Vic Mackey chez les Indiens
Dans la foulée de la lecture du premier tome de Scalped, j'ai enchaîné directement sur le deuxième. Tellement cet univers noir oppressant m’a happé.
Et grosse surprise ! On n’avance pas d'un iota dans le temps entre les deux tomes. En effet le cliff de fin du tome 2 et le même que celui du tome 1.
Jason Aaron, après nous avoir pris à la gorge d'entrée avec "Pays Indien", en nous plongeant d'office dans l'action, utilise le tome 2 "Casino Boogie" pour nous présenter davantage en profondeur les principaux protagonistes, ainsi que leur passé tumultueux.
Comme dans le tome 1 il s'agit ici d'une suite de trahisons, de meurtres, de mensonges. C'est noir, c'est sombre, c'est presque malsain, mais qu'est ce que c'est bon ! A l'instar de The Shield, où Vic Mackey fait les pires atrocités, on est quand même de son côté, on ne veut pas qu’il se fasse prendre. Là c’est pareil, les héros, ou plutôt les protagonistes, il est en effet difficile de les appeler héros. Les protagonistes donc, n’agissent pas forcément bien, mais on reste de leur côté. On les soutient. On veut qu’ils s’en sortent.
Casino Boogie se focalise sur Dino, jeune Indien qui veut fuir la morosité et la désolation de la réserve pour l'avenir de son bébé. Jeune homme devenu père trop tôt mais qui malgré tout cherche à « sauver » son petit bout. Jason Aaron nous pousse presque à penser qu’il est fou de faire des enfants à Prairie Rose, de leur offrir cette vie. Dino ne quittera sans doute pas Prairie Rose, malgré son enfant. Il n’y a pas d’espoir à Prairie Rose.
Sur Red Crow, le caïd du coin à l'ascension fulgurante, qui malgré la main mise sur la réserve est en proie aux doutes. Se retrouver si haut de la chaîne alimentaire fait réfléchir. On ne grimpe pas si haut tout seul. On ne grimpe pas si haut sans se salir les mains. Et peu importe jusqu’où on monte, on doit toujours rendre des comptes. Même la réussite à Prairie Rose n’est pas gage de bonheur.
Sur Diesel qui aimerait être Indien et nous surprend de par son boulot. Je ne le voyais pas venir celui-là. Bon rebondissement. Quel homme pathétique malgré tout. Quand on voit la misère et la noirceur de la vie de ces Indiens, pourquoi vouloir la vivre aussi ?
Sur la mère de Bad Horse qui est un peu au centre et au début de toute cette histoire. Elle est sans doute la cause de la vie chaotique de Dash, de la solitude de Crow et peut-être même de plus encore. Même en essayant de faire des choses bien, Prairie Rose ne nous remercie pas.
Sur Catcher, pauvre Indien au cerveau complètement poreux mais qui semble avoir un avenir dans la série. On sent qu’il va être un peu l’élèment mystico-bizarre de la série. Il voit des choses, il sait des choses mais au milieu de ça on ne souhaiterait sa vie à personne.
Tout ce petit monde se croise et se recroise au fil du temps, laissant intrigues, morts et désolation derrière eux. Jason Aaron nous dépeint un groupe d’individus tous plus misérables, plus pitoyables les uns des autres. Et au travers de ces personnages, il nous dépeint surtout l’effroyable obscurité qui enveloppe le passé, le présent et l’avenir de Prairie Rose et de tous ses habitants.
Bref un tome 2 qui pourrait presque faire office de tome 1, avec une vraie présentation des personnages à la façon très noire de Jason Aaron. Et le fait de finir deux tomes de suite avec le même cliff de fin provoque une réelle attente pour le tome 3. Voir enfin se qui découle de ce meurtre, qui va sans aucun doute s’avérer déterminant au vue du fait qu’il clôture à lui seul deux tomes.
On se croirait dans la série The Shield mais dans une réserve indienne. Les mêmes codes de violence, de manipulation, de sexe, de trahison et de noirceur sur la condition humaine.