Grand admirateur de l'oeuvre de Howard P. Lovecraft, Mike Mignola proposait, avec la complicité de Richard Pace au scénario et de Troy Nixey aux dessins, la mini-série The Doom that Came to Gotham, publiée par DC Comics entre 2000 et 2001.
Une sorte d'exercice de style sans réelle conséquence sur la série, mais qui permet au futur créateur de Hellboy de revisiter avec malice l'univers si codifié du Caped Crusader, en le transportant lui et ses célèbres acolytes et adversaires au coeur d'un récit directement influencé par l'auteur de At the Mountains of Madness.
Une intrigue peut-être prévisible mais très bien menée, bénéficiant d'une atmosphère anxiogène et franchement inconfortable, surtout lorsqu'elle convoque des créatures enfouies depuis des millénaires dans les entrailles de la terre, attendant bien sagement la délivrance afin de régner sur l'espèce humaine. Si certains personnages emblématiques de la série n'ont droit qu'à une très courte apparition, d'autres bénéficient d'un traitement extrêmement intéressant, en premier lieu un Harvey Dent à la métamorphose tout droit sortie d'Akira ou d'un film de Cronenberg.
Graphiquement, The Doom that Came to Gotham se montre absolument magnifique, le talent de Troy Nixey étant pour beaucoup dans la réussite du titre, même si le travail préparatoire de Richard Pace (qui devait se charger du graphisme) laissait entrevoir de bien belles choses aussi. La récente édition française parue chez Urban Comics en propose d'ailleurs un petit aperçu, ainsi que des story-boards et surtout, le très court Sanctum publié par Mignola en 1993 et annonçant par bien des façons son futur héros cornu.