Joe Hill est bien le digne fils de son père Stephen King. Preuve en est la série « Locke & Key » et la façon dont elle est incroyablement bien scénarisée et écrite.
La chose la plus remarquable (et dont on ne se rend compte qu’à la fin du dernier tome – et après une ou deux relectures), c’est que Joe Hill arrive à éviter les pièges qu’on retrouve habituellement dans la plupart des autres comics : dès le départ, dès les premières pages, il sait parfaitement où il va et où il veut nous emmener. Il avait déjà toute l’histoire et toute la trame en tête avant la rédaction de la première page.
On le sent par exemple aux différents flashbacks et à la manière dont ils s’imbriquent dans l’histoire. Ils sont amenés de façon très naturelle et intelligente, et ils apportent à chaque fois un ou plusieurs éléments essentiels à la résolution de l’intrigue (même si on ne le comprend souvent – ou qu’on ne remarque LE détail - qu’à la deuxième ou troisième lecture).
On le sent également à l’utilisation intelligente d’ellipses. Les scènes de la véranda, de la clé de chaines ou de la première apparition de la boite à musique par exemple : elles auraient pu être plus détaillées et rallonger l’histoire, mais comme elles n’apportaient pas grand-chose, elles ont été résumées à une page.
On le sent aussi au fait que, pour une fois dans un comics, il n’y a pas de hasard. Pas de situation désespérée où les héros ne doivent leur survie à un Deus Ex Machina venu d’on ne sait où. Pas non plus de super-pouvoir méta-grosbill capable de tout résoudre en un claquement de doigts.
On le sent enfin car il n’y a pas de question non résolue à la fin des 6 tomes. Tout s’explique, tout s’imbrique parfaitement.
Ajoutez à ça une liste de personnages attachants (mention spéciale à Scott, mon préféré, et à Rufus, un vrai héros qui paie pas de mine !), qui sont tous essentiels à un moment ou à un autre de l’intrigue.
Le tout est porté par un dessin très agréable et uniforme (l’absence de changement de dessinateur permet une plus grande cohérence – un piège qu’on retrouve malheureusement dans de nombreux autres comics et qui est là habilement évité).
En conclusion, Locke & Key est une grosse claque, sans défaut. Un exemple de narration.