Ca annonce du bon pour la suite
Après Knightfall, un brin indigeste, voir très indigeste sur la fin, Urban Comics nous propose le prologue à une nouvelle grande saga marquante pour Batman. Cataclysme servant en effet d’introduction à No Man’s Land. Comme pour Knightfall, nous avons le droit à de gros pavés, en nombre, avec une saga qui s’étale sur toutes les séries plus ou moins proches de Batman. Et dès le prologue, pas moins de seize chapitres pour mettre en place ce nouveau drame qui frappe Gotham.
Mais la comparaison s’arrête là, pour le moment. Cataclysme nous offrant une diversité dans les intrigues là où Knightfall ne ce centrait que sur les incessantes lamentations de Jean-Paul Valley.
Un violent tremblement de terre vient de frapper de plein fouet la ville de Gotham City. Tous les habitants attendent de Batman et ses alliés des miracles, mais même le légendaire Chevalier Noir ne peut rien contre les forces incontrôlables de la Nature. Commence alors pour la ville une longue et douloureuse descente aux enfers, faisant d’elle une jungle sans foi ni loi, où le héros masqué est le dernier ambassadeur de la justice.
Cette fois-ci pas de Joker, pas de Double-Face, pas Pingouin, pas d’Enigma, non, cette fois-ci « l’ennemi » de Batman n’est pas un méchant régulier, ni un méchant tout court. D’ailleurs ce n’est pas un ennemi physique. Non, Gotham est frappé par un séisme d’une magnitude de 7,6 sur l’échelle de Richter ! Et d’emblée, j’avoue que l’idée me plaît bien. Je trouve cela intéressant de confronter nos héros à des catastrophes naturelles, de les voir passer de statut de super-héros à celui de héros. Déjà, point d’entrée intéressant.
Un séisme frappe donc Gotham et ses habitants au moment où tous allaient dormir, et en quelques secondes Gotham n’est plus qu’un champ de ruines en flammes. Un peu gros le coup de « seuls les bâtiments construit par Wayne Enterprise sont encore debout, car ils ont été construits pour résister à un séisme de magnitude 8 au moins… » Facile, mais il fallait bien pour les auteurs qu’ils aient encore quelques bâtiments de dispo. Car le comble pour Batman, c’est que son manoir, lui, ne tiens pas le choc à l’inverse de ses bâtiments antisismique.
Nos super-héros se retrouvent donc face à un véritable drame humain. Batman, Nightwing, Robin, Catwoman ou encore Spoiler, Oracle et Huntress vont devoir se dépasser pour sauver le plus de gens possibles des décombres encore branlants et menaçants des nombreux bâtiments en ruines. Les auteurs nous offrent de belles scènes de sauvetages, riches en intensité et en émotion. Comme le premier sauvetage de Nightwing avec le petit garçon et sa maman.
Les nombreuses séries touchées par l’évent, ont des approches différentes. Batman est plus dans la constatation, Nightwing dans le sauvetage, Huntress dans la punition des profiteurs, Catwoman tombe sur Poison Ivy et Robin sera accaparé par la menace du Maître-Secousse, un taré voulant faire croire qu’il est le responsable de ce tremblement de terre et que cela pourrait se reproduire très vite s’il n’a pas de rançon. Avec un tel événement, les scénaristes ont matière à nous offrir pas mal de points de vue différents. Et même les vilains de Batman auront le droit à leur petit interlude. On y découvrira comment, eux aussi réagissent à cet événement. Cela va d’un Ra’s al Ghul triomphant de satisfaction, une Poison Ivy continuant ses exactions, d’un Pingouin sauvant des gens en fonction de ce qu’ils pourraient lui apporter par la suite, ou encore le Joker et sa clique de tarés qui s’amusent à torturer une pauvre infirmier.
On se rend compte que ce pavé passe tout seul, grâce justement à tous ces points de vue, toutes ces histoires. Si le point de départ qu’est le tremblement de terre est assez répétitif au début (nous le vivons plusieurs fois à travers tous nos personnages), le fait qu’il soit vécu de façon différentes par tous, nous offre des histoires variées et plutôt plaisante à lire. Plusieurs intrigues, plusieurs angles, des tons différents, des personnages œuvrant tous de manières différentes. Je suis d’ailleurs fan du courage et de la force mentale de Barbara, qui relève à elle seule, malgré son infirmité, tout le commissariat de son père en son absence. Bien aimé également la lutte interne de Catwoman quand à savoir si elle agit dans le bien commun ou non. Moins fan par contre d’Huntress, première approche avec ce personnage pour moi, et je la trouve bien trop agressive, voir extrémiste.
Bon certaines intrigues sont moins intéressantes comme celle du Maître-Secousse, mais il fallait bien un crétin pour revendiquer le tremblement de terre. D’autres sont trop éloigné du reste du tome comme l’histoire à l’asile d’Arkham. Une plongée fascinante et malsaine dans la folie des patients (pauvre Greg, il a vécu un truc atroce) mais trop peu en rapport avec le reste de Cataclysme. D’ailleurs, sans être mauvais bien au contraire, je ne trouve pas justifié la présence de cette histoire ici. Simple avis personnel.
Au niveau des dessins, comme souvent avec de si gros pavés, regroupant tant de séries différentes, le niveau est très inégal. Déjà grosse déception avec Mark Buckingham. Je suis tellement fan de son travail sur Fables que je m’attendais au même enchantement ici, sans réaliser que Batman c’est loin, très loin de Fables. Du coup le résultat est absolument désastreux. Le visage de Batman est affreux, ne parlons pas de sa cape. Le style de Buckingham ne correspond pas du tout à cet univers noir et urbain. On a aussi le droit à des artistes qui on mal vieilli comme Scott McDaniel sur Nightwing, ou des artistes au style qui n’a rien à faire ici comme Rick Taylor, trop cartoony, trop franco-belge.
A côté de ça nous avons des perles comme Klaus Janson avec son style agressif, Jim Balent et sa superbe Catwoman, Jim Aparo ou encore Marcos Martin.
Bref, sans être la lecture de l’année, Cataclysme est une saga plaisante à lire. On voit nos héros agir en héros et non plus en super-héros. Beaucoup d’intrigues, beaucoup de personnages, beaucoup de point de vue et de réactions différents face au drame. Un bon point d’entrée pour No Man’s Land, qui s’annonce plutôt intéressant du coup !