Berserk, dessiné et scénarisé par Kentaro Miura est un chef d'oeuvre Seinen (manga destiné aux adultes car violent et abordant des thématiques plus durs que celles de la Justice et du Courage borné). Édité en premier par Dynamic puis stoppé dans leur mauvaise lancé, le titre est repris chez Glénat quelque années après avec une nouvelle traduction et un format bien plus adapté aux magnifiques planches du mangaka. Berserk se savoure en grand.
Dans un contexte Médiéval Héroic Fantasy (Dark Fantasy), l'histoire nous narre les péripéties (second degrés) de Guts, un homme borgne doté d'une musculature hors du commun. Cette force de la Nature est un armada à lui tout seul puisqu'il manit une épée aussi grande que lui et autre arbalète implanté dans son avant bras de métal. Tous aussi charmants que lui, Guts poursuit des monstres et se fait leur chasseur. Il a surtout le but de retrouver les 5 de la main de Dieu (le God Hand en VO) afin de leur faire justice. Mais pour quelle raison ?
Berserk est avant tout une perpétuelle souffrance d'où nait une force extraordinaire. Là où le héros de Shonen puise son énergie dans son courage où sa volonté, Guts transforme sa haine en puissance et parvient à avancer pas à pas dans un monde horrible, injuste et violent. Ce n'est pas une quête de redemption, c'est avant-tout une quête de vengeance. Guts n'en n'a que faire des innocents et des injustices, là n'est pas son affaire. Il n'a d'yeux que pour la futur souffrance de son bourreau responsable des blessures profondes qu'il a subit.
Il faut savoir, si vous ne le savez pas déjà, que le terme Berserk désigne (dans l'Héroic Fantasy) un guerrier puissant qui a perdu toute notion de lucidité pendant la bataille. Une vraie machine à tuer en somme. Souvent représenté avec une arme à deux mains, symbolisant l'attaque puissante plutôt que la défense, il fait des troupes adverse de la bouillie, mais attention à ne pas s'approcher trop prêt même si vous êtes dans son camp. Un Berserk ne fait pas forcement la différence entre ami et ennemi.
Berserk se savoure en grand, dit-je, et c'est une vérité aussi réelle que Lost qui a été écrit par des Kazasthanais sous-payés par la Fox. Le dessin c'est le dada de Miura qui va mettre toute ses tripes dans des planches à tomber par terre. Alors oui, forcement, ce n'est pas l'illustration du premier volume qui fais rêver mais bien plusieurs volumes plus tard ou sa plume aura prit expériences et liberté. Voyez plutôt. Ses dessins sont fouillés, ruisselant de détails et d'attentions quand aux matières. Les cases sont d'une incroyable richesse qui me happent quasi-instanément. Miura est un maître. C'est d'ailleurs tellement un maître que pendant qu'il dessine son oeuvre il en oublie le temps et il lui est arrivé de prendre 6 mois d'arrêt de parution afin de dessiner chaque personnage d'une grande scène de bataille d'un chapitre. Actuellement, il refait la même.
Oui car la série n'est pas finit, évidemment. Sorti au Japon en 1989, elle prépublie son 35 volume. Berserk est une série souvent attribué comme gore et je ne saurais le démentir. Beaucoup de scènes sont explicites sur les douleurs portés aux uns et aux autres et ce n'est pas destiné à un Public Averti pour rien. Il y a pourtant, au travers de toutes ces monstruosités, une véritable "souffrance sentimentale" ressentie par Guts du plus profond de ses entrailles. Il souffre et bouillonne d'une terrible rage en même temps et c'est ce qui en fait un manga passionnant.
Une claque, donc, quand au suivie psychologique du héros dans les abîmes de la folie et de la vengeance ainsi qu'un dessin qui n'a que de limite que l'imagination folle du mangaka. Avis aux amateurs de mangas... durs.