La fin d'une ère.

Bon, je tiens à préciser que j'ai acheté cette BD -enfin, ce comics- aux USA, par l'intermédiaire du magnifique site Amazon.com; je l'ai donc lue en VO. Eh ouais, ça pose. Et le titre original est quand même mieux:
"BATMAN: WHATEVER HAPPENED TO THE CAPED CRUSADER?" (--> on remarquera le changement de surnom dans la traduction, Batman étant, chez nous, plus souvent appelé "Chevalier noir" que "Croisé à la Cape")

Bon. Justification maintenant. Pourquoi, étant en khâgne, est-ce que je choisis de lire de vulgaires comics plutôt que "L'Éthique à Nicomaque"? D'abord parce qu'une histoire de Batman n'est pas "un vulgaire comics". Batman est chronologiquement un des premiers super-héros à avoir été créé (1939, c'est-à-dire seulement 1 an après l'apparition officielle de Superman) et que c'est sans doute le plus orgiginal. Imaginez: vous venez de créer le principe du "super-héros", un type qui a des pouvoirs quasi-magiques et (pour Superman) d'origine non-humaine. Et là, d'un coup, un autre type se pointe et dit "Ok, c'est sympa, c'est une super bonne idée, mais moi je vais faire un héros humain sans pouvoir qui fait aussi bien que Superman". Ça, n'ayons pas peur des mots, c'est une intuition géniale.
Donc Batman est une légende. "Mais pourquoi, alors qu'il y a des dizaines, des centaines, peut-être même des milliers d'histoires de Batman, prendre la peine de de commander précisément ce comics-ci aux USA?" me direz-vous. Et vous auriez raison. C'est là qu'arrive le deuxième point: Neil Gaiman.
Neil Gaiman aussi est une légende. Sans blague, ce type est époustouflant. Il est passé du statut d'écrivaillon Anglais quasi-anonyme à celui d'auteur et scénariste de comics parmi les plus réputés d'Amérique. Comme Alan Moore, ce type a révolutionné les comics. Il a créé le Sandman, dont je parlerai peut-être un jour si j'ai le temps (parce qu'il en faut, croyez-moi).

Quand j'ai vu "Neil Gaiman" et "Batman" associés, je me suis donc jeté dessus. Et je n'ai pas été déçu. Bon, autant prévenir tout de suite: il n'y a pas énormément d'action, c'est très très psychologique. Mais ce n'est pas dérangeant, et en plus c'est extrêmement bien dessiné. Enfin, je dis "ce n'est pas dérangeant": si, c'est dérangeant, mais c'est le but recherché. Dans l'histoire, Batman se retrouve assister à sa propre veillée funèbre, et s'ensuit un défilé des figures les plus marquantes du comics (avec la notable absence de Victor Fries, aka Mister Freeze, et de Bane). Or, chacune de ces figures livre une version totalement de la mort de Batman mais aussi de sa vie, des versions qui se contredisent toutes et qui sont autant de visions subjectives de l'oeuvre du Chevalier Noir. Et c'est GÉNIAL!!!
Bon, je ne révélerai pas la fin, qui est plutôt réussie. Par contre, même si le pitch ne vous branche aps, lisez-le, ne serait-ce que pour les dessins: il y a des pages absolument magnifiques, et un dossier à la fin sur l'élaboration des personnages. En plus, pour les connaisseurs, Andy Kubert a repris les versions de Batman et de ses ennemis à différents dessinateurs de différentes époques selon les récits, ce qui donne un aperçu extrêmement intéressant de l'évolution de l'esthétique de Batman depuis ses débuts.

En bref, c'est cool.