Chapitre 1 : Sciences Naturelles
Le premier volet, l'introduction à cet étonnant cauchemar que constitue "Black Hole", est déjà une grande expérience métaphysique et sensorielle, comme si Burns, dans un registre pourtant sensiblement différent, réussissait à faire se rencontrer Lynch et Cronenberg, tout en respectant les codes narratifs de "l'auto-fiction" caractéristique de la jeune et brillante BD américaine : son dessin, d'une exactitude qui oscille entre hyper-réalisme et distanciation légèrement "rétro", est parfaitement au service d'un récit d'une passionnante complexité narrative (flashbacks, rêves et réalité interpénétrés) qui plonge le lecteur dans l'inconscient de la sexualité et du trouble adolescent. Une œuvre en tous points impressionnante !
Chapitre 2 : Métamorphoses
Second tome plein de sensualité avec le beau personnage de la femme à la queue. "Black Hole" continue très fort...
Chapitre 3 : Visions
La seule chose qui puisse finalement "décevoir" dans la superbe construction narrative de Black Hole, c'est que, peu à peu, Burns remplit les trous de l'histoire qu'il avait si magistralement exposée dans le premier tome. Sinon, c'est magnifique.
Chapitre 4 : Reine des Lézards
Le quatrième volume de "Black Hole" affronte enfin pleinement son thème profond, l'amour et la sexualité adolescentes, avec la description détaillée de deux grands moments amoureux de ses "héros" contaminés : sensuel mais d'une manière suffisamment dérangée pour éviter la banalité de l'acte, romantique mais assez désespéré pour que l'amour n'apparaisse jamais comme une rédemption par rapport à la maladie. Et, inévitablement, Burns conclut ces 60 pages douces par la violence et l'horreur : ce déchaînement hideux, loin de la traditionnelle punition puritaine chère au genre "slasher", nous laisse terriblement désemparés devant la cruauté de l'existence.
Chapitre 5 : Grandes Vacances
Tristesse de l'amour perdu. La chronique de toutes les angoisses adolescentes continue...
Chapitre 6 : Bleu Profond
"Bleu Profond" conclut le cauchemar "Black Hole" d'une manière aussi dévastatrice que rationnelle : les monstres étaient bien de vrais monstres, et la mort violente - une fin tellement américaine - est leur seul destin possible, tandis que ceux qui en réchappent (mais réchappe-t-on vraiment de la vie ?) sont condamnés à la folie, à l'exil, au suicide, en quelque sorte à tout ce qui peut leur éviter de retourner à l'atroce normalité. D'un pessimisme à la fois lucide et radical, Burns enterre nos dernières illusions, car si le "Trou Noir" (ou la fente ?) s'est refermé, peut-on tirer quelque réconfort que ce soit du bleu profond du ciel ?
[Critiques écrites en 2006]