J’ai découvert Shi par une critique écrite sur le site Blog Brother. L’enthousiasme qui s’en dégageait m’avait intrigué. Afin de voir ma curiosité assouvie, j’ai décidé de m’offrir le premier tome Au commencement était la colère récemment. Il est l’œuvre conjointe de deux auteurs qui m’étaient jusqu’alors inconnus : le scénariste Zidrou et le dessinateur José Homs. La parution de cet ouvrage date du début de l’année.
Le premier contact à travers la couverture est agréable. On y découvre une course-poursuite improbable avec un angle original, en contre plongée. Deux femmes sont en train de fuir sur les toits de la ville pendant que des hommes dans une calèche semblent leur vouloir le plus grand mal. Les couleurs verdâtres nous transportent dans un Londres du dix-neuvième siècle. Bref, la rencontre avec cette nouvelle série ouvre l’appétit incitant d’entamer au plus vite sa lecture.
Je dois bien avouer que dès les premières planches, je suis tombé sous le charme du trait de Homs. Son trait est précis et fin. Son souci du détail donne vie à l’univers narratif. Notre immersion est aisée et sublimée par son travail sur les couleurs que je trouve splendide. En variant les thématiques chromatiques en fonction des scènes et des moments, le dessinateur intensifie l’atmosphère, envoutant ainsi davantage le lecteur. Le plaisir que j’ai pris à rencontrer cet auteur me donne envie de jeter un coup d’œil rapidement à sa bibliographie.
L’histoire débute à la sortie d’un procès pour lequel les charges contre l’accusé viennent d’être abandonné. L’accusé a les traits de Lionel Barrington, riche industriel dont les usines produisent les mines antipersonnel qui ont causé la mort d’enfants. Soulagé d’être libéré de cette affaire, Barrington s’apprête à vivre un drame : sa femme et son fils vont marcher sur une mine posée dans son propre jardin… C’est à cet instant que nous le quittons pour ne le retrouver que dans les dernières pages de l’ouvrage…
Entre temps, nous avons passé l’essentiel de la lecture à suivre les pas de Jennifer, héritière d’une famille bourgeoise de Londres dans l’Angleterre du milieu du dix-neuvième siècle. La jeune femme possède un caractère fort et une personnalité féministe qui dénote avec les codes de l’époque. Evidemment, elle nous est très vite sympathique tant le reste de son entourage est puant. Sa vie prendra un tournant radical quand elle fait la rencontre de Kitamakura. Cette jeune femme asiatique a été enfermée suite à un événement auquel Jennifer a assisté. Elle se met en tête de la sauver, signant ainsi l’arrêt de mort de son condition confortable. La fuite des deux jeunes femmes s’avère passionnante. La montée en puissance dramatique est habilement construite par le scénario.
En plus de nous intéresser par cette chasse « aux femmes » , les auteurs attisent notre curiosité à travers le personnage Kitamakura. Elle est entourée de mystères. La seule chose dont on est sûr est qu’elle est particulière et qu’elle est amené à jouer un rôle fort à une échelle importante. Les dernières pages et la passerelle avec notre époque semblent le confirmer tout en nous laissant plein de questions diverses et variées.
Pour conclure, ce premier opus est très prenant. Il arrive à faire cohabiter une introduction lente des jalons de l’intrigue globale de la série tout en nous faisant des événements rythmés, intenses et dramatiques. J’ai très envie de lire le second épisode. Cela tombe bien, il m’attend dans ma bibliothèque…