System Failure
En 2041, alors que toutes les femmes sont des créatures longilignes au visage émacié et aux lèvres charnues et que tous les hommes sont des clones de Nikopol aux variantes capillaires plus ou moins...
le 26 nov. 2017
10 j'aime
Et si toutes nos données numériques disparaissaient en une fraction de seconde? C’est exactement ce qui se produit le jeudi 13 décembre 2041. Ce jour-là, un raz-de-marée informatique d’origine inconnue aspire toutes les données virtuelles stockées dans le monde. Tous les disques durs sont vides, plus aucune donnée nulle part, plus d’archives, plus de codes, plus rien. D’une seconde à l’autre, le chaos s’installe. Car si le bug empêche tous les appareils numériques de fonctionner, il a également d’autres conséquences inattendues… et dramatiques. Un peu partout, des citoyens tombent raides morts suite à l’arrêt de leurs implants médicaux numériques, des dizaines de milliers de personnes se retrouvent bloquées dans des ascenseurs numérisés et plus de 300 avions automatisés s’écrasent suite à la "dévitalisation" de l’informatique mondiale. Dans l’espace aussi, le bug a des conséquences fâcheuses. Privés des fonctions numériques de leurs navettes, les astronautes doivent revenir au pilotage manuel pour retourner vers la station spatiale internationale. Parmi eux se trouve notamment Kameron Obb, le seul survivant d’une mission sur Mars, qui est attendu impatiemment sur Terre par sa fille Gemma. Porteur d’un parasite extraterrestre qui semble avoir décimé son équipage et qui se manifeste par une tache bleue qui grandit sur son visage, Obb stupéfie les autres astronautes lorsqu’il apparaît qu’il a accueilli dans son cerveau toutes les données informatiques mondiales…
La sortie d’un nouveau livre signé par Enki Bilal est toujours un événement. Depuis près de 40 ans, l’auteur et cinéaste français né à Belgrade, en ex-Yougoslavie, signe des bandes dessinées au ton et au graphisme uniques. Des BD sombres et crépusculaires (comme "La trilogie Nikopol" ou "Le sommeil du Monstre", par exemple), dans lesquelles il aborde les principaux thèmes qui l’obsèdent: la mémoire collective, la géopolitique, les rêves d’immortalité… Avec "Bug", Enki Bilal adopte un ton un peu plus léger et malicieux pour dénoncer les dangers de notre addiction digitale. Un thriller d’anticipation dans lequel il imagine les effets dévastateurs d’un immense black-out numérique. L’occasion pour lui de nous mettre en garde par rapport à notre dépendance de plus en plus grande à tout ce qui est numérique. Non sans dérision, d’ailleurs. Enki Bilal imagine notamment des citoyens obligés de se remettre à écrire des journaux sans recours au correcteur orthographique. Du coup, les articles sont bourrés de fautes! "Il va falloir revenir au papier, à l’encre et à la notion de mémoire. Pas vive, mais vivante, la mémoire. Celle de nos cerveaux", souligne un des personnages. "Parce que vous croyez qu’on saura encore s’en servir, de nos cerveaux?", lui répond un autre. Graphiquement, cela reste du Bilal pur jus, avec de magnifiques grandes cases dans lesquelles il imagine les villes du futur, en n’hésitant pas à placer une grande mosquée juste à côté de Notre-Dame à Paris. Il garde aussi sa passion pour le bleu: la tache qui grandit sur le visage de Kameron Obb a la même couleur que les cheveux de Jill Bioskop dans "La Femme piège". Au niveau du scénario, par contre, Enki Bilal change légèrement son fusil d’épaule. Le rythme de ce premier tome de "Bug" est plus soutenu que celui de ses dernières BD, tandis que le ton est moins sombre. A 66 ans, Bilal a toujours la pêche!
Plus de critiques BD sur mon blog AGE-BD.
Créée
le 3 déc. 2017
Critique lue 1.1K fois
2 j'aime
D'autres avis sur Bug, tome 1
En 2041, alors que toutes les femmes sont des créatures longilignes au visage émacié et aux lèvres charnues et que tous les hommes sont des clones de Nikopol aux variantes capillaires plus ou moins...
le 26 nov. 2017
10 j'aime
J'en avais peur, il l'a fait : Bilal est devenu un vieux con. Il est passé du côté débile de la force. Bug est une dystopie où toutes les possessions informatiques et "virtuelles" disparaissent d'un...
Par
le 3 nov. 2017
8 j'aime
1
Enki Bilal est une superstar de la BD. Plus que ses ouvrages, il est devenu maître dans l’art de vendre ses œuvres, vendant ses planches par morceaux, chaque case étant conçu comme un tableau. Hélas,...
Par
le 31 janv. 2018
4 j'aime
Du même critique
Manu Larcenet est déjà de retour. Un an seulement après avoir conclu de maîtresse façon la terrible saga « Blast », qui lui avait pourtant demandé une énorme débauche d’énergie, l’auteur français...
Par
le 9 avr. 2015
32 j'aime
2
L’histoire se passe dans l’Italie de la Renaissance. Bianca, une élégante jeune fille de bonne famille, vient d’avoir 18 ans. Ses parents estiment donc qu’il est temps de lui trouver un mari. Bianca...
Par
le 7 juin 2020
28 j'aime
1
« J’ai tué Lucky Luke! » Dès la première page de ce nouvel album, dont le titre est un clin d’oeil à un célèbre western de John Ford (« L’homme qui tua Liberty Valance »), le lecteur est confronté à...
Par
le 1 avr. 2016
25 j'aime
1