Il y a des gens qui sont capables d'écrire des histoires à partir de leur vie, sans forcément dénaturer d'ailleurs, mais en portant attention à certains événements et leurs conséquences. Je pense notamment à Chien Blanc, de Romain Gary, parce qu'au fond Chien Blanc s'intéresse moins à l'auteur qu'à sa vie, ce qui se passe autour de lui, aux autres.
Blankets c'est ce qu'on appelle je crois de l'auto-fiction, un auteur qui parle de lui, de lui, de lui aussi des fois, et autour le reste sert de décoration. Il y a un début parce qu'il faut bien commencer quelque part, et une fin parce que bon faut quand même finir, mais pas de colonne vertébrale solide, pas de corps ferme.
Regard attendri et sensible sur lui-même comme sur son entourage, regard sans doute pertinent aussi, tout semble pourtant rester en surface, jamais ce regard ne va tenter de percer telle ou telle noirceur. "C'est l'histoire de ma vie", pis c'est tout.
Je ressors donc de cette BD avec l'impression que l'auteur n'a pas grand-chose à raconter malgré une vie fourmillant (comme toute vie) de mystère, de gouffres, de singularités, de lumière aussi. Certes, il raconte bien. Mais entre un Romain Gary, témoin d'une époque, et Craig Thompson, témoin de lui-même et de ses émois personnels, je me dis que c'est lorsqu'on s'intéresse aux autres qu'on a réellement quelque chose à donner.