Il y a des annonces, lorsque l’on tombe dessus, on en tombe de notre chaise, un filet de bave coulant inexorablement et sans que l’on ne puisse faire quoi que ce soit. Lorsqu’Image Comics a annoncé un titre centré sur la Bible écrit par Jason Aaron et dessiné par R.M. Guéra, l’équipe de Scalped, c’est dans l’état que je me suis retrouvé ! Quelle impatience à l’idée de me retrouver avec ce premier tome en main !


En fuyant le Jardin d’Eden, Adam et Eve découvrirent la Création : un havre de paix, parfait équilibre entre les règnes animaux et végétaux. Le meurtre originel perpétré par Caïn sur son frère Abel entraîna cependant la chute de ce Paradis terrestre. Condamné par Dieu à assister à la déchéance de l’Humanité jusqu’à la fin des temps, Caïn arpente cette Terre devenue le refuge de monstres préhistoriques, sillonnée par des hordes de maraudeurs sanguinaires. Dans cet enfer condamné au Déluge, Caïn croise la route de Noé !
(Contient les épisodes #1 à 5)


En nous lançant dans cette nouvelle aventure, en découvrant cette vision libre de la Bible, la première chose qui nous frappe, qui nous capte, ce sont les dessins de R.M. Guéra ! Il faut dire que l’on se retrouve avec une double page paraissant sans limite, d’une terre dévastée et sale, un enfant, tout aussi sale, urinant, depuis un rocher, sur un homme plongé dans la boue, en contrebas ! L’ambiance est d’ores et déjà posée !


Durant un peu plus de cent-cinquante pages R.M. Guéra nous plonge dans un monde oppressant, dégoulinant, moite et sale ! Plus on s’enfonce dans l’histoire, plus on découvre notre Terre et plus l’indigestion se rapproche, plus on transpire, plus on est écrasé par cette ambiance suffocante et étouffante !


Si les décors sont incroyables, le travail sur les personnages est tout aussi réussi ! Ils sont moches, repoussants, sales, maigres (pour la plupart), sans égard pour la nudité, chacun avec leur design propre et bien pensé ! Caïn se démarque énormément avec sa chevelure argentée, Noé avec ses dreads et son petit ventre, Aga avec son corps si rachitique mais sa poitrine opulente ou encore le jeune garçon avec son bras en moins.


D’entrée de jeu, R.M. Guéra nous montre, nous fait comprendre qu’avec The Goddamned Jason Aaron ne nous emmènera pas au pays des Bisounours, loin de là…


Comme je l’ai dit plus haut, le comics s’ouvre avec notre héros (héros est un bien grand mot), Caïn, alors qu’il se fait uriner dessus par un gamin manchot. Ce qui a, forcément, le don de le réveiller, alors qu’il croupissait dans la boue. On découvre un homme nu, de mauvaise humeur et peu sociable. Caïn semble, en plus, assez déçu de se réveiller. Il s’empresse alors de retrouver la tribu qui lui a fait cela et les tue tous ! Déçu qu’il est, de ne pas être mort lui-même !


En effet, suite au meurtre de son frère Abel, Caïn est voué à errer sur cette Terre croulante et repoussante, à assister à la déchéance humaine, sans pouvoir mourir ! Cela ne l’empêche pourtant pas de chercher, de par le monde, un homme, une bête ou un monstre, qu’importe, capable de le tuer ! C’est ainsi qu’il s’est mis en tête de trouver un Nephilim, un fils d’ange !


Courant après la mort, Caïn ne tisse que peu, ou pas de lien avec les autres personnes qu’il croise ! Cependant, lorsqu’il tombe sur Aga, une mère désespérée cherchant à retrouver son fils, Caïn fini par se laisser aller et à accepter d’aider la jeune femme rachitique. Désireux de lui faire comprendre que Dieu n’est pas digne de croyance et de fidélité, il se heurte à un mur. En ces temps-là, les croyances sont quelque chose d’essentiel pour les simples d’esprit qui peuplaient la Terre.


Aga étant sotte, elle ne comprend pas, même trop tard, que la gentillesse de Caïn si elle était sincère, ne passe que très loin derrière son envie de mourir ! Une envie qui atteint son paroxysme lorsqu’ils atteignent le camp de Noé, en train de construire son Arche, lieu où se trouve le fils d’Aga mais également un Nephilim !...


Bref, dès la première image j’ai été emporté dans cette intrigue chaotique, oppressante, presque malsaine. Jason Aaron nous dépeint une origine du monde des plus sombres, des plus sales, des plus barbares tout simplement. Mine de rien, petit-à-petit on s’intéresse à ce personnage si particulier qu’est Caïn. On se demande jusqu’où il devra aller pour réussir à mourir.
Si le scénario de Jason Aaron est prenant, et laisse une fois de plus peu de place à l’espoir, les dessins de R.M. Guéra sont tout aussi exceptionnels.

Romain_Bouvet
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le 28 août 2017

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