Le monde du football japonais manque d'un attaquant de classe mondiale. D’après certains l'attaquant se caractérise par son égoïsme génial, sa soif de but excédant même l'intérêt de l'équipe. Le Japon, pays trop ordonné, organique où chacun se sent responsable de tous, ne connaît pas cet égoïsme inouï ce qui empêche à l'équipe nationale de remporter la coupe du monde. Alors Ego, décide de construire Blue Lock, sorte d’internat-prison ultra-technologique, pour fabriquer cet attaquant ultime et anti-japonais. Il sélectionne trois cents jeunes joueurs pour les faire s'affronter dans un battle royale de football, seul un attaquant pourra sortir de Blue Lock tandis que les autres devront renoncer au football.

Le héros de l'histoire, Isagi, manque de cet égoïsme et va devoir, comme le reste de ses coéquipiers (adversaires en réalité) le conquérir pour devenir le meilleur attaquant du monde. Nous le suivons, ainsi que d’autres joueurs. La place laissée aux personnages secondaires, d’ailleurs, est intéressante et, peut-être, parfois trop importante ; Isagi semble ne servir parfois que de faire-valoir à d’autres avant que l’auteur se rappelant qu’il est son héros, ne lui offre un coup d’éclat.

Le début du manga, par son originalité, est assez génial et intéressant, le dessin très dynamique servant bien l'oeuvre et permettant, par un découpage nerveux, de représenter la tension d'un match de football et des enjeux des personnages.

La progression des joueurs est guidée par une succession d'épreuves, certaines en groupe (nous ne pouvons pas vraiment dire par équipe), d'autres plus individuelles. Les joueurs découvrent leurs points forts, développent leur égoïsme, rien que du très normal. L'auteur parvient, avec la succession des épreuves, à souvent renouveler l'enjeu.


Nous avons les classiques antagonistes, le génie (Rin), la brute (Baro) et le héros maladroit, angoissé mais travailleur et recelant un génie spécifique.


Centrer un manga de football, jeu d'équipe, sur l'égoïsme est un angle intéressant et, particulièrement adapté, à la situation actuelle de ce jeu où l'hyper-starisation de certains joueurs conduit à l’effondrement des collectifs.


Mais voilà que le problème point, le problème de TOUTES les sérialisations japonaises, le manga perd sa logique à cause de ce qu'il se prolonge. L'égoïsme devient moins fondamental, le Blue Lock s'effondre et nous basculons dans des affrontements plus ordinaires, la répétition de scènes identiques : le héros gagne un superpouvoir à la fin du match, les rivaux ont progressé, de nouveaux antagonistes (le monde est grand, SU-PER) sans intérêt apparaissent. Alors on se met à bailler, le manga s'appelle Blue Lock mais n'a plus rien à voir avec lui-même. L’aspect battle royale disparaît même si l’auteur prétend, par certains artifices, le maintenir. De nouveaux joueurs, pas tous attaquants, gagnent le droit de s’inscrire à Blue Lock sans passer par les épreuves initiales. On ne sait plus trop où on va. L’histoire demeure plaisante, je la suivrai probablement jusqu’à son terme qui ne devrait pas trop tarder tout de même.




Un gâchis de plus causé par l’avidité des éditeurs et les rythmes de folie.


herminien
7
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le 9 juin 2022

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herminien B

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