Je peux dire que je l'ai attendu ce graphic novel ! Retrouver le duo magique d'Uncanny X-Force sur une nouvelle histoire, quel pied ! Il y a sans doute des défauts dans ce récit de commande, mais je suis un tel fan de Rick Remender et de Jerome Opena que je passe complètement outre.
Le concept est simple. Alors qu'on pensait l'univers Marvel débarrassé d'Ultron depuis l'event où le vilain était absent Age of Ultron, et bien il est en fait de retour parce qu'une précédente version du robot avait été envoyée dans l'espace. Elle est bien entendue de retour, et elle n'est pas contente. L'occasion pour les vengeurs de s'occuper une nouvelle fois de leur adversaire iconique et surtout l'occasion pour Hank Pym, Ultron et Vision de régler une bonne fois pour toute leur querelle de famille et de comprendre d'où vient la "rage" d'Ultron.
C'est franchement génial. Déjà, on avait pas revu Opena depuis Infinity, et c'est un plaisir de retrouver le talentueux artiste qui est toujours aussi doué. On retrouve son découpage très sage à l'européenne et surtout ses cadrages et sa stylisation si particulière qui donne vraiment une force inouïe aux récits qu'il illustre. On a des cases iconiques à foisons, les super-héros ont vraiment des allures de héros grecs majestueux, Ultron est super classe, on a des bastons qui en jette... On se régale.
Ce n'est pas la meilleure prestation du dessinateur, peut-être est-ce parce que cette fois il est encré par le, très bon, Mark Morales ? Ce qui fait qu'on ne profite pas à 100% du travail du dessinateur contrairement à d'autres fois où les couleurs étaient directement appliquées sur son crayonné... Notons aussi la présence du très bon Pepe Larraz pour prendre le relais aux dessins lors de certains passages vers la fin de l'ouvrage. Le dessinateur à un style plus proche de celui de Coipel, donc ça change un peu, mais ce n'est pas non plus très gênant et ça reste très beau.
Aux couleurs, on a le droit à l'excellent Dean White et à deux autres coloristes qui suivent son style avec des résultats plus ou moins heureux. Ça reste plutôt pas mal, et les couleurs renforcent globalement le côté apocalyptique de l'oeuvre.
Côté scénar, j'ai trouvé ça également très bon. Déjà Rick Remender sait toujours aussi bien écrire de bonnes grosses intrigues épiques pour les équipes super-héroïques. C'est massif, les dénouements sont dramatiques, y a de l'enjeux, de grandes scènes d'action, et c'est surtout porté par des personnages très biens écrits. Ultron, Pym et Vision sont vraiment passionnants à suivre et Remender fait des choses vraiment très intéressantes avec eux et joue habilement avec les relations entre eux. Il y a un vrai travail de la part du scénariste pour savoir qui est réellement Pym, qui est réellement Ultron, et pour aller au fond de leurs motivations et pour exploiter à fond les thématiques cher à l'auteur de l'éducation et du rapport au père. Remender fait un portrait pas forcément flatteur de Pym, ce qui ne plaira pas à ceux qui auraient bien voulu le voir reprendre du prestige et redevenir héroïque et noble, mais c'est franchement du très bon boulot. En outre la fin de l'ouvrage est délicieuse, alignant les face à face poignants et les combats dantesques qui sont autant des confrontations physiques que philosophiques, comme sait si bien le faire le scénariste.
Et puis, pour ceux qui n'aiment un récit que pour les conséquences qui en découlent (et c'est bien dommage), sachez que ce Rage of Ultron n'est pas un coup d'épée dans l'eau et qu'il se termine avec son petit changement de statut quo...
Bref, pour ma part excellent lecture, et ce malgré le fait que ce soit un récit de commande, que Remender commençait certainement à fatiguer de Marvel et le fait que Larraz se ramène quelques pages aux dessins. Si on pouvait avoir des récits des vengeurs de cette qualité à chaque fois, je ne dirais pas non...