Il y a des livres qu'on aurait aimé ne jamais lire mais qui pourtant deviennent nécessaires.
Avec Catharsis, on revient inévitablement des mois en arrière, les yeux hagards devant la tragédie , l'incompréhension et la bêtise humaine.
Mais il ne faudrait pas se tromper , Catharsis n'est pas un livre sur les attentats de Charlie Hebdo , c'est un livre sur son auteur, Luz et plus précisément sur les répercussions que les événements ont eu sur lui.
C'est marrant mais les premiers jours après l'attentat, en voyant les quelques interventions de Luz à la télévision ( et avec ma vision limitée de spectateur de l'information ), je me disais que le dessinateur semblait solide.
Abasourdis , triste et sûrement en colère mais solide.
Solide au point qu'il a pris en charge de faire la première couverture du retour de Charlie Hedo et de se prendre , forcement, les critiques qui allaient avec.
Il fallait en avoir pour se relancer dans la bataille sans vraiment reprendre le temps de souffler.
ça , c'était ce que je pensais.
Catharsis , c'est ce qui s'est vraiment passé dans la tête de Luz.
La colère, la tristesse était bien plus encrée et la dépression plus présente qu'elle ne paraissait à l'époque.
L'oeuvre est un témoignage poignant de la détresse d'un auteur, une détresse sourde qui pour une bonne partie des "Je suis Charlie" était totalement inconnu.
On entre dans la tête de l'auteur , on ressent sa tristesse, sa colère mais aussi une certaine poésie , une mélancolie qui permet un vrai mélange de sentiment.
Alors, c'est vrai, certaines pages nous prennent à la gorge mais l'oeuvre n'est pas que ça .
Luz fait réfèrence aux Idées Noires de Franquin et explique que même dans un état de dépression profonde, l'auteur avait réussi à faire rire son lecteur.
Et Luz y réussit partiellement. C'est un rire qui se veut plus cynique mais qui cadre totalement avec l'esprit de son auteur : Il faut aller de l'avant.
Outre la tristesse, l'hommage aux défunts, l'humour cynique, Carthasis c'est aussi un hymne à l'amour, l'amour qu'il porte à sa femme qui la soutenu, relevé et sauvé.
On comprend à travers ces pages que c'est grâce à elle qu'il s'en sort , qu'il ne bascule pas vers une folie certaine.
C'est par moment très primal et sexuel et à d'autres moments plus doux et romantique.
A travers cet album qui peut être vu comme un exercice de psychanalyse , c'est surtout un merveilleux hommage qu'il lui fait.
Alors oui, on aurait aimé ne jamais lire ce livre.
On aurait préféré que tout reste comme avant , que Charb, Cabu et les autres soient encore là et que Luz continue à ramener sa galette au journal les lendemains de son anniversaire.
Mais s'il doit rester quelque chose de ce drame autant que ça soit le témoignage d'un auteur qui a affronté son deuil et appris à vivre avec tout en continuant d'avancer.