Véritable thriller financier, cet opus fait directement suite à O.P.A. puisque la saga ne fonctionne que sur des diptyques. Le premier épisode consistait à une mise en place précise d'une intrigue parfois complexe mais mise à portée de chacun. Ce deuxième épisode se résume, bien entendu, à son développement et à sa résolution. Plus spectaculaire que son précédecesseur avec les retours de Freddy et Simon, voilà un titre présenté comme mélancolique si on se fie à sa couverture, mais qui sent fort le blockbuster américain. En avion, en hélicoptère, en moto, notre Largo est sur tous les fronts pour régler ses affaires. Si les stratégies financières sont suffisamment fines pour nécessiter une attention de tous les instants, l'action, elle, ne pas dans la dentelle, et on pourrait reprocher une escalade de plus en plus folles au fil des pages. Ainsi, autant le récit se veut extrêmement réaliste quand il se déroule dans les bureaux, autant il se révèle totalement improbable quand le personnage principal passe à l'action. La distorsion entre les deux n'est, à ce titre, pas très heureuse.
On ne peut reprocher à Jean Van Hamme sa science du récit. Le scénariste connaît la musique sur le bout des doigts et sait alterner échanges pointus sur les enjeux financiers et péripéties qui déménagent. Tout ça sent, comme dans XIII, le récit à l'américaine avec ses tics et ses ficelles. Cette histoire n'oublie pas non plus la romance entre le beau gosse et la belle blonde qui ne dévoile pas tout son jeu. Mais là, force est de constater que Jean Van Hamme est moins à l'aise, ne sachant pas trop s'il doit faire de son personnage principal un homme débordé par ses sentiments ou maître de ses émotions. La couverture et la dernière planche ne prennent pas le parti de tout le reste de l'histoire, ce qui peut vraiment décontenancer. En ce sens, ces éléments contradictoires n'apportent pas l'éclairage attendu sur Largo ce qui est, de toute évidence, un rendez-vous manqué dans cet épisode.
On retrouve tout au long de ces pages le savoir-faire incroyable de Philippe Francq qui sait rendre ses scènes d'action parfaitement lisibles et qui opte toujours pour des cadrages qui facilitent une immersion totale dans les différentes scènes mais aussi dans l'ambiance générale de ce titre. Une nouvelle fois, les couleurs sont de toute beauté et sont une véritable invitation à se laisser happer par toutes les pages qui défilent sous nos yeux. Sans être aussi passionnant que ses précédents opus, voilà cependant une histoire bien fichue qui retient l'attention jusqu'au bout. Cela va parfois un peu trop loin dans les scènes d'action, mais le divertissement, alimenté par le clinquant de l'ensemble, reste de qualité.