Cela faisait bien trop longtemps que je ne me suis lancé dans une histoire de Batman. En cherchant, dans ma bibliothèque, de quoi combler mon bonheur, je suis tombé là-dessus, Batman, le Culte ! Batman, une intrigue mystique et Jim Starlin ! Il n’en faut pas plus. Le choix est vite fait !
Lorsque le Diacre Blackfire arrive à Gotham, il entraine avec lui une armée de sans-abri destinée à combattre le crime… mais son but est en réalité bien plus sinistre. Confronté à cette nouvelle menace, Batman se voit à son tour prisonnier de ce culte machiavélique. Lancé à sa rescousse, Robin découvre que son mentor a perdu la raison… pour de bon ?
(Contient Batman : The Cult #1 à 4)
Je dois bien avouer que j’ai un peu de mal à rentrer dans ce récit. On tombe sur une situation déjà acquise, sans vraiment savoir comment nous en sommes arrivé là. Un Batman prisonnier, mal au point, affamé, désorienté. Très rapidement, le lecteur se retrouve dans le même état ! Comme si nous étions, nous aussi, dans les griffes du Diacre Blackfire ! Un homme pieu qui tente de convertir notre héros, comme il l’a déjà fait avec les sans-abris de Gotham, à sa secte ! Le pire dans tout cela, c’est que ça marche !
En un chapitre, le Diacre Blackfire parvient à briser Batman ! La chauve-souris, le héros laisse la place à l’homme. En un chapitre le Diacre lui fait croire qu’il est éternel, que sa parole fait figure de vérité, et que pour rendre la justice il faut tuer les criminels ! Mais sous ses allures de saint voulant éradiquer le mal à Gotham, se cache un énième tordu assoiffée de pouvoir et ivre de puissance. Il a cependant pour lui un fait certain ! Illustre inconnu, il est celui qui a brisé, moralement, Batman !
Très rapidement sa sainte mission pour protéger Gotham et ses habitants se transforme en chasse à la mairie, et il ne fait pas bon se dresser sur son chemin ! Que ce soit Gordon, la police ou même l’armée. Rien ne semble à même d’arrêter le Diacre, surtout maintenant que Batman n’est plus que l’ombre de lui-même.
Il est tellement déroutant, bizarre, de voir notre héros dans cet état. Le voir paniquer pour un rien, douter de lui et de ses capacités, préférant fuir plutôt que de se battre. Comment Gotham et ses habitants vont ils s’en sortir ?
Beaucoup voit en cette histoire, un nouveau bijou signé Jim Starlin. Eh bien, ce n’est pas du tout mon cas. Le travail de sape sur Batman, personnellement, n’est pas convaincant, du moins ne suffit pas, selon moi, à plonger Batman dans cet état. Je n’y crois pas une seconde, et pire cela m’agace plus qu’autre chose. Batman est plus fort que cela ! Batman est plus fort que les drogues ! Batman est plus fort que le Diacre ! Ce lavage de cerveau est trop soudain, trop rapide.
Du coup, à aucun moment je n’ai vraiment pris le Diacre pour une véritable menace, mais plus comme un petit gadget délirant sorti de l’esprit de Jim Starlin. On ne peut pas faire mouche à tous les coups.
Idem, on me présente le Culte comme une histoire d’horreur. Une nouvelle fois, je ne le perçois pas du tout comme cela. Une histoire empreinte d’un pseudo mysticisme, une atmosphère oppressante, une ambiance sale, suffocante, oui. C’est très sombre, très glauque, très violent, sans doute pour faire écho à la chute de Batman. Néanmoins, cela reste une histoire adulte, profonde et bien écrite. Une histoire violente et résolument qui pointe du doigt la facilité qu’il y a à manipuler l’opinion publique et pourquoi il est important d’être maître de ses propres choix !
L’histoire oppose, également, Batman à sa vision de la justice ! Au fait qu’il n’utilise pas d’armes à feu, se refuse à tuer. Il se prend en plein visage « l’échec » de sa mission. C’est cependant le fait qu’il résiste à cette facilité, à ce refus de prétendre à la rédemption, à la possibilité que le bon est présent en chacun de nous, malgré la difficulté du chemin, malgré que cela puisse ne jamais se produire.
Graphiquement, c’est par contre, une réussite. Bernie Wrightson, que je ne connaissais absolument pas, est clairement l’artiste idéal pour ce genre de récit. Il rend à merveille cette impression glauque, malsaine et violente. Son Batman torturé, apeuré est criant de vérité. Un travail graphique réussit, avec beaucoup de cases, une impression de vitesse, rendant le récit encore plus oppressant.
Bref, si le récit de Jim Starlin est d’une grande profondeur, d’une grande réflexion, pour moi le Diacre est un vilain en carton-pâte, absolument pas crédible, à l’image de la destruction psychologique de Batman. Un récit qui, au final, n’a pas pris avec moi, malgré la qualité des dessins. Je préfère très largement le Jim Starlin de Marvel et son travail avec Thanos et autres joyeuseries cosmiques.