Dans Bons pour l’asile, cinquième volet des Vieux Fourneaux, Wilfrid Lupano et Paul Cauuet continuent de démontrer qu’une bande de seniors déjantés peut être plus explosive qu’un baril de poudre. Entre humour caustique, tendresse bien dosée et critiques sociales savoureuses, ce tome réussit à conjuguer fougue juvénile et sagesse vieillissante… enfin, presque.
L’intrigue nous entraîne cette fois dans une nouvelle croisade absurde et délirante menée par nos trois compères, Antoine, Pierrot et Mimile, qui semblent bien décidés à prouver qu’ils en ont encore sous le capot. Entre coups de gueule contre les absurdités du monde moderne et moments d’introspection touchants, l’album équilibre habilement le rire et l’émotion. Le rythme est fluide, même si certains passages paraissent un brin prévisibles pour ceux qui suivent la série depuis le début.
Graphiquement, Paul Cauuet est toujours au sommet de son art. Les expressions faciales des personnages, qu’il s’agisse de colère, d’amusement ou de désarroi, sont d’une précision redoutable. Les décors regorgent de détails subtils qui enrichissent chaque scène, et l’ensemble respire une énergie contagieuse. On rit autant des dialogues que des petits clins d’œil visuels semés ici et là.
Le scénario de Lupano brille par sa capacité à jongler avec les sujets sérieux et les éclats de folie. Derrière les blagues et les situations cocasses, il y a une vraie réflexion sur le vieillissement, la transmission, et la résistance face à un monde qui oublie ses anciens. Cela dit, certains thèmes commencent à tourner un peu en boucle, donnant parfois l’impression que la série s’installe dans un confort narratif.
Le trio principal reste irrésistible. Antoine, avec son mélange d’idéalisme et de bougonnerie, Pierrot, éternel anarchiste au grand cœur, et Mimile, toujours prêt pour une bonne blague, forment une équipe aussi dysfonctionnelle qu’attachante. Les seconds rôles, notamment Sophie et ses défis de jeune maman, ajoutent une touche de fraîcheur bienvenue.
En résumé, Bons pour l’asile est une nouvelle réussite pour Les Vieux Fourneaux. Lupano et Cauuet continuent de nous faire rire et réfléchir, même si l’effet de surprise des premiers tomes s’estompe un peu. Un album pétillant et tendre, parfait pour prouver que la vieillesse peut être le terreau des plus belles révoltes.