Moon Knight fut une véritable belle surprise durant All-New Marvel Now. Un personnage m’étant quasiment inconnu et qui devient, en quelques chapitres, une lecture incontournable pour moi. Exemple parfait de l’excellence et de la qualité que Marvel nous propose à travers ses personnages non tête d’affiche dans des séries de très, très grandes qualités.
J’avais hâte de découvrir ce relaunch du titre de Marc Spector, surtout avec l’arrivée de Jeff Lemire au scénario, un écrivain que j’adore tout particulièrement.
Depuis longtemps, Moon Knight combat les criminels et contribue à faire de New York une ville plus sûre. Mais ce qui semblait être une réalité pourrait-il s’avérer n’être qu’un fantasme ? Lorsqu’il découvre avoir passé sa vie dans un hôpital psychiatrique, Marc Spector se voit contraint de remettre en question toutes ses certitudes. Quelque chose ne tourne pas rond. Serait-ce son esprit ?
Jeff Lemire (Essex County, Extraordinary X-Men) et Greg Smallwood (S.H.I.E.L.D.) vous guident dans ce voyage à travers la psyché du plus tourmenté des personnages Marvel.
(Contient les épisodes #1 à 5)
Si je n’ai pas encore eu le temps de me plonger dans les anciens titres du personnage, notamment celui de Bendis et Maleev, je n’ai donc pas encore découvert le Moon Knight proche de la folie, je comprends, très vite, que c’est le chemin que va emprunter Jeff Lemire. On retrouve, en effet, un Marc Spector, tout de blanc vêtu, dans un hôpital psychiatrique !
Le pire dans tout cela, c’est que Marc y serait depuis l’enfance ! Tout cela à cause de divagations, plus ou moins importantes, plus ou moins dangereuses, à propos d’un hypothétique et ancien dieu égyptien : Khonsou, d’un super-héros : Moon Knight, et diverses personnalités. Marc est persuadé d’être tous ces personnages à la fois et d’œuvrer, sous le nom de Moon Knight, pour ce Khonsou.
Tantôt dans l’hôpital, tantôt marchant dans du sable au pied du pyramide en plein cœur de New York. Tantôt face à deux infirmiers un peu trop adeptes du tabassage, tantôt face à eux mais avec des têtes de chacal. Il se retrouve de temps à autres face à Khonsou, se remémore des souvenirs de Steven Grant ou de Jack Lockley, découvre que Marlène est également interné et fait la connaissance de Bertrand Crawley !
S’il n’arrive pas à démêler le vrai du faux, voyant de temps à autre du sable, des visages différents et puis plus rien, le lecteur est dans la même expectative. On ne sait pas que croire, on ne sait pas qui croire ! Tout comme nous, Marc Spector est complètement perdu et cherche désespérément des réponses à ses questions. Doit-il écouter la charmante doctoresse qui cherche à le soigner, le docteur Emmet, ou le spectral Khonsou qui le supplie d’empêcher l’avènement de Seth ? Un incroyable voyage se prépare pour notre héros, qui va le mener à découvrir s’il est complètement fou ou non !
Pour aider Jeff Lemire dans cette immersion dans la folie, dans le doute, nous avons les excellents dessins de Greg Smallwood. L’artiste nous propose un travail absolument fantastique, qui nous plonge en plein rêve ? Beaucoup de blanc, est-ce un rapport avec la couleur de Moon Knight ou est-ce le néant, le vide des rêves ? Les cases n’ont pas de contour, comme si elles sortaient de ce blanc ambiant. Une mise en page originale, particulière, avec des cases de toutes les formes, à différentes places, comme des successions de rêve, tous toujours différents.
A côté de cette mise en page, les dessins sont beaux et le travail sur le personnage de Marc Spector, et ses différentes incarnations est fantastique.
Si l’intrigue est bonne, le questionnement présent du début à la fin, les dessins magnifiques, il faut avouer, que par le moment, on se perd un peu, nous-mêmes, dans cette interrogation permanente sur ce qui est vrai ou pas. On revient quelques pages en arrière pour vérifier qu’on a rien loupé, on se dit que l’on est aussi fou que notre héros. De plus, les personnages que Marc Spector, pour peu que l’on soit novice, ne nous parlent pas. Et puis le final s’accélère, nous emporte, nous tient en haleine et l’on se retrouve avec quelque chose de bancal. Avons-nous raison ? Avons-nous vraiment compris ? Est-ce aussi simple ?
Bref, une intrigue sympa, un Jeff Lemire qui arrive à nous retourner le cerveau, un Greg Smallwood exceptionnel, un plaisir de retrouver Moon Knight et son univers mystico-passionnant mais il manque un petit quelque chose, et un final qui semble un peu trop facile.