Je referme ce dernier tome, et, pour tout vous dire, je reste déçu.
Car l'idée de Scott Snyder promettait beaucoup, comme son premier tome de cet Eternal, en tissant un énorme écheveau d'intrigues pour mettre à mal le Caped Crusader et le faire souffrir comme jamais auparavant.
Mais à l'issue de cette giga saga, je mesure que l'intérêt est allé pour ma part, en mode décroissant. Déjà, au niveau artistique, des gars comme Fabok, Janin, Clarke ou Guillem March se sont faits la malle depuis belle lurette, laissant le dessin naviguer entre le pas mal et le pas top. Côté scénario, au final, trop de choses se sont agglomérées à l'intrigue sans pour autant s'y fondre, comme l'épisode occulte dans les sous-sols de l'asile Arkham. Composante obscure, jamais reliée au "plan" (à moins que je n'ai rien compris, ça se peut aussi...). Ou encore cette histoire de nano robots, aisément dispensable, qui ne sert qu'à mettre en scène Harper Row.
Le reste de l'intrigue, elle, est trop soumise à l'aléa pour qu'elle demeure une seconde réaliste. Le tome 1, de ce point de vue, est celui qui se tient le mieux, avec ses rivalités de mafieux et l'arrivée d'un nouveau flic en ville. Tiens, parlons-en, de l'ami Bard : ténébreux, trouble, double, Snyder tenait là un putain de personnage charismatique pris dans un jeu d'influences qui permettait de passer outre l'absence d'un Gordon qu'on avait envoyé en taule. Mais la manière de s'en débarrasser, en l'affublant d'un trauma crétin, laisse perplexe, tout comme son retour dans le jeu en dernière ligne droite. Snyder, en le faisant sortir de la scène dès la mi tome 3, se coupe d'un personnage qui, s'il avait été mieux caractérisé dans son mal et ses failles, aurait pu devenir LE point de vue principal de l'intrigue.
L'enquête, elle, tourne rapidement à vide, jusqu'à ce tome 4 qui se lance dans un véritable jeu de Qui Est-Ce en se contentant de faire un tour auprès de chaque suspect pour mieux les éliminer et de rajouter des étages inutiles au scénario. Tout cela pour promouvoir un vilain de troisième ordre, dont on ne peut croire un seul instant qu'il soit à l'origine du plan, ainsi que de sortir de l'au delà un autre personnage, qui arrive littéralement les mains dans les poches, pour ensuite, immédiatement, le remettre dans un cercueil. Gotham, elle, devient une ville anonyme, un décor peu utilisé, une architecture sans âme. Difficile à avaler et décevant de la part d'un scénariste qui a pondu une Cour des Hiboux ou un An Zéro où la cité était au premier rang tant de l'intrigue que de l'atmosphère. Véritable personnage à part entière, Gotham y était palpable, tangible, sombre.
Ainsi, les seules retombées de cet Eternal, c'est de découvrir que la Batcave est devenue un vrai hall de gare accessible à tous (Mais ça, on le savait depuis Le Deuil de la Famille), de voir la bat famille s'agrandir encore ( à quand la cousinade ?) et que la technologie Wayne est disponible pour tout le monde. Ah ! J'allais oublier l'essentiel : le manoir Wayne est réquisitionné en tant que nouvel asile.
Au final, si cette saga se laisse lire sans mal, elle ne fera pas date dans la mythologie du Dark Knight. Quel dommage cependant de la part d'un scénariste comme Scott Snyder qui tenait, jusqu'ici, bien la barre.
Behind_the_Mask, qui se prend les pieds dans sa cape.