Le comics The Boys n’avait pas été conçu pour l’éditeur Wildstorm à la base. Un des rédacteurs de DC Comics Pete Tomasi avait reçu une proposition de Garth Ennis (connu pour Preacher, Judge Dredd ou Punisher). Cependant le rédacteur avait du mal à faire valider le projet par sa hiérarchie. Pour valider le projet plus rapidement, Pete Tomasi eu l’idée de le mettre en route depuis les bureaux de Wildstorm à La Jolla, plutôt qu’à ceux de DC Comics.
Pete Tomasi reçoit les premiers jets de The Boys et il s’aperçoit que Garth Ennis va faire de son comics quelque chose de plus Preacher que Preacher, ce que le scénariste avait promis. C’était une promesse très forte qui donne le ton de la suite. De plus, ses héros ou plutôt anti-héros, étaient censés coexister avec les héros DC Comics et vivre dans le même monde que Superman, Batman et toute la Justice League.
Pour Pete Tomasi, le comics allait être un bouquin épatant, le genre de série qu’il adore lire, mais pour lui, il n’y a aucune chance que ce soit publié dans le cadre de l’univers DC Comics.
Le directeur exécutif de DC Comics, Dan Didio, arrive au même conclusion que Pete Tomasi, sauf que lui avait une idée. Il va effectivement refiler le bébé a Wildstorm, mais surtout, en faire un titre appartenant à ses auteurs avec sa propre galerie de super-héros iconique et légendaire, ce qui permettrait d’éviter de toucher aux vaches sacrées de DC Comics. C’est de cette idée toute simple qu’est né le mariage entre Garth Ennis et Wildstorm.
Auquel il faut ajouter le dessinateur Darick Robertson à ce mariage, qui avait rencontré Garth Ennis grâce à l’intermédiaire de Warren Ellis et qui ont déjà travaillés ensemble sur Punisher.
The Boys sort en 2006 chez l'éditeur Wildstorm et nous montre une violente satire des super-héros. Au bout de seulement six épisodes, le ton de la série conduit DC Comics, la maison-mère de Wildstorm, à cesser sa publication. Garth Ennis explique par la suite que DC Comics était gênée par le ton général de la série.
Heureusement, le comics de Garth Ennis et Darick Robertson est repris par un autre éditeur : Dynamite Entertainment. Les auteurs ont jugés, a posteriori, que le changement d'éditeur avait été un bien pour la série, qu’ils avaient pu bénéficier d'une plus grande liberté de création chez un label indépendant.
The Boys arrive chez nous, en France, en 2008 édité par Panini Comics. Ce premier tome contient les quatre premiers chapitre (ce qui fait 14 issues à découvrir). Il s’agit de la version Deluxe, un autre premier tome existe avec les deux premiers chapitre, et donc seulement 6 issues.
#1 - #2 : The Name of the Game
#3 - #6 : Cherry
#7 - #10 : Get Some
#11 - #14 : Glorious Five Years Plan
Les premiers chapitre contiennent certaines des scènes les plus crado et les plus drôle que vous risquez de voir dans un comics super-héroïque. C’est du Garth Ennis dans toute sa splendeur, c’est le meilleur pour raconter ce genre d’histoire, et il a une vraie oreille pour les dialogues. Darick Robertson, dont l’interprétation visuel réussi à donner vie à la série, démontre sans relâche son incroyable capacité à injecter du détail sans jamais sembler raide. Voilà des auteurs qui sont tous les deux au meilleur de leur forme dans ces pages.
L'humour provocateur et pas forcément subtil fonctionne parfaitement et les amateurs de récits très classiques de super héros verront en ce comics une récréation agréable et plus subtile qu'il n'y paraît. Derrière la critique des hommes de pouvoir, le récit montre des personnages aux traumatismes profonds, que l'on découvre avec parcimonie. Les dessins n'esquivent aucune scène qu'elle soit sexuellement explicite ou bien violente. Vous l'aurez compris, The Boys est une lecture qui gagne à être découverte ou redécouverte si vous avez déjà vu la série sur Prime Vidéo.