(cf : le titre est une citation de Kagatsuka dans le film, confiant sa définition de l'amitié à Shoya. Le sens de cette phrase m'a paru très bien résumer la morale et la philosophie du long métrage)
Une claque bouleversante !! Après avoir écumé les filmographies de Miyazaki, Hosoda, Takahata, Shinkai..."L'Otaku Sensei" continu son odyssée dans l'univers toujours plus passionnant de la Japanimation avec un fanatisme toujours aussi irrassasiable !
Je pense commencé à avoir une assez bonne connaissance d'ensemble en terme de films d'animation Japonais, aussi, rares sont les grands chef d'oeuvres que je n'ai pas encore découvert.
Ces derniers temps, voyant pas mal de mes éclaireurs attribuer d'excellentes notes à ce nouveau long métrage d'animation (des 9 voir même des 10/10 ^^), il n'en fallait pas plus pour piquer ardemment ma curiosité !
" A Silent Voice", film d'animation du studio Kyoto Animation réalisé par Naoko Yamada (connu pour l'animé "K-On!"), est l'adaptation en film d'animation du manga éponyme de Yoshitoki Oima (prés publié dans le Weekly Shonen Magazine de Kodansha entre Août 2013 et Novembre 2014 et compilé en 7 tomes (à titre indicatif, c'est le magazine de Fairy Tail, GTO, Love Hina ect) ).
A Silent Voice nous raconte l'histoire de Shoya Ishida. Jeune garçon élève à l'école primaire, un jour, une nouvelle élève arrive dans sa classe. Hors, la fille, répondant au nom de Shoko Nishimiya, se trouve être atteinte de problèmes de surdité. Très vite, le handicape de Shoko va faire l'objet d'un jeu pour Shoya qui va l'harcelée à longueur de journée jusqu'à pousser cette dernière à changer d'école.
Désigné comme leader des harceleur de la fillette par ses camarades témoins de sa méchanceté, du jour au lendemain, le petit garçon devint alors à son tour le bouc émissaire des autres élèves; une punition qui le suivra plusieurs années après. Shoya devenu un lycéen insociable et discret, conscient des fautes qu'il a commit par le passé, tente aujourd'hui à renouer le contact Shoko qu'il a jadis victimisé pour lui demander pardon.
Mais la cicatrice laissée par le harcèlement scolaire est tenace et, même avec le temps, s'en va difficilement.
Peut on obtenir pardon lorsqu'on a été harceleur ? Faut il pardonner ou entretenir la rancune ? Qui est la véritable victime ? Qui est fautif ? Peut on encore affirmer savoir ce qu'est la véritable amitié ? Comment harceleur et harcelé de l'école primaire peuvent ils reconstruire leur vie ?
Voilà pour le pitch global et les multiples questions posées par le film.
Verdict : Perso, je n'ai jamais jusqu'à présent lu le manga de Oima (mais pour le coup ça ne saurait tarder ^^) alors je ne pourrais pas juger sur la fidélité avec l'oeuvre papier. Néanmoins le film ne me paraît pas trahir le support original.
Pas facile de passer après le récent et génial "Your Name" de Makoto Shinkai qui fut pour moi LA claque émotionnelle cinématographique !!!
Mais franchement, "A Silent Voice" ne manque absolument pas d'impact !!
Encore une pure réussite, merveille de la Japanimation ! A Silent Voice est un film d'animation d'une profondeur rare et insoupçonnée ! Poétique, dramatique, mélancolique, ASV est un school life/tranche de vie romantique plein de vie et d'espoir au parfait croisement entre haine profonde et amitié sincère...avant tout un film HUMAIN qui donne à réfléchir avec une intense profondeur à la question de l'amitié !
Perso, le Harcèlement scolaire est un sujet délicat qui a toujours su me mettre dans tous mes états, alors à partir de là, le film ne pouvait me laisser insensible.
Ayant moi même été malencontreusement victime de harcèlement scolaire à l'école primaire et au collège, l'Identification aux personnages de Shoko et Shoya a marché immédiatement !
Le film aborde très bien la thématique du harcèlement scolaire dans les écoles encore aujourd'hui fort malheureusement pas toujours prise au sérieux mais le film sait justement s'arrêter avant de tomber dans le pathétique. Conscient de parler d'un sujet sérieux (et même grave), conscient de son immense potentiel émotionnel, Naoko Yamada fait le très bon choix de s'intéressée aux retombées psychologiques du harcèlement scolaire dans l'esprit des personnages.
Le scénario est doté d'un caractère sobre, pas de trace de fantastique social cette fois à l'instar de "Your Name" ou de "La Traversée du Temps". Mais c'est justement grâce à cette sobriété si bien utilisée que le côté dramatique fonctionne.
Des films qui aborde la surdité ça existe, on a eu "Sur mes lèvres" de Jacques Audiard (2001) en passant par le récent hit Français "La Famille Bélier" d'Eric Lartigau (2014) mais dans ces films, on s'est beaucoup restreint à aborder seulement le point de vue du protagoniste handicapé alors que "A Silent Voice", en plus de garder toute la tendresse et le charme propre au animés Nippons, prend aussi en compte le point de vue de l'environnement social et des conséquences du handicap sur ses relations.
Côté rythme, le temps dramatique est bien géré, les 2h10 sont bien adaptées, suffisamment long pour faire le tour des thématiques profondes, donner de l'épaisseur à sa moralité (apprendre de ses erreurs, vivre avec ses erreurs passées et aller de l'avent, la recherche de la rédemption, s'ouvrir et autres et chercher à les comprendre avant de porter jugement sur la personne) et exploiter toute la complexité sentimentale des différents personnages.
On est prit dans le récit et on ne voit pas le temps s'écouler tant l'émotion a un effet captivant.
Les personnages arrivent à nous mettre dans tous nos états, arrivants à nous faire passer de la colère à la tristesse, de la compassion à la pitié; on peut les détester et 10 minutes plus tard les aimer.
Le film a vraiment de bonnes idées de mise en scène visuelle comme par exemple,
Le fait que du point de vue de Shoya, les gens arborent tous une croix bleu sur leur visage cachant leurs yeux, ça permet de bien retranscrire à travers l'image animée l'insociabilité de Shoya qui ne veut plus regarder les gens en face.
Il y a tout un jeu métaphorique sur les sens en lien avec la problématique de la communication, autre thème et question phare traitée dans le film.
Comme le résume bien la citation de Kagatsuka que j'ai mis en titre, dans "A Silent Voice", la parole peut être qualifiée de menace pour les personnages, elle peut être considérée comme menaçante pour la sociabilité des personnages. Car c'est en effet à travers le langage des singes "Shuwa" en Japonais, que les personnages expriment leurs sentiments le plus sereinement (le film arrive vraiment à rendre poignant de simples conversations grâce aux gestes et là dessus, Yoshitoki Oima a du pas mal bosser pour arriver à retranscrire dans ses planches ce lexique gestuel).
De ce fait, on pourrait presque en venir à supposer que Shoko soit l'élément de résolution pour Shoya et les autres qui, en sa présence et le langage des signes, pourront parvenir à renouer des liens.
Aussi, le fait que plusieurs fois dans le film, Ueno accuse Shoko de profiter de son handicap pour attirer l'attention sur elle me vient à penser que le film joue sur la surdité. Les personnages sont ils sourds ou bien font ils semblant de ne pas entendre la détresse, les tourments ?
Je suis sûr qu'il y a un jeu significatif sur ce point
Niveau esthétique maintenant; Les graphismes de "A Silent Voice" sont très beaux, à l'image de son affiche magnifique !
Rose, blanc, azur, à la fois clair et sombre, le film utilise bien les couleurs comme support pour nous faire plonger dans cette paisible rivière de bons sentiments.
Des dessins modernes et une très bonne animation dans ce qu'on trouve de plus beau dans l'animation Japonaise moderne des années 2010, à l'image des récents films de Shinkai et d'Hosoda.
Bon, je crois avoir fait à peu près le tour, "A Silent Voice" est vraiment un film très émouvant doté d'une grande force morale ! Entre romance et rédemption, un school life extrêmement poignant et une magnifique moralité ! On peut d'ors et déjà affirmer qu'il s'agit du meilleur film d'animation Japonais de l'année 2017 et qu'à long terme, il ne restera pas dans le silence !