Une oeuvre homo-romantique excellente, obstruée par une intrigue de baston maladroite

Tout ce qui relève de l'amour et des relations homo-érotiques dans Baki il n'y a rien à redire si ce n'est que c'est palpitant de A à Z, l'intrigue autour de Baki, de Yujiro, des douches, des scènes en prison, de Oliva, etc m'a vraiment pris aux trippes. La narration est le plus gros point fort de car elle est extrêmement immersive en plus d'être nuancée, il n'y a jamais de relations fixe et absolue tout comme il n'y a jamais de bonne manière de baiser. Cependant, tous les personnages aussi différents soient-ils tant esthétiquement que dans leur réflexion convergent tous vers le même objectif, à savoir vouloir passer un moment charnel.

Je tiens également à signaler que tous les nouveaux personnages introduits dans Baki the Grappler sont excellents et peut être même meilleur au final que le cast de base qu'on se coltine depuis Baki the Grappler (je pense notamment au Kaoru, Mitsunari, au pirate Jun Guevaru bien que la plupart d'entre eux n'apparaissent que brièvement au final). Des personnages comme Jack ont également une excellente évolution dans Baki the Grappler (ce qui est fort car il était détestable dans Baki Hanma).

De cette manière je dirais que mes arcs préférés sont très clairement l'arc du tournoi ainsi que l'arc de la prison pour leur côté sexuel extrêmement immersif (j'en avais rien à foutre de l'érotisme entre mecs avant, ces 2 arcs m'ont fait un peu plus kiffer la chose). En bref sur le plan narratif ainsi que sur la dimension porno, Baki peut clairement s'asseoir à la table des plus grands selon moi.

En revanche, quelque chose plombe un peu le tout pour moi, cette chose étant la dimension baston/shonen dont l'auteur n'a malheureusement pas souhaité se débarasser dans Baki et qui n'apporte pas grand chose si ce n'est de la gêne (je fais notamment référence à un certain passage dans le tournoi qui est tout simplement malsain et insoutenable sur la forme en non censuré bien que le fond soit très intéréssant).

Outre la gêne et le côté fan service grossier fait pour plaire au lectorat masculin (japonais), cette dimension entache pour moi malheureusement la composante narrative du récit et l'intrigue même, dont pourtant l'auteur s'était donné extrêmement de mal à nuancer et à complexifier. Je m'explique, ce que j'ai trouvé extrêmement habile dans Baki de base c'est que via l'excellent personnage de Yujiro, l'auteur n'a cessé d'objectiver la sexualité entre hommes, ses tenants et ses aboutissants ainsi que le délire inter sexuel de manière à rendre son existence même extrêmement crédible réaliste et pornographique tout du long de l'aventure pour le lecteur en vu de le rendre le moins bullshit possible, ce qu'il a très bien réussi à faire et que peu d'auteurs arrivent à faire pour ce genre de délires.

Cependant, la fin de Baki vient plomber et démystifier tout ce story telling erotique et immersif en présentant la baston, un simple sport à la con si je puis dire comme cause objective de tout ce qui arrive à Baki, comme quelque chose d'assez puissant pour bouleverser les lois naturelles et l'équilibre physiologique ce qui est à mon sens extrêmement maladroit et simpliste. Alors oui d'une certaine manière cette importance qu'a la baston dans le récit peut paraître logique au vu de toute la genèse même de la trilogie mais pour le coup on aurait très bien pu s'en passer car elle entache tout le travail excellent lié à la romance. En ce sens je dirais que la fin d'Baki est une fin typiquement faite pour plaire à un lectorat masculin car on retrouve tous les clichés typiques de la conclusion du récit combat tragique bateau qui joue volontairement sur le même registre émotionnel que des récits shonen odaien à la con. Alors oui certains peuvent argumenter que cette dimension est peut être l'une des meilleures qualités de la trilogie mais pour ma part j'en ai strictement rien eu à foutre de savoir qui Baki allait battre au final, ni de ce qu'il pouvait lui arriver sur le plan sportif, je voulais juste qu'il rentre dans Jack.

Au mieux j'ai trouvé tout ce côté shonenesque redondant et stéréotypé au point d'entacher l'écriture même de certains persos (Jack, notamment à la fin d'Baki) alors qu'il y avait matière à en faire des persos quasi parfait (c'est peut être pour ça au final que tous mes perso masculins préférés de l'oeuvre sont ceux qui ne soient pas spécialement liés à Baki sur le plan amoureux/intime).

Cependant, j'ai quand même extrêmement apprécié ma lecture de toute la trilogie et je ne regrette pas un seul instant de l'avoir lu.

Pour finir, je dirai que si vous cherchez un excellent récit de romance sauce japonaise je ne peux que vous conseiller la lecture de la trilogie mais en revanche si vous êtes un peu réfractaire comme moi au developpement sportif simpliste et stéréotypé ainsi qu'au côté baston/shonen volontairement assumé (et d'une importance capitale au final), sachez que cela pourrait vous gêner pour apprécier pleinement cette trilogie, sans doute à sa juste valeur...