La ville de Néopolis est entièrement composée de super-héros, du chauffeur de taxi au maire en passant par les animaux domestiques et les policiers. Les officiers du commissariat du 10e district font régner la loi et l’ordre dans cette cité surhumaine. Fraîchement débarquée en ville, Robyn Slinger, une nouvelle recrue, va aider ses équipiers à démêler une affaire tentaculaire de corruption au royaume des super-héros.
Déjà, avant de commencer un mot sur l’équipe artistique. Alan Moore et Gene Ha. On part déjà sur un gage de qualité. Alan Moore va encore une fois œuvrer à merveille pour nous dépeindre un nouvel univers totalement cohérent et réaliste. Gene Ha quant à lui réussi à merveille à retranscrire les idées les plus farfelues de Moore. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a du travail avec autant de personnages à créer, allant jusqu’aux animaux.
Parue en 2000/01, cette minisérie compte 12 épisodes.
La première chose qui vient donc effectivement, c’est le nombre impressionnant de personnages. On a de nouveaux costumes, de nouveaux gentils, de nouveaux méchants, de nouveaux noms à chaque page. Chacun avec leur propre look, leur propres aptitudes. Un vrai travail méticuleux de Gena Ha, démontrant tout son talent si tant est il, était encore besoin de le rappeler. Mais une telle densité de personnages, de nouveaux personnages à son revers de la médaille. En effet, c’est bien joli autant de nouveaux personnages mais c’est autant de noms à retenir, à assimiler et à remettre en place à chaque fois que l’on parle d’eux. Du moins au début de l’histoire.
Car cette dernière est tellement bien écrite que très vite on rentre dedans. Très vite on se prend au jeu. La force de Top Ten c’est Néopolis. Une ville uniquement composée de super-héros, allant du simple habitant, en passant par les chats ou les souris. Mais qui à côté de ça fonctionne avec les mêmes codes que ma ville ou la votre. Des histoires de couples, de drogues, des histoires de meurtres, des histoires d’amitiés, des histories de rencontres mais tout cela multiplié encore et encore de par la particularité de tous les habitants. La moindre querelle peut donc prendre le chemin d’une guerre aux conséquences dramatiques. Une simple invasion de souris se transforme en guerre ouverte entre une armée de souris donc et de chats aux superpouvoirs. Bref le moindre évènement prend des proportions dantesques.
Il est donc facile d’imaginer que le fond de Top10, des enquêtes policières vont très vite prendre des chemins bien différents que ceux que l’on voit habituellement. Quand on se retrouve avec comme criminelle une sorte de méduse extraterrestre ayant travaillé dans le porno, tout de suite on comprend. Et d’ailleurs, ces enquêtes sont passionnantes. Le fait d’avoir plusieurs enquêtes en même temps avec des héros en poste dessus et d’autres qui jonglent entre elles, cela donne un effet vivant à l’action. Et font que le lecteur est très vite happé par l’histoire. J’ai pris un réel plaisir à suivre ces enquêtes, comme je pourrais le faire sur une bonne série policière à la télé.
L’autre gros point de ce tome c’est les sujets qu’abordent Alan Moore à travers cette cité imaginaire. Ses personnages sont encore une fois terriblement bien travaillés. Et ce, afin de pouvoir, à travers eux aborder des points comme la croyance, l’homosexualité… En fait il s’interroge surtout sur comment vivre en communauté quand on est différent. Et comment appuyer là où ça fait mal qu’en grossissant le trait. Ici, les différences sont zoomées avec une loupe géante fois 10000. Les gens sont tous si différents.
Mais à côté de ça, hormis leurs apparences totalement loufoques, et leurs superpouvoirs, on se rend compte très vite qu’à l’intérieur ils sont tout à fait humains. Nos policiers du 10ème district, ont les mêmes peurs, les mêmes doutes, les mêmes envies que nous. Ils interagissent ensemble comme nous, en s’entraidant, en se disputant, en faisant des erreurs, en se draguant. Une merveilleuse ambivalence ordianire/extraordinaire.
Bref, une bien belle découverte que ce premier tome de Top 10. C’est avec plaisir que j’ai découvert les rues de Néopolis. Alan Moore, grâce au talent de Gene Ha, nous sert un univers cohérent, avec des gens psychologiquement bien travaillés, auxquels on peut s’identifier malgré tous leurs pouvoirs. On sent que ces personnages ont du vécu entre eux, ça se ressent à la lecture. Les enquêtes sont intéressantes et bien menées. Le tome 1 faisant malgré tout un peu office de mise en bouche avec tous ces nouveaux personnages, vivement le tome 2 !