En me lançant dans Captain America : White, je me lance un peu dans l’inconnu. Car je dois reconnaître ne pas avoir, encore, lu les Daredevil : Yellow, Hulk : Grey et Spider-Man : Blue. Ne sachant d’ailleurs même pas de quoi cela parle. De même, avec Jeph Loeb, personnellement, ce sont les montagnes russes. Capable du meilleur comme avec Batman : Amère Victoire comme du pire avec Batman : Silence, où plus récemment sur Nova. Tim Sale, par contre, c’est une valeur sûre.
1941 ! La Seconde Guerre Mondiale fait rage à travers toute l’Europe. Accompagné de Bucky Barnes et Nick Fury, Captain America doit empêcher Crâne Rouge de concrétiser son plan diabolique visant à détruire Paris.
Jeph Loeb et Tim Sale, les créateurs de Daredevil : Jaune, Hulk : Gris et Spider-Man : Bleu, reprennent du service pour conter une nouvelle aventure de la Légende Vivante.
(Contient les épisodes #0 à 5 de Captain America : White)
Et ce sont justement les dessins du génial Tim Sale qui nous sautent d’abord aux yeux. On comprend assez vite que l’on est dans une approche hommage à Jack Kirby. Rien que dans la représentation des émotions chez les personnages, ou tout simplement dans la mise en page des chapitres, on commence avec un dessin pleine page puis un double page, comme on peut le voir sur Kamandi.
Mais au-delà de l’aspect hommage, les dessins de Tim Sale font toujours mouche à mes yeux. Ces personnages sont puissants et fragiles à la fois et sont dans le juste, niveau émotion du début à la fin. Nick Fury et son regard terrible et dur, Captain America et son charisme et sa solitude face à une femme, le charme de Marilyne, le côté enjoué et vivant de Bucky. C’est un véritable régal. Et c’est la même chose pour les décors (bien qu’on se rende compte après coup, que la puissance de récit et l’excellence des couleurs de Dave Stewart y sont pour beaucoup), pour l’animation ou encore pour l’ambiance générale, on ressent bien la pression et le côté implacable de la puissance nazie en France, mais aussi ce petit espoir que faisait vivre la Résistance. On a tout simplement l’impression d’y être, preuve que Tim Sale a plus que réussit son travail.
Le travail d’hommage n’est pas qu’artistique mais également scénaristique, puisque Jeph Loeb, à travers son écriture de Nick Fury notamment nous ramène aux histoires de Marvel de l’époque avec des phrases pleines de sarcasmes et où l’insulte est facile pour ne pas dire omniprésente.
Cela tombe bien, puisque le récit proposé par Jeph Loeb se situe en 1941. Nous y assistons à l’une des premières missions de Captain America et Bucky. Allant tout d’abord sauver Fury et son Howling Commando, ils se retrouvent en France pour essayer d’arrêter Crâne Rouge mais se frottent à Maryline et le Cirque de la Révolution, qui eux, désirent que ce soient les Français qui se débarrassent des nazis en France. Nous avons le droit, au passage, preuve que nous sommes dans un récit travaillé de la part de Jeph Loeb, à quelques pistes de réflexions sur la guerre, comme le traitement des prisonniers, et où l’on comprend que la réponse est grandement différente en fonction de qui la donne. Il est plus facile pour un soldat « libre » et américains de dire qu’il faut respecter les prisonniers, qu’un soldat français victime de l’occupation et de la malfaisance allemande.
Mais tout cela est secondaire, bien qu’intéressant, dans ce comics, le véritable point fort étant le travail sur la relation entre Steve et Bucky. En effet, si l’histoire se déroule en 1941, elle n’est qu’un souvenir de Steve alors qu’il vient de se réveiller de sa longue congélation et qu’il se recueille devant le monument érigé en hommage à son compagnon. Tout au long de ces six chapitres, Jeph Loeb ne cesse de nous montrer le lien puissant qui unissait les deux jeunes héros, mais aussi la crainte qu’il n’arrive du mal à Bucky, car c’est lui qui a accepté de l’entrainer et de l’emmener avec lui. Se reconnaissant un peu en ce jeune garçon plein d’envie. L’aspect dramatique étant accentué de par le fait que, et Steve et le lecteur savent ce qu’il arrive à Bucky au final.
Mais Captain America : White, n’est pas qu’un comics mélancolique et dramatique, nous avons le droit à un peu d’humour, en inversant les rôles et où c’est le jeune Bucky qui s’inquiète pour son partenaire, mais d’une autre façon, et à propos d’un sujet totalement différent. Cela renforce encore davantage le lien entre les deux personnages et expliquent grandement les prises de risques que prend Bucky. L’un cherchant à protéger l’autre, alors que ce dernier ne cherche qu’à justifier sa présence au premier.
Bref, Captain America : White, est une formidable lecture, un passionnant voyage, un vibrant hommage, tout simplement un véritable plaisir de lire et de regarder un tel comics. Jeph Loeb et Tim Sale nous proposent un récit d’une grande sensibilité avec beaucoup d’émotion.