J'avais un peu manqué cette bande-dessinée malgré l'incroyable hype de l'été 2017. Deux ans ont passé, et je m'y plonge enfin, alors que les klaxons résonnent pour la victoire du Sénégal en Coupe d'Afrique des Nations (ou est-ce la fête nationale ?). J’aurais dû me méfier. Avec le temps, j’ai appris à si bien connaître mes goûts, que je suis capable de jauger d’un coup d’oeil à l’affiche si un film va me plaire ou non. Je suis aussi passé maître dans l’évaluation d’un disque par sa pochette, et rares sont les oeuvres qui arrivent encore à me surprendre.
Et tout était là. A première vue plutôt élégante, la couverture de Ces jours qui disparaissent propose un trait clair, précis, un environnement pour le moins surprenant… Un regard plus appuyé et c’est la douche froide. Ca sent beaucoup trop fort la tarte à la crème du double, thème presque aussi souvent mal traité qu’il est abordé. Et Timothé Le Boucher met les deux pieds dedans. Cela commençait plutôt bien, pourtant : les premières planches, muettes et aériennes, évoqueraient presque Polina. Et puis les dialogues débutent. Il nous est permis d’y croire à nouveau le temps d’introduire la petite amie du héros, au cours d’une assez jolie scène tendre. On prend même un peu de plaisir à découvrir le mécanisme qui lance le récit, et malgré des échanges globalement mal écrits, l’aspect ludique dure un temps.
Et puis ça se gâte. Les réactions des proches du héros n’ont aucun sens, ses amis sont insupportables de niaiserie, l’histoire de sa famille est mal amenée au possible, la psychiatre est plus que ridicule, ah tiens une deuxième petite amie, ah tiens un autre double-éphèbe-italien sans consistance, nouvelles interactions qui n’ont aucun sens et OH MON DIEU qu’est-ce que c’est que cet échange avec le psy machiavélique/méchant de James Bond (on dirait un mauvais fantasme d’adolescent) ?! Si l’accélération de la temporalité permettait un léger regain d’intérêt, l’auteur enterre sa bande-dessinée avec ce beau condensé de tout-ce-qu'il-ne-faut-pas-faire. Ni l’inutile clin d’oeil à l’heroic fantasy, ni les trente-six couches de projections futuristico-virtuelles ne sauveront la mise.
La fin de l’ouvrage a quelques mérites. Celui d’aller au bout de son idée sans céder sur son principe. Celui de se recentrer sur l’histoire d’amour. Et celui de m’avoir permis quelques réminiscences du bien plus joli Chico et Rita (les retrouvailles des deux amants). Au total : bof.