Ce tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie du même nom parue en 2009. Les scénarios ont été écrits par Mike Mignola et les dessins réalisés par Ben Stenbeck.


Sir Edward Grey a été anobli par la Reine pour services rendus à la couronne lors d'une affaire de sorcière. C'est à cette occasion que le public lui a attribué le sobriquet de Witchfinder (débusquer les sorcières). En 1879, la police requière ses services quand plusieurs crimes inexplicables sont commis à Londres. L'identité des victimes amène Edward Grey à rendre visite Lord Wellington qui a financé l'expédition à Urrasan dans le Sahara à laquelle ont participé les défunts. Wellington est sauvagement massacré par un être surnaturel sous les yeux de Grey. Puis ce dernier est mystérieusement convié dans l'antre du Captain qui est le dépositaire de fabuleux savoirs interdits, puis dans la demeure de Donald Blackwood dont la soeur dispose d'immenses talents de médium. Et tout semble tourner autour de mystérieux ossements ramenés d'Urrasan.


Il s'agit de la troisième minisérie qui s'inscrit dans l'univers du BPRD, après celles de Lobster Johnson et d'Abe Sapien. Edward Grey avait déjà effectué une apparition subliminale dans Au nom du diable et servi de personnage central dans la scène d'ouverture de La noyade. Le lecteur le retrouve ici dans l'une de ses premières enquêtes. Par opposition aux 2 premières miniséries citées plus haut, Mike Mignola a pris le parti de raconter une histoire dense et copieuse (ce qui se traduit dans les premières pages par de gros phylactères en petits caractères). Comme il l'indique en fin de volume, son objectif était de rendre hommage à plusieurs auteurs de la fin du dix-neuvième siècle comme Sheridan Le Fanu (Carmilla) et William Hope Hodgson (Carnacki).


Mike Mignola délaisse donc les nazis pour se plonger dans l'Angleterre victorienne et il le fait très bien. L'enquête est ardue, les rencontres de personnages improbables abondent et le mystère surnaturel ne se contente pas d'être dérivatif des univers d'Hellboy et du BPRD. Comme souvent chez Mignola, une aventure ne suffit à pas établir le personnage. Le lecteur pourra donc regretter que le profil psychologique d'Edward Grey se limite à une caricature de puritain. Mais le nombre de trouvailles du scénario et l'habitude de Grey de citer les écritures en se battant créent une ambiance très spéciale, à nulle autre pareille. Je regrette juste qu'il ait choisi de terminer son récit sur une ouverture destinée à le raccrocher à l'univers d'Hellboy ; ça donne au lecteur une impression de récit annexe n'existant que pour enrichir la mythologie d'Hellboy.


Comme souvent quand Mignola embauche un dessinateur, celui-ci se croit obligé dans un premier temps d'adopter un style se raccrochant à celui de Mignola. Pour être honnête, Stenbeck le fait plutôt bien, mais uniquement de temps en temps. Le reste des pages, il reprend un graphisme plus personnel, également très chargé en noir, avec beaucoup d'attention dans les détails portés aux vêtements et aux décors. Il possède un vrai sens de la mise en scène et sait conjurer une atmosphère sombre de manière remarquable (la scène dans l'asile, la tanière du Captain, etc.). Toutefois, de temps à autre, il arrondit son trait ce qui aboutit à quelques visages tirant vers le cartoon, en complète opposition avec le ton de l'histoire. Et parfois, il décrit des rues mangées par le brouillard en gommant complètement le décor, ce qui semble indigne de ses capacités de dessinateur. Les illustrations de Stenbeck sont à l'unisson du scénario : très personnelles et inventives, mais parfois elles jurent parce qu'il souhaite trop raccrocher ses dessins à des images archétypales de Londres embrumé.


Le tome se termine sur une première histoire courte savoureuse qui explique comment Edward Grey a reçu son surnom de Witchfinder (illustrations de Ben Stenbeck). Une deuxième histoire courte, plus anecdotique, met en scène Henry Hood, un chasseur de sorcière du dix septième siècle (dessins de Patrick Reynolds).


L'histoire "Au service des anges" est très agréable à lire et permet de rencontrer des personnages et des légendes inédites jusqu'alors dans l'univers d'Hellboy, bien qu'elle présente un ou deux imperfections au niveau du scénario et des dessins.

Presence
7
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le 9 févr. 2020

Critique lue 88 fois

Presence

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