Certainement célèbre parmi les initiés, le Korbinite Beta Ray Bill n’en demeure pas moins l’archétype du versant secondaire (voire tertiaire) de la galaxie Marvel, soit la perspective d’une surprise en bonne et due forme pour le profane : c’est ainsi une chance que Daniel Warren Johnson, virtuose en vogue dans l’industrie du comic book, nous permette de découvrir « face de cheval » en action dans Argent Star.
En bonne intelligence car sans en faire des tonnes, l’auteur use de divers procédés astucieux pour rappeler, ou exposer au tout-venant, ses origines et passé : une démarche coexistant de manière habile avec le récit au présent, le super-héros broyant du noir pour des raisons résolument identitaires. Quoique pas révolutionnaire dans son registre, pareille intrigue a le mérite de contenter les lecteurs de tout acabit, à raison de plus que sa trame s’avère aussi ludique que rondement menée.
La quête de sens menée par Bill se dévore donc avec entrain, d’autant plus que le style graphique de Daniel Warren Johnson tient encore une fois de la pure régalade, l’artiste tirant tout le potentiel de son matériau propice en spectacle et épique. Quelques planches s’avèrent ainsi proprement exceptionnelles, chose à laquelle le concours de Michael Spicer (couleurs) et Joe Sabino (lettrage) n’est pas étranger : un bien bel écrin en somme, peut-être encore plus impressionnant que ne pouvait l’être (déjà) celui de Wonder Woman: Dead Earth.
Beta Ray Bill: Argent Star est donc une réussite sur tous les plans : le protagoniste atypique qu’est Bill nous gagne à sa cause au gré d’aventures divertissantes à souhait, diversifiées dans leur imagerie mais liées par ses tourments. S’il n’évite pas certains poncifs et du genre ou de grosses ficelles (tel que le traitement de Skuttlebutt, bien que sympathique), rien de rédhibitoire ne saurait gâcher notre plaisir, fruit d’une claque graphique au service d’une narration efficace.