le plus outrancier.
Il convient de préciser ici qu'une partie importante du récit se déroule en 1851 à Londres, siège de l'empire colonial britannique. La famille qui est suivie par le lecteur est celle d'une aristocratie militaire imbue de sa supériorité morale et matérielle. Comme la peinture qui est réalisée apparaît forte ! Le mépris de cette caste pour la plèbe, la piété de façade foulée aux pieds de la luxure sont autant de traits qui rendent tellement humains ces personnages. Les zones d'ombres affleurent juste au dessous de la surface narrative et le lecteur en peut que s'en réjouir.
La structure du récit est d'ailleurs finement ciselée par Zidrou qui alterne les périodes historiques pour mieux ancrer le déroulé de son récit dans un drame humain qui verra un dénouement explosif.
Sur des fonds somptueux teintés de rouge, de verts, d'or, de sépia, le cadre est installé, la tragédie peut se dérouler...