Zep, oui, LE Zep de Titeuf, nous lâche ici un virage à 180° loin des cours de récré et des blagues sur les zizi sexuel. Avec Ce que nous sommes, il plonge en pleine science-fiction existentielle, un monde où l’humanité a troqué ses neurones contre des puces électroniques. Matrix version suisse, en plus introspectif et avec moins de baston.
On suit Constant, un gars ultra-connecté qui, grâce à un implant cérébral, peut tout apprendre instantanément. Histoire de l’art ? En deux secondes. Physique quantique ? Fastoche. Mais forcément, ce genre de technologie, ça a un prix : le mec est brillant mais un peu creux, comme un disque dur trop bien rangé. Et bim, la question centrale du récit : quand on sait tout, est-ce qu’on ressent encore quelque chose ?
Sur le papier, c’est fascinant. Ça parle de mémoire, d’identité, de ce qui nous définit en tant qu’êtres humains. Mais dans les faits, l’émotion patine un peu. On suit Constant dans sa quête existentielle avec intérêt, mais sans être totalement embarqués. Ça manque parfois de relief, d’aspérités. Comme si, à force de vouloir nous faire réfléchir, Ce que nous sommes en oubliait un peu de nous faire vibrer.
Graphiquement, c’est classe, propre, un peu froid. Les décors futuristes sont soignés, l’ambiance épurée colle bien à cet univers ultra-connecté, mais l’ensemble reste parfois trop lisse, trop clinique. Comme un monde parfait… mais un peu fade.
Bref, une BD qui pose de bonnes questions sans toujours y répondre avec le feu sacré, un peu comme un TED Talk sur l’humanité qui aurait oublié d’être vraiment humain. Pas inintéressant, mais on reste un peu en mode spectateur, comme si l’implant de Constant nous empêchait, nous aussi, de vraiment ressentir.