C’est un oiseau semble tout entier construit autour du principe de la quête, c’est-à-dire de l’errance, du tâtonnement, de l’expérimentation et du combat. Mais tout cela déplacé dans un monde intérieur, intime, celui des pensées et émois du héros d’une part, et celui de la mise en scène, narrative et graphique, d’autre part.
Ainsi, alors qu’on lui propose de reprendre Superman, Steve se prend à douter et refuse dans un premier temps. Que raconter de neuf sur l’Homme d’Acier ? Et surtout, quel intérêt à se saisir d’un personnage si absolu, si tout puissant ? Un personnage dont les super-pouvoirs lui permettent de tout régler, en un clin d’œil, d’un simple claquement de doigt. Et d’amorcer une réflexion sur la figure de Superman, entre recherche d’idées menée par le personnage, tentatives de mises en scène ponctuelles et échanges entre les différents protagonistes du volume.
Cette quête se trouve redoublée, voire retriplée, par deux autres : celle d’un père soudainement envolé, et dont il faut retrouver la trace, et celle, esthétique, devant retranscrire toute la diversité des états, d’esprit et d’âme, du narrateur. C’est que derrière la crise d’inspiration et le drame familial transparaît peu à peu une inquiétude existentielle vibrante qui constitue au final l’objet premier de l’ouvrage. Tous les fils s’imbriquant bien entendu pour faire sens, ensemble.
Indéniablement, C’est un oiseau, réflexion sur la condition humaine par le prisme du super-héros, sur la vie et la mort, sur la création et la transmission, se veut ambitieux et se donne les moyens de son ambition. Reste qu’il tend parfois un peu trop vers le pur exercice de style, certains de ses procédés, trop soulignés ou utilisés de manière trop insistante, conférant au tout un caractère un peu artificiel ou désincarné.
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