Ce tome regroupe les épisodes 433, 434 et 435 de la série Batman, parus en 1989.


Un homme portant le costume de Batman est retrouvé crucifié dans une ruelle de Gotham. Une ambulance l'emmène à l'hôpital mais il est trop tard pour le sauver. Pour autant personne n'ose soulever la cagoule pour découvrir son visage. Un reporter réussit quand même à photographier le cadavre et cette image fait la une. Bientôt un deuxième cadavre portant un costume de Batman est découvert. Le commissaire James Gordon mène l'enquête ; il est aidé par l'assistante du coroner. Bruce Wayne finit également par être victime d'une tentative de meurtre par le biais d'un costume de Batman.


Cette courte histoire a été écrite par John Byrne à la demande de Dennis O'Neil qui était responsable éditorial de la série à cette époque. Ce scénario est écrit juste à la fin du premier passage de John Byrne chez DC (il s'était essentiellement occupé des aventures de Superman). L'attente des fans était assez élevée de savoir ce qu'il allait faire avec Batman. La première déception fut de constater que Byrne ne dessinait pas l'histoire. Cette tâche était assumée par le dessinateur attitré de la série à l'époque : Jim Aparo.


"Many deaths of the Batman" est une histoire très courte (66 pages) et de ce fait le scénario est très ramassé et les personnages peu développés. Pour le premier épisode, John Byrne a choisi de raconter l'histoire sans aucune bulle de dialogues ou de pensée, et sans case de texte (il y a juste 2 mots). Cette partie est remarquable et elle montre à quel point Jim Aparo est un illustrateur accompli à part entière. Il explique dans l'introduction que John Byrne lui a remis un script de 3 pages pour ce premier épisode. C'est dire qu'Aparo avait à sa disposition l'équivalent d'un scénario de cinéma qu'il a mis en images. C'est à lui qu'il est revenu de déterminer combien de pages il attribuait à chaque séquence et de quelle manière découpait en cases chaque action pour qu'elle soit compréhensible sans aucun texte. Le résultat se lit d'une traite sans aucune difficulté de compréhension sur des éléments aussi simple que le circuit réalisé par un véhicule de police toute sirène hurlante la nuit, ou l'émotion de Dick Grayson face à la une du journal, ou le passage du temps d'une scène à l'autre, ou les différentes nuances de réaction de James Gordon face au cadavre de Batman. Une seule composante graphique déçoit un peu : Jim Aparo choisit un style qui reste un peu enfantin dans sa manière de représenter les décors.


Le reste de l'histoire se lit avec plaisir. Il apparaît rapidement que le meurtrier cherche à éliminer les individus qui ont vraisemblablement entraîné le jeune homme qui allait devenir Batman. John Byrne déroule son récit sur la trame d'une enquête classique avec recherche d'indices et phases de déduction. Il est assez rigolo de voir Bruce Wayne démêler l'écheveau de suppositions devant Gordon qui ne prend pas conscience que Wayne est un détective hors pair. Byrne prend bien soin d'insérer les éléments du mythe de Batman pour que le lecteur en ait pour son argent : évasion impossible, déguisement pour tromper le criminel, phases de déduction analytique, acrobaties sur les toits, visite à la Batcave, inquiétude d'Alfred Pennyworth quant au sort de son maître, etc.


Les dessins de Jim Aparo sont encrés par Mike DeCarlo comme d'habitude. Cette équipe possède un grand savoir faire de découpage des séquences en cases qui coulent naturellement de l'une à l'autre. Le nombre de cases avec décors est assez élevé, même si la manière de les représenter peut paraître un peu simpliste par rapport aux standards actuels. Pour le reste, c'est un vrai plaisir visuel que de découvrir ces dessins où tout est mis en oeuvre pour que la lecture soit la plus fluide possible. Au-delà des voitures représentées comme des modèles réduits et des parois de la Batcave qui font carton pate, il y a 2 autres partis pris qui peuvent faire ciller : les deux tiers de l'histoire se déroulent sous un grand soleil qui annihile l'aspect mystérieux de la créature de la nuit qu'est Batman et le metteur en couleur a une préférence marquée pour les couleurs criardes.


Cette courte histoire se laisse lire sans déplaisir, elle constitue un témoignage du savoir faire de Jim Aparo et une transition entre le Batman des années 80 et celui des années 1990. Ce tome est à ranger à coté de Batman: Ten Nights of the Beast et Batman: A Death in the Family.

Presence
7
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le 21 avr. 2020

Critique lue 29 fois

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