Un deuil dans la famille ou comment batman perds (enfin) une partie de sa sympathie
Un deuil dans la famille fait parti de ces albums clés dans la mythologie du chevalier noir, marquant sa vie et tournant une page de sa sombre existence. C'est d'ailleurs ce qui marque avec cette oeuvre, son pessimisme. Car derrière la naïveté apparente de la première partie du récit se met en place une redoutable structure dramatique qui anéantit l'espoir en montrant la misère et l'impuissance à un batman en plein doute. Plus violent, il met en relief les aspérités du personnage, loin de l'image lisse du héros traditionnel. Ici, Batman frappe, étourdit et ne maîtrise par moment plus sa force, lui valant d’assommer les informateurs potentiels avant qu'ils n'aient eu le temps de répondre à ses questions. Le côté impulsif et fougueux que Bruce Wayne reproche à Jason Todd renvoi alors aussi aux méthodes contestables de notre héros qui n'en ai en fait pas vraiment un. Mais cette fois ses erreurs ont un prix et la claque administrée par cet événement entraîne une remise en cause très vite éclipsé par le sentiment dominant du récit: la vengeance. Là où après le choc le récit aurait pu se tourner vers une autocritique poussée du batman il préfère prendre le lecteur à contre-pied pour montrer un héros encore moins glorieux qu'au début de par sa soif de vengeance inaltérée. Bien entendu ce récit comporte des faiblesses à l'instar de facilitées douteuses mais elles sont palliées par la psychologie avancée qui offre à ce deuil dans la famille un caractère très sombre.
Quand on aborde un deuil dans la famille, il en est un autre aspect qui surprend d'avantage que ce qui a été évoqué précédemment. Cet aspect, c'est la dimension géopolitique que prends cette aventure, emmenant batman en éthiopie ou en Iran où les thèmes du terrorisme et de l'extrême pauvreté sont abordés de manière plus ou moins équitable. Sauf que ces thèmes, si intéressant soient-ils, ne servent que de toile de fond au récit, donnant à cette substance un goût amer de par ce traitement superflu. Aussi gênant puissent-t-ils être, certaines critiques fondées restent jusque mais ne sont clairement pas approfondis. Reste à côté de cela la dernière partie qui fait preuve d'un maniement de la politique plus maîtrisé et donne au récit un aspect encore plus mature.
Certains trouveront certains traits passés de mode mais l'essence du comics reste actuel et en fait l'un des piliers de la mythologie batmanesque.