Baroque, gothique et terriblement vicieux, Black Butler est un manga d'une rare intelligence dans son propos comme dans sa forme. Et en bonne amatrice de tout ce qui touche aux démons et aux ambiances sombres, j'ai eu un authentique coup de cœur !
Commençons par le plus simple : l'aspect graphique et la qualité des planches. Le manga de Yana Toboso est une perle visuelle dont l'exactitude rend l'ambiance pertinente et efficace. Les costumes des personnages sont magnifiques, les décors sont justes et saisissants. On reconnait une patte gothico-victorienne vraiment agréable, sans excès et toujours justement dosée. Les illustrations des chapitres sont splendides (mention spéciale aux tableaux en couleur qu'il est possible de retrouver sur Internet). Et que dire des couvertures ? Elles ont un charme semblable à celui d'un démon ; ce sont d'ailleurs ces mêmes couvertures qui m'ont attirée vers cette œuvre.
Mais Black Butler, c'est aussi un manga à la frontière ténue entre shônen et seinen. Sur fond d'intrigue maline, les personnages évoluent dans une Angleterre gothique rendue crédible par de subtiles références culturelles. De plus, les enquêtes sont de brillants ressorts qui ne se contentent pas de résolutions par le surnaturel (au final assez discret dans le manga) et entrelacent à merveille le monde de l'ombre et la trivialité réaliste. De même, les personnages sont écrits avec une justesse débarrassée de tout manichéisme : un petit tour de force assez génial pour un manga qui repose sur une relation humain/démon.
Toujours à propos des personnages, la relation entre Ciel Phantomhive et son majordome démoniaque, Sebastian, est digne d'intérêt : c'est une relation cousue de velours, de branchages épineux et de toile d'araignée (oui, j'aime les images et les métaphores). Les deux personnages sont aussi inséparables que dangereux, aussi bien l'un pour l'autre que pour leur entourage.
Je n'hésiterai pas à affirmer que Black Butler a le charme étrange, subtil et éloquent d'un roman gothique du 19ème siècle ou d'une œuvre baroque : ce charme réside dans le non-dit et dans la complexité des intrigues dont on ne dévoile presque rien tout en distrayant avec des enquêtes secondaires, qui s'avèrent toutefois très intéressantes et qui parviennent à détourner le lecteur du fil rouge de ce manga : la vengeance de Ciel. L'intrigue principale avance peu, ce qui permet de maintenir en haleine au fil des tomes.
En conclusion :
- C'est un manga à découvrir, aussi bien pour des profanes que pour des initiés.
- Black Butler est un sortilège, un vrai spectacle agréable à suivre tant pour son intelligence que pour sa beauté.
- Sebastian à lui seul est un point positif de ce manga (et je ne parle pas ici uniquement en tant que fangirl...quoique...). Le majordome démoniaque subjugue, à l'instar du manga dont il est le protagoniste aux côtés de son maître tout aussi intéressant.