Bleach, Bleach, Bleach ^^….ce manga fait sans aucun doute parti de mes mangas de coeur. Il est de ces œuvres du média qui ont grandement contribué à m’immerger dans l’univers des mangas et de la japanimation avec One Piece et Fairy Tail. C’est lorsque j’entrais au lycée que ma rencontre avec le manga de Tite Kubo a eu lieu, et ça a été un coup de foudre. Néanmoins, n’oublions pas que l’amour rend parfois aveugle et fait perdre beaucoup d’objectivité dans nos jugements.
Le titre de cette critique (en anglais car ça fait plus classe, de 1, et de 2, car le manga de Tite Kubo a pour marque de fabrique les titres en anglais) a pourtant tout les traits d’un amour déçu, d’un retour à la normal après un doux rêve...ou plus sobrement d’une prise de conscience.
Je ne savais pas si à la base, j’allais poser à l’écrit mes sentiments à l’égard du manga ou pas, mais après pas mal d’échanges houleux sur Twitter au sujet du manga en question, j’ai tranché: pour être clair avec moi-même et tenter d’accorder mon côté affectif (toujours présent) envers l’oeuvre, avec l’oeil critique du recul, après des années à avoir poncer le catalogue des représentants du genre Nekketsu (issus du shonen Jump ou d’autres).
Commençons directement et de manière claire: J’ai AIMÉ Bleach et surtout J’AIME TOUJOURS Bleach, mais si il y a encore quelques années, le manga pouvait se trouver dans mon top 10 personnel, aujourd’hui il doit avoir pas mal reculé.
J’ai souvent eu la manie de rappeler ma conception de l’amour d’une œuvre en général, quelque soit son domaine artistique de rattachement: Par AFFECTION et/ou par CONNAISSANCE.
Hors, si l’affection que j’ai pour Bleach demeure plus ou moins intacte, aujourd’hui, avec un œil beaucoup plus critique qu’auparavant, la forme du manga m’apparaît pleine de failles, et les faiblesses bien nombreuses.
Bleach fait parti du trio Légendaire du Shonen Jump communément appelé le Big 3, celui-ci désignant les trois empereurs: One Piece, Naruto et lui, qui ont fait les grandes heures du magazine dans les années 2000 et au début des années 2010.
Pourtant, certains signes ne trompaient pas quand au statut de canard boiteux du petit dernier, marchant derrière ses deux aînés.
Je pense que ce n’est pas un hasard si Bleach n’a pas eu autant de succès que les mangas d’Oda et Kishimoto, mais bien la preuve que les lecteurs japonais ont toujours eu plus de réserves envers lui.
Il n’y a qu’à jeter un œil aux classements de ventes annuelles de le société Oricon (les meilleures ventes de mangas au Japon, hebdo, mensuelles ou annuelles) et constater le schéma en montagne russe des ventes du manga de Kubo au fil du temps pour avoir la puce à l’oreille.
Si les ventes ne riment pas avec qualité (heureusement, parce que sinon, Demon Slayer et Jujutsu Kaisen seraient les meilleurs mangas du monde...aie aie aie o_O), je trouve pourtant celles-ci bien révélatrices.
Donc oui, Bleach a été au sommet du Jump lors de ses années de publication...néanmoins, ce dernier à mon goût n’a pas assez de consistance pour pouvoir rivaliser avec les autres monstres.
Pourtant, de base, Bleach part avec une histoire et un univers fort intriguant. Un univers fictif et nocturne faisant la part belle aux Yokaïs, et surtout, un ancrage dans un monde réaliste, le japon des années 2000.
Ajoutez à ça des samouraïs se battant avec des sabres multiformes détenteurs de supers-pouvoirs, et un héros plus sérieux et moins crétin que l’autre pirate au chapeau de paille et le ninja au survet’ orange de Konoha, on a un cocktail de départ qui se démarque de la concurrence.
Le premier point fort du manga est donc bien son ambiance mystérieuse et sinistre. Accompagné d’un dessin qui passe aujourd’hui pour très « Old School », Bleach est un manga qui a une vide plutôt adulte. Le main guy est un lycéen cool et un poil froid mais badasse, qui bute des insectes squelettiques géants bouffeurs d’âmes d’humains avec une grosse épée (vous avez dit Guts ?). Franchement, ça avait du flow.
Et au fil du temps, le scénario de Bleach a connu une très bonne évolution. On est passé d’une chasse au démons du quartier à un véritable
Complot métaphysico-politique.
Si l’arc Karakura pose correctement les bases en établissant bien l’environnement social d’Ichigo se familiarisant avec ses devoirs de shinigamis en alternance avec le lycée, et en nous présentant son entourage proche (famille -amis), c’est bel et bien à l’arc d’après, l’arc « Soul Society », que le manga révèle toute son epicness !
Que ça soit clair, l’arc S.S est légendaire et il restera dans les anales en tant qu’un des meilleurs arcs de shonen Nekketsu aux côtés d’Enies Lobby dans One Piece et de l’examen Chûnin de Naruto entre autres !
Clairement inspiré dans la forme par le cultissime arc de la Bataille du Sanctuaire de « Saint Seiya », l’arc Soul Society était le summum de l’excellence du manga. Tout y était ! Les combats étaient tout simplement impressionnants par les enjeux, la découverte des pouvoirs des Zanpakutos, un rythme à tambour battant… ^^.
Kubo venait de nous faire entrer en grande pompes dans son univers de samouraïs spirituels, sans parler de la fin de l’arc qui restera l’apogée en terme de révélations.
A ce moment là, chaque entrée en scène de personnage chez les shinigamis, chaque découverte de leur zanpakuto...tout était excitant, jamais l’intérêt ne faiblissait jusqu’à la fin...une fin qui promettait de grandes choses pour la suite...de grandes promesses qui n’ont pas toutes été maintenus.
Personnellement, je ne vais pas comme beaucoup céder au discours: «Bleach devient nul après l’arc Soul Society », nan.
A mes yeux, l’après S.S est encore gold tier avec l’arrivée des Arrancars, le fait qu’on développe plus l’univers des Hollows, Ichigo qui fait face à son conflit interne avec le Hollow qu’il a en lui .
Car finalement, quand on a lu Bleach entièrement et refermé le 74ème et dernier volume relié, quand l’on fait le bilan scénaristique, ce qui apparaît c’est que toute l’histoire a gravité autour d’Ichigo.
Bleach c’est un univers spirituel au potentiel immense, un potentiel qui plus l’on avancera dans la lecture de l’oeuvre de Kubo, plus celui-ci nous semblera être réduit à une triste toile de fond à la perspective ignorée.
A mes yeux, le plus gros point fort de Bleach pendant un premier temps qui je dirais, couvre les 40 premiers tomes (jusqu’au combat Ichigo vs Ulquiorra), est à mes yeux sa forme. Même si après l’arc de la Soul Society et le basculement dans un registre 100% combats, les ficelles scénaristiques de Bleach commencent à être de plus en plus visibles, la forme en elle-même reste suffisante pour garder lecteur éveillé.
Seulement voilà, les chapitres qui ne reposent que sur du « chacun sort sa technique spéciale chacun son tour » (je grossi le trait mais à peine ^^⁾, surtout quand l’auteur ne cherche plus à élaborer un scénario surprenant...ça lasse.
Bleach est un manga de combats, c’est son ciment et sa marque de fabrique, l’erreur vient-elle de moi, d’y chercher autre chose et/ou plus ?
La plupart des fans du manga sur Twitter m’ont bien fait comprendre que oui et que j’étais certainement un « bandeur de développement ».
Quoi qu’il en soi, mon opinion est ce qu’elle est, et Bleach a à mon sens, bien plus vite montrer ses limites que ses 2 rivaux principaux avec qui il se disputait la couronne.
Le QUE du combat...correspondait à l’arc de la Soul Society, arc tellement hypé que l’erreur de Tite Kubo a été de vouloir user du même schéma à outrance.
Ce qui a nuit à Bleach dans la durée selon moi est plus compliqué qu’une simple répétition d’une formule toute faite. Je dirais que plus précisément, c’est de ne pas avoir réussi à apporter quelque chose de plus, des variations qui auraient fait la différence.
Alors que l’univers paraît illimité, le scénario le trahi, à en faire perdre de l’intérêt à ses personnage, surtout Kurosaki.
Kubo a fait de + en + de mauvais choix au fur et à mesure que son manga avançait, à plusieurs reprise, j’ai même eu l’impression que le mangaka passait totalement à côté du potentiel de son univers.
Aurait-il fallu faire de Bleach un manga d’aventure, un manga d’enquête ou une quête personnelle ? Aucune idée; mais à la fin, on rumine, on se dit que ça aurait pu être tellement mieux, tellement plus poussé/approfondi.
Kubo avait le pied sur une mine de diamant à bien des égards, mais n’en a pas eu conscience, ou pire, il en a délibérément ignoré l’éclat pour jouer la sécurité et garder ses lecteurs.
Ma plus grosse déception, le main problem que j’ai avec le manga et les choix de Kubo, est le traitement d’Ichigo comme annoncé en amont.
Beaucoup de gens (encore les fans de Twitter) ont pointés de doigt avec éloge la différence qu’entretiens Ichigo avec Naruto et Luffy. Le personnage n’a PAS DE BUT, pas de grandes ambitions au départ. Le gars voit sa famille attaquée par des monstres spirituels bouffeurs d’âmes, doit endosser l’uniforme de Shinigami et protéger les âmes des vivants des Hollows. Je n’ai aucun problème avec le fait qu’à la base, notre rouquin de japonais n’aspire à autre chose qu’une vie normale. Mais voilà, au bout d’un moment, Ichigo est tellement embarqué dans les histoires des Shinigamis qu’il doit changer….sauf qu’il ne change pas.
En discutant sur les réseaux, il est revenu qu’en fait, tout le scénario de Bleach est construit autour d’Ichigo et ses origines, comme si tout le manga n’était en fait qu’une quête personnelle psychanalytique de ce dernier.
Voilà un point de vue que je trouve tout à fait défendable et qui, j’irais même jusqu’à dire, me donne envie de l’épouser pour revoir ma note à la hausse. Après tout, est ce si éloigné du sujet que de vouloir parler de développement psychologique dans un univers fantastique, qui plus est dans l’univers des esprits invisibles ?
Suivre ce chemin d’analyse de thématiques d’inconscient et de pulsions avec Ichigo qui se découvre petit à petit au fil de ses affrontements, dans le lien avec son sabre et le mystère autour de la mort de sa mère...oui c’est cohérent, hélas, je trouve que toute cette épaisseur de sous-texte au postulat pertinent ne ressort nullement dans la manière dont le mangaka dessine et narre son œuvre.
On me dit que je ne comprends pas Ichigo et que le but du personnage est de « protéger les êtres qui lui sont chers gneu gneu...». Alors non les gars. Protéger ses amis, c’est compris dans le starter-pack de TOUT les héros du genre Shonen Nekketsu.
Luffy, Naruto, Natsu, Eren, tout les protas ont cet objectif en parallèle d’un objectif qui leur est propre dans l’univers ou ils évoluent. Ce que n’a pas Ichigo.
Par objectif, non je ne sous-entend pas « devenir le meilleur truc, le plus grand machin ect », je dis juste que selon moi, le protagoniste de Bleach, avec tout l’univers développé autour, avait bien plus de choses à offrir que ça.
Au final, plus on avance, plus Ichigo semble être lisse et subir l’intrigue, comme un Mario qui doit toujours aller sauver Peach de Bowser. Un problème auquel s’ajoute un manque d’émotion émanant de lui. Ce qui était bien au début du manga, c’est que l’on avait le Ichigo lycéen et le Ichigo Shinigami, le personnage avait différente facette à offrir. Une variation de facettes qu’il n’a plus arboré en avançant.
Il y avait un début de parallèle pyschologique intéressant entre Ichigo et Aizen dans l’arc des Arrancars.
Ichigo ne maîtrise pas son Hollow, il a peur du monstre qui sommeil en lui, qu’il dévore sa conscience et s’empare de sa puissance. Aizen lui, a trahi les Shinigamis par attrait pour la Hollowmorphose et aspire à devenir un monstre. La trajectoire du protagoniste et de l’antagoniste se croise et franchement, ça c’était bien trouvé.
Surtout que le trait de Trait de Tite Kubo, dont le dessin se caractérise par un contraste du noir et blanc très prononcé, appuyé par une absence de décor, renvoi bien ce caractère introspectif – plongé dans l’inconscient du héros (d’ailleurs, le Hollow d’Ichigo n’est autre que lui...en blanc).
L’Autre, le monstre qui sommeil en nous, notre inconscient, la monstruosité de l’Homme, l’Humanité du Monstre, le Ying et le Yang...honnêtement, le début de la saga Arrancar avait encore bien des choses à offrir.
Mais le père Kubo a visiblement préféré écarter les sous-textes et utiliser toutes ces petites pièces de puzzle pour les traduire en power ups et en super-attaques.
L’intrigue ne voit pas plus loin que le bout de son nez, les pétards mouillés se multiplies et plus l’histoire progresse, plus on se rend compte que l’auteur fait tout pour faire passer la pilule et montrer qu’Ichigo a sa place dans l’histoire...alors que non. Le dernier arc en est la preuve; plus que jamais on a l’impression que l’attachement d’Ichigo au scénario est artificiel.
Artificiel est en fin de compte, un mot qui correspond a ce qu’est devenu Bleach au fil du temps.
Oui j’ai passé de très bons moments à le lire et regarder la version animé. Oui les combats de la Soul Society et même ceux de l’arc Last Nochess envoyaient du pâté...mais après survient la méga grosse guerre où on multiplie l’intervention des randoms, les révélations qui tombent toutes cuites, des personnages clairement sous-traités, décoratifs, ou à l’évolution inachevée.
A quoi ont servi Sado et Inoue au final ?
Quel est l'intérêt d'avoir voulu:
Faire passer Ishida dans le camp ennemi dans le dernier arc ?
De nous apprendre que la mère d’Ichigo était en fait une Quincy ?
Que le véritable Zanpakuto d’Ichigo était en fait Ywatch ?
Le dernier arc englobe tout les mauvais aspects de Bleach avec trop peu de bonnes choses de l’autre côté de la balance.
En fait, le dernier arc c’est : Plein de très bonnes idées...mais à chaque fois incomplètes, ignorées ou expédiée.
Reste les dessins qui sont excellents, les personnages qui sont nombreux à être des monstres de charismes...mais ça ne suffit plus. Bleach avait de l’ambition mais l’auteur s’est loupé au fil du temps. Les promesses sont nombreuses à ne pas avoir été tenus. Là ou One Piece, après 100 tomes, continu de nous tenir en haleine via un scénario toujours aussi ambitieux et un univers en béton, là ou Naruto, a su narrer de manière exemplaire l’évolution de son protagoniste, de cancre farceur à leader de guerre prophétique, Bleach a stagné. Le manga a perdu de l’intérêt au fil des années.
Il restera toujours un manga de coeur, mais contrairement aux autres, je n’arrive pas à passer outre les défauts.
Goodbye Bleach, goodbye my childhood love.