Black sails.
Avant d'être le héros préféré des petits français à partir de 1980, Albator (ou Harlock en VO), le corsaire de l'espace, eu droit à un manga en cinq volumes publiés entre 1977 et 1979. Pris par la...
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le 6 mai 2014
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Tout d'abord, il s'agit d'un bon gros volume de 1082 pages regroupant les 5 tomes parus entre 1977 et 1979.
Les dessins de Matsumoto sont esquissés, efficaces avec un design particulier et facilement identifiables en ce qui concerne les personnages tandis que tout ce qui est matériel (vaisseaux, cadrans...) est relativement détaillé.
Le scénario cross-over mélangeant piraterie et science-fiction réunit le meilleur de ce que l'on peut trouver dans ces deux mondes : abordages, vaisseaux spatiaux, humanoïdes, bannière noire ...
On y trouve aussi de l'humour bon-enfants et décalé avec énormément de saké (en refermant le livre je me demande s'ils ne sont tous complètement alcolos !!) et un équipage qui fait un peu ce qui lui chante.
Il y a aussi des tranches de notre histoire terrestre incluses dans la trame de l'aventure (Incas, Mayas, Égyptiens) ce qui tend un peu à faire basculer notre réalité dans le récit.
L'intrigue porte sur un ennemi millénaire et très discret qui a su s'implanter un peu partout dans l'univers, afin de faire régner sa suprématie : les Sylvidres.
Albator, pirate de l'espace, cherche à les démasquer afin de protéger la Terre qui est en danger devant cette invasion déjà bien entamée. Avec son équipage de quarante (et un ?) braves, il sillonne l'espace à bord de l'Arcadia pour trouver l'origine de ses ennemies... et peut-être bien aussi l'origine de l'humanité...
Les personnages principaux :
Albator, pirate de l'espace au charisme de ouf et accessoirement capitaine de l'Arcadia. Archétype du mâle alpha, les cheveux mi-longs ainsi que la cape toujours plus ou moins dans le vent (il aime prendre la pause et ça se voit !).
Son caractère et sa psychologie sont particuliers et très ambivalents, c'est en quelque sorte un écorché : il déteste les humains en général (il leur souhaite quand même de mourir en les traitant au passage de "misérables porcs" - nan mais hein ! Quand même... ) mais en glorifie certains dont notamment son défunt meilleur ami, le génial constructeur de l'Arcadia.
Il veut débarrasser la Terre des Sylvidres mais, ressent bien souvent dans sa colère l'envie de la faire exploser .
Malgré tout cela, il a la dignité du héros et, en fin psychologue, respecte toujours ses amis et même ses ennemis ...
Miime, seule rescapée de sa planète, elle voue une dévotion sans limite à Albator. C'est un personnage tragi-comique de par son désespoir permanent (elle porte le fardeau de la disparition de son espèce) et du fait que sa physiologie lui permet de se nourrir uniquement de liquide éthylique soit du saké en quantité industrielle ! (il doit y avoir un sacré stock dans l'Arcadia...).
Il est amusant de penser que cette frêle créature puisse picoler autant !
Tadashi Daiba, fils du défunt professeur Daiba tué par une Sylvidre.
L'histoire commence avec lui au moment où Albator lui sauve la vie et lui propose d'embarquer sur l'Arcadia, ce qu'il acceptera après un moment de réflexion .
D'un naturel plutôt curieux et réfléchit. A partir du moment où il embarque sur le vaisseau il suit Albator comme une ombre...
L'Arcadia, le vaisseau d'Albator, peut être lui aussi considéré comme un des personnages principaux de l'histoire. Tout d'abord parce qu'il est constamment présent d'un bout à l'autre du récit et aussi parce l'équipage lui prête certains traits humains comme ceux de trembler, veiller sur eux, d'avoir une présence. Albator le laisse d'ailleurs parfois agir à sa guise lorsqu'il prend le contrôle sans que quiconque en soit aux commandes; il affirme même que l'ordinateur centrale peut rire voir parfois pleurer ...
Mais il n'y a pas que de la science-fiction à la sauce pirate dans ce manga, j'y ai aussi découvert :
1/ Une critique de la société contemporaine apportée par le constat de l'oisiveté des hommes sur la Terre. Ils sont principalement occupés par le golf et les banquets, le reste n'a que peu d'importance; pas même l'arrivée d'une sphère extra-terrestre au beau milieu d'une ville !
Les humains sont représentés par un ministre (de la Terre, rien que ça !) feignant et égocentrique.
Le personnage de Miimé rajoute une pierre à l'édifice de ce constat en évoquant ses origines ainsi que ce qui à conduit à la perte son espèce : l'obsession pour les biens matériels, la consommation, les divertissements et l'insouciance face à l'avenir ...
Telle la Terre qui se fait envahir par les Sylvidres (des êtres végétales), sa planète à elle aussi disparut sous une invasion de plantes.
Le parallèle est donc vite fait entre l'oisiveté d'une espèces et son invasion entraînant sa perte.
2/ De la misogynie !! Oui... alors là j'ai été très surprise.
C'est pas forcément flagrant au départ mais au fil des pages on finit quand même par s'en rendre compte (et ça, sans même être une chienne de garde).
Il est tout de même important de souligner que ce n'est pas forcément au travers d'Albator que ce machisme transpire mais plutôt dans certains événements ou faits qui jalonnent le récit:
*les méchants de l'histoire sont représentés par un peuple qui est entièrement composé d'individus qui ont tous l'apparence de femmes; et qui ont comme par hasard choisies Vénus (y avait quand même d'autres possibilités dans le coin mais bon passons ...) comme base opérationnelle pour notre galaxie (au passage il est dit ici que Venus est un endroit sinistre... comme les femmes ??)
*Les femmes qui font parties de l'équipage de l'Arcadia sont archi soumises:
Miimè est ultra dépendante d'Albator et le déifie complètement.
>Quand Tadashi découvre que le rôle qui lui est dévolu au sein de l'Arcadia est finalement celui d'assister Yuki; lui qui n'avait jusque là pas l'air d'un gros macho s'exclame quand même : "Moi! Assistant d'une femme ?" et, malgré les explications qui lui sont données (est-ce bien nécessaire ?) reste boudeur.
>Aussi, quand on fait remarquer à Albator que Tadashi à vraiment du mal à recevoir des ordres d'une femme, celui-ci répond que "c'est naturel..." : bon ok, alors même lui, on peut aussi le fourrer dans le sac des machos ! Le héros de mon enfance vient de perdre sa superbe au détour de la page 598...
>Kei Yuki a un rôle de potiche à qui on donne des ordres, par exemple : lorsqu' Albator et Tadashi vont visiter une pyramide sous marine, il lui est tout bonnement refusé de les accompagner sous prétexte qu' "on ne veut pas de femmes dans les pieds ". Je ne vois pas la nécessité de ce passage qui n' apporte rien à l'histoire...
Le rôle de ce personnage est de protéger l'orgueil de ses compagnons masculins. Bien que commandante des forces de l'Arcadia, elle décide de se mettre volontairement en danger pour donner confiance à Tadashi qui n'accepte pas d'être sous ses ordres. Elle se diminue pour satisfaire l'ego de son subordonné et c'est un comble ....
S'agirait t il d'un message déguisé (à peine) à l'intention des jeunes générations de femmes actives ? (Mesdemoiselles, n'oubliez pas que tout ce que vous obtenez dans la vie c'est grâce aux hommes !)
>Je peux aussi parler de la Sylvidres du nom D'hysterius !! Non mais sérieusement, c'est pas un peu usé ce sujet de l'hysterie feminine (pendant des siècles on l'aura associée arbitrairement aux femmes). C'est pas un personnage mâle qu'on aurait affublé d'un nom comme ça !
>Et ne me parlez pas de la cuisinière qui est la seule à avoir du caractère : elle est tellement moche qu'on se demande si c'est vraiment une femme !
Malgré tous ces petits détails, je me suis quand même laissée absorbée par le récit plein de rebondissements.
Il est tout de même vrai que certains moments narratifs sont un peu lassant du fait de leur répétitivité : oui Albator, on a bien intégré le fait que dans la vie tu ères dans le sombre océan de l'espace tel un homme libre sous ta bannière, la bannière de la liberté !
Il est quand même bien dommage que le récit nous laisse sur notre faim à la conclusion du cinquième tome . L'histoire est malheureusement inachevée.
Il faudra donc se rabattre sur le coffret DVD (42 épisodes) de la version animée pour espérer connaître le dénouement de toute cette histoire...
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Créée
le 23 déc. 2016
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