"Dans le système judiciaire américain, les crimes contre les bibliothèques sont considérés comme particulèrement monstrueux. A Oakland, en 1973, les inspecteurs qui enquêtent sur ces crimes sont membres d'une unité d'élite appelée Police des bibliothèques. Voici leurs histoires..."
Ou plutôt deux histoires, la première étant une mise en bouche, la deuxième occupant une centaine de pages. Une Bible anglaise de 1838 a été subtilisée dans la Bibliothèque d'Oakland. Le vol semble parfait... Mais ce n'est pas ce qui fait peur à l'agent spécial Bay et à son équipe.
Tadada !
Jason Shiga se distingue donc par le cadre de son enquête, le milieu des bibliothèques, pas si ronronnant que ça. On est pas loin des Experts. Bien sur, l'auteur en rajoute, mais cela a son petit charme. La scène finale de la course poursuite dans les rayonnages est particulièrement croustillante. Cette Police des bibliothèques a un charisme fou, et le décalage du livre est le principal atout de cette bande-dessinée.
N'y voyez même pas de second-degré, on ne se moque jamais, tout est très sérieux. Et un peu trop, parfois. L'enquête est parfois difficile à suivre, même quand on est dans le "milieu" (des bibliothèques). C'est généralement exigent, il faut de la concentration, ce qui fait que le lecteur pardonne moins à l'auteur certains écarts, quand il prend certains raccourcis. Ou alors c'est que le lecteur est trop bête pour saisir les subtilités, je ne sais pas.
Cette rigueur globale se retrouve dans le trait de Jason Shiga. Les couleurs sepia correspondent parfaitement à cette ambiance dépassée. Les décors sont très géométriques, très travaillés, parfois étouffants. La seule petite note de légèreté, et encore, se situe dans l'allure des personnages, plus en courbes. C'est pas mal, sauf pour les visages, terriblement simplistes, le vrai point noir du dessin. Ces têtes de smileys jurent.
Bookhunter a été nominé lors des Eisner Awards, ce n'est pas rien. Mais je ne peux que regretter la froideur générale de l'album. Il manque cette petite touche de vie pour s'attacher aux personnages et s'intéresser à cette délicate enquête. Le décalage est intéressant, entraîne de la curiosité, mais ce n'est pas suffisant. Dommage.