Cette critique contiendra des spoilers. A tous ceux qui n'ont pas lu l’œuvre de Kentaro Miura, quittez sur le champ cette critique !
Ah ! Berserk... Pilier du milieu manga et de la pop culture japonaise réalisé par ce génie qu'est Miura !
J'ai commencé Berserk sans vraiment connaître le scénario : étant un grand fan de dark/héroic fantasy et de mangas, je n'ai pas résisté longtemps à ses charmes et me suit plongé dans cette œuvre si géniale sans savoir à quoi à m’attendre.
Alors Berserk kékeucé ?
Le manga nous conte l'histoire de Guts, un guerrier solitaire errant dans un monde médiéval ravagé par la guerre, la corruption et la maladie. Autrefois membre d'une troupe de mercenaires du nom de la troupe du faucon, il cherche désormais à se venger de l'ancien chef de cette bande : Griffith le ‘‘faucon’’. Ce dernier ayant donné en sacrifice tous ses amis lors d'un sabbath pour devenir membre des "God Hand", une assemblée de démons surpuissants aux pouvoirs étranges. De ce sacrifice, seul Guts et sa petite amie Casca survivront. A la suite de ce massacre, notre héros décidera de parcourir le monde afin de retrouver Griffith et venger ses anciens partenaires.
Voilà grossièrement le synopsis du manga.
La première chose que l'on remarque en lisant Berserk, c'est la beauté et le réalisme des dessins, qui ne cesseront d'évoluer et de s'embellir au fil des tomes. Les détails et le découpage de chaque planche sont un régal pour les yeux et il est difficile de prouver le contraire. De plus, les pochettes (et particulièrement à partir du tome 9) sont toutes superbes.
Maintenant penchons-nous vers l’histoire arc par arc (ATTENTION SPOILERS) :
Si les 2, 3 premiers tomes sont assez brouillons et semblent ne pas trop savoir où ils vont, le passé du personnage de Guts, de sa naissance jusqu'au sacrifice de la troupe du faucon vient remettre les choses en place.
Cet arc dure grosso modo du tome 3 au tome 13 et est considéré comme le meilleur par beaucoup bien que ça ne soit pas mon avis. Cette partie possède énormément de bons points et est très bien écrite : les phases de guerres sanglantes se mêlent aux relations plus humaines que partagent les membres de la troupe hors des combats. C'est dans cet arc que l'on rencontrera des personnages que l'on retrouvera après l’ellipse comme la princesse Charlotte, l'apôtre Zodd ou les grands seigneurs du Midland : les bases du manga sont ainsi parfaitement posées. Le dernier tome avec le sabbath nous permet d'en apprendre un peu plus sur le fonctionnement de la beherit ainsi que les God Hand et les apôtres qui sont des sortes d'hommes-démons au service de ces derniers.
L'arc se finit sur une boucherie totale où tous les amis de Guts se font bouffer sauf lui et Casca, sauvés par le mystérieux cavalier surnommé "Skull knight". Un arc vibrant, violent, cru mais à l'image de la réputation que s'est forgé le manga : grandiose.
Note : 9,5/10
A la suite de cet arc, on retrouve un Guts bien déterminé à détruire le moindre apôtre qu'il croisera. De plus, ayant survécu au sabbath, il est contraint de porter sur lui la marque du sacrifice le contraignant à devoir lutter toutes les nuits contre des créatures venant d'autres mondes comme des liches ou des spectres.
Pour moi c'est cette partie qui symbolise le plus l'image que l'on peut se faire de Berserk : violence omniprésente, misère humaine, obscurité et créatures maléfiques, inquisition et sectes ainsi que dépression.
A travers cette errance, Miura nous dépeint un monde sans espoir régit par la folie où seule la loi du plus fort permet de rester en vie. De plus, les assauts incessants des monstres mettent Guts à rude épreuve, l'obligeant à se nourrir de sa haine pour survivre.
On y fait la rencontre de personnages atypiques comme l'inquisiteur Mosgus mais également de Serpico et Farnèse. L'arc dans le monastère d'Albeon avec ses scènes de torture, l'attaque de créatures maléfiques faisant chuter le temple ainsi que le combat opposant Guts à Mosgus semble être l'apogée de la dark fantasy dans le monde de Miura.
A la suite de cet arc, Guts récupère Casca devenue complètement folle et fait la rencontre d'une apprentie sorcière : Schierke.
Cette dernière ayant le pouvoir d'annuler les effets de la marque du sacrifice, la crainte de la nuit instaurée durant près d'une dizaine de tome (à peu près du tome 14 au tome 24) va peu à peu être remplacée par une autre crainte : la haine de Guts, le faisant rentrer dans une rage incontrôlable où il est même capable de s'attaquer aux siens.
Le côté horreur/dark fantasy reste toujours le même avec l'arc du village d'Enock et la visite du Qliphoth (sorte d'antichambre du monde astral) où l'on découvre non sans dégout des trolls en train de violer des femmes accouchant (et mourant au passage) dans d'atroces souffrances (passons les détails). L'apparition de la magie et de nouveaux monstres (kelpies, trolls et ogres) est intéressante et rajoute un plus à la mythologie du manga déjà plutôt riche à ce stade.
A la suite de cet arc, Guts décide de partir pour l'île des elfes afin de soigner sa bienaimée de la folie qui la hante.
NOTE : 10/10
C'est après ça que le manga va s'éloigner de la dark fantasy pure et tomber un peu dans la "mollesse" (oui j'utilise le mot mollesse). En effet, c'est vers le tome 30 et l'arc de la reformation de la troupe du faucon et des kushans que j'ai un peu perdu de ma hype pour Berserk.
Cet arc semble plus être une transition explicative pour illustrer ce que Griffith complote pour accéder au trône quasi vaquant du Midland qu’autre chose.
Mon avis est assez mitigé sur cet arc : il a plein de bonnes idées avec notamment le développement des nouveaux membres de la troupe du faucon (Grunbeld, Rakshas, Yrvin, Llocus, Zodd et l'insupportable conn*sse Sonya), la guerre contre les kushans et l'empereur Ganishka voulant détrôner les God Hand, etc... Mais il est aussi chiant : les affaires politiques du Midland avec des seigneurs... euh... inintéressants? D’ailleurs, si les créatures magiques utilisées par les mages kushans ont soulevé un grand intérêt en moi, je l'ai perdu deux tomes après : contrairement aux trolls, elles ne tuent ni ne blessent personnes et servent plus de punchingball à Guts qu'à autre chose (si ce n'est qu'elles ne servent à rien) : en gros elles n’inspirent aucune crainte et n’opposent aucune véritable résistance à Guts et les siens. Forcément la tension des combats en devient moindre une fois qu'on l'a remarqué.
Finalement, le combat Griffith face à Ganishka (devenu une sorte de bête de l’apocalypse) relève le niveau et conclue bien l’arc.
NOTE : 7/10
On enchaine ensuite sur l'arc du Dieu de la mer.
Après avoir pris un bateau avec l'héritier du trône d'Eath, le seigneur Roderick de Stoffen, Guts fait escale sur une île bien bien glauque.
Plusieurs choses ont fait que je n'ai pas apprécié cet arc:
Premièrement, cet arc n'a aucun intérêt scénaristiquement parlant : on y apprend rien. Quand notre héros a prit la mer, je ne désirais qu'une chose : découvrir l'île des elfes et enfin voir le roi des pétales virevoltants ! Mais l’auteur a décidé de nous faire patienter 3, 4 tomes. Sincèrement le seul bon point c’est la rencontre avec la sirène Isma qui est un personnage plutôt attachant. Sinon le reste, bah non.
Ensuite, les pirates et leur capitaine ‘‘barbe d’os’’ (wtf) qui n’ont rien à foutre dans une histoire de dark fantasy mêlant monstres médiévaux, sorcières, châteaux et combat à l'épée. En fait, ces mecs m’ont juste rappelé Pirates des Caraïbes et m’ont plus fait chier qu’autre chose tellement ils n’ont pas leurs place dans une histoire comme Berserk et tout particulièrement le capitaine (que je met dans mon top des ennemis les plus claqués tous mangas confondus). En bref on assiste à un combat contre la flotte de Davy Jones qui a sûrement pour but de montrer le courage et la solidarité de nos héros ce qui donne un côté un peu trop shōnen à la situation. On a même droit à des petites vannes en plein milieu de la baston (genre barbe d'os il va pas faire de vieux os Lolmdrabçbdugz45hvd1z;das;s)
Et après les pirates... BASTON ! Le combat contre le Dieu des mers qui est juste une grosse boule pleine de dents et de tentacules et qui se fait buter par une armée de sirènes (je m'attendais à voir un léviathan ou un kraken mais on peut pas tout avoir que voulez vous). On passera donc les détails de cet affrontement à la Final Fantasy.
Bref, cet arc je ne vais pas m’y attarder, il m’a saoulé. Concrètement on est sur du remplissage sans véritable utilité : dire de cet arc que c'est un filler ne serait pas vraiment une erreur soit dit en passant (filler à ne pas mettre à côté de ceux de Naruto et Bleach s'il vous plait).
Néanmoins, j’ai apprécié la visite de Falconia, l’espèce de cité où Griffith règne en maître depuis sa victoire sur l’empire kushan.
NOTE : 5/10
Et enfin, après l’arc truc des mers, Guts arrive ENFIN sur l’île des elfes.
Cet arc, du moins une partie (car l’arc est toujours en cours) m’a tout de suite plu. Certes, la dark fantasy est complètement absente mais l’atmosphère m’a vite séduit.
On y rencontre des vieux mages, des lutins, des centaures, des nains, les potes de Puck (le petit elfe qui suit Guts depuis le premier tome), des forêts aux décors somptueux, bref tout ce que j’aime dans l’heroic fantasy (même si on est plus du tout dans le Berserk d’avant mais bon).
D’autant plus que la partie où Schierke et Farnèse s’incruste dans le rêve de Casca pour lui redonner la raison est vraiment bien réalisée et m’a rappelé les tomes post ellipse avec ce côté bien sombre et oppressant.
En réalité le seul défaut que j’ai actuellement à donner à cet arc est plus un "défaut" global : la bande de Guts ne cesse de s’agrandir : on croirait voir Luffy qui recrute les membres de son équipage petit à petit (j’abuse je sais). Alors j’adore Puck, Isidero et Schierke mais il faut bien comprendre que trop c’est trop : Farnèse, Casca, Evarella, Serpico, Isma, Roderick et même le chevalier moustachu tout pourri des tomes 15, 16 est dedans ! (cf. le personnage rigolo ah ah !) Alors oui cela va avec le changement de mentalité de Guts qui prend conscience qu’il n’arrivera jamais à rien seul mais je pense que tout le monde pourrait se passer de Manifico, l’espèce de trouillard naze qui vous rappellera Usopp de One Piece ou du chevalier moustache qu’on avait tous oublié.
Personnellement je n’apprécie ni l’un ni l’autre et je ne comprends pas ce qu’ils font (encore) dans un manga comme Berserk : il faut bien avouer que Miura a perdu ce goût pour les morts en veux-tu en voilà en conservant des personnages aussi inutiles qui, dans les premiers tomes, auraient vite fait de crever d’un apôtre ou d’un assaut de bandits (peut être pas le moustachu). En plus ce n’est pas prêt de s’arrêter avec la probable arrivée de Rickert et Erika dans la bande.
Le problème, c'est qu'à trop vouloir montrer de personnages en même temps, le développement et les sentiments des plus importants sont relégués au second plan.
Et là je sais que vous allez commencer à dire que j'abuse avec les comparaisons aux divers shōnens et vous avez tout à fait raison ! Je les utilise simplement pour accentuer mon ressenti sur le changement d'ambiances/direction qu'a prit le manga durant les derniers tomes (ne me dites pas que je suis le seul à voir les choses de cette manière XD).
NOTE (arc en cours) : 6/10
En résumé, pourquoi est ce que j’ai mis 10/10 à Berserk au vue de ma critique en demi-teinte ? Tout simplement parce que j’adore cette œuvre malgré ses défauts et qu’étant un fan invétéré du manga de Miura je ne pouvais lui mettre en dessous de la perfection (je suis un être parfaitement objectif donc). Certes, le Berserk des 30 premiers tomes n’est pas celui des 10 derniers mais cela permet à l’histoire d’avancer et aux personnages d’évoluer. Et peu importe le périple de notre cher anti-héros, je n’attends qu’une chose : le face à face final entre les deux meilleurs ennemis de l’histoire des mangas : Guts et Griffith !
Au moment où j'écris ce petit message de fin, Kentaro Miura est mort depuis déjà plus de 1 an et je n'ai toujours rien écris sur cet auteur de génie.
Je ne sais pas comment vous décrire ce que j'ai ressenti à la mort de mon mangaka préféré, l'impression d'avoir perdu une source d'inspiration, un idole qui m'a fait tomber amoureux de l'univers des mangas ou encore une motivation à vouloir apprendre le dessin. C'est terrible de ne pas pouvoir continuer à lire cette œuvre magistrale jusqu'à la fin telle qu'imaginée par son auteur : le choc pour moi fut dur comme de nombreux fans à travers le monde. Alors je n'ai qu'une chose à dire : Merci. Merci encore Miura Sensei, vos œuvres resteront une éternelle preuve que la perfection n'est pas impossible à atteindre et démontreront également aux générations futures que vous étiez bel et bien le meilleur mangaka de l'histoire ! Reposez en paix.