Invincible and co
Bien qu'Invincible commence un peu à traîner en longueurs, Robert Kirkman continue de nous tenir en haleine. Le développement du personnage du petit frère distille quelques pistes quant à l'avenir...
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le 23 janv. 2014
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Ce tome fait suite à Loin de ce monde - Invincible, tome 8 (épisodes 42 à 47) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 48 à 53, initialement parus en 2008, écrits par Robert Kirkman, dessinés et encrés par Ryan Ottley, avec l'aide de Cliff Rathburn pour l'encrage des épisodes 52 & 53. La mise en couleurs a été réalisée par Bill Crabtree pour les épisodes 48 à 50, et par FCO Plascencia pour les épisodes 51 à 53.
Mark Grayson, William Clockwell et Rick Sheridan sortent du bowling où ils viennent de faire plusieurs parties. William indique qu'il est partant pour remettre ça plus souvent. Mark indique qu'il est souvent pris par sa relation avec sa copine. Rick commence à pleurer faisant allusion à ce qu'il a subi aux mains de D.A. Sinclair. Il les quitte en continuant à pleurer. Mark Grayson indique à William qu'il est hors de question qu'il le raccompagne en volant, qu'il préfère marcher. Dans sa cellule, Doc Seismic est en train de parler tout seul à haute voix, évoquant sa vengeance proche. À Chicago, Savage Dragon et d'autres superhéros sont en train de se battre contre des monstres venus des entrailles de la Terre. Il en est de même pour l'équipe Dynamo 5 (Maddie Warner, Olivia Lewis, Gage Reinhart, Hector Chang, Bridget Flynn, Spencer Bridges) dans leur quartier général secret, pour Bolt et Kid Thor à New York, pour Wolf-Man (Gary Hampton) et Zechariah également à New York, pour Brit, Donald Ferguson et Britney à Washington DC, et pour les Gardiens du Globe (Immortal, Rex Splode, Shapesmith, Black Samson, Dupli-Kate, Monster Girl) à Moab dans l'Utah.
Dans le pavillon de banlieue des Grayson, Cecil Stedman est en train de s'entretenir avec Deborah Grayson. Il évoque le fait qu'elle lui ait caché qu'Oliver dispose de superpouvoirs. Alors qu'elle est en train de défendre sa position, il reçoit un appel l'informant de cette attaque généralisée contre les superhéros. Il appelle Mark pour qu'il intervienne. Invincible se trouve en Afrique, en train de causer avec Samantha Wilkins. Il reçoit l'appel pour intervenir et Atom Eve lui demande si elle peut l'accompagner. Il accepte et l'emmène en volant jusqu'à une zone sauvage enneigée. Stedman indique à Invincible par son récepteur implanté sous son oreille, que les superhéros se trouvent à trois miles sous terre. Doc Seismic les maintient prisonnier dans des bulles où ils sont à enfermés à 3. Si le plus fort commence à frapper sur la paroi pour la briser, sa déformation se répercute sur les autres prisonniers plus faibles, menaçant ainsi leur vie. Invincible et Atom Eve fracassent la paroi supérieure de la caverne et attaquent directement Doc Seismic. L'épisode 50 comprend 12 pages supplémentaires relatant l'origine secrète de Cecil Stedman.
C'est reparti à fond pour du superhéros, de la comédie dramatique, et des questionnements pas si simplistes que ça. Robert Kirkman est seul maître à bord de sa série et il peut mettre en œuvre de réels changements tout en piochant à loisir dans les conventions de genre associées aux superhéros. Le lecteur retrouve bien des supercriminels trop bêtes pour se rendre compte qu'ils n'ont aucune chance de gagner de manière durable. Doc Seismic a une fois encore conçu un plan infaillible pour la domination du monde. Les jumeaux Maul sont sûrs de leur coup pour une prise d'otages et un chantage qui va leur rapporter gros. Titan est assuré de conserver sa place de pouvoir au sein du crime organisé en faisant évader Multi-Paul (Paul Cha). Dans le tome précédent, le scénariste ne s'était pas gêné pour faire apparaître l'inanité des plans de supercriminels voulant devenir maître du monde ou super-riches. Il continue de les utiliser de la même manière : des ressorts narratifs sans réelle consistance. La narration visuelle de Ryan Ottley est à l'unisson de cette approche. Doc Seismic gesticule de manière emphatique et ridicule comme un méchant d'opérette ou de sérial des années 1940. Les jumeaux Mauler sont physiquement très imposants et continuent de se chamailler en pleine prise d'otages, sûrs de leur force et de leur puissance. Titan attaque de front la prison sans souci de discrétion ou de plan préalable et le dragon de maître Liu est dessiné au premier degré, sans souci de réalisme ou de plausibilité. Les affrontements physiques sont emplis de bruit et de fureur, avec des coups d'une force colossale, des manifestations pyrotechniques de superpouvoirs, des dégâts matériels à gogo, sans grand souci des blessures ou de la résistance des matériaux et des structures. L'amateur du genre superhéros est à la fête avec des combats à grand spectacle, souvent rehaussés par une touche de gore assumée. Dans cette série, les combats sont sanglants, et peuvent conduire au fracassage de crânes avec giclées de matière cervicale et à des éviscérations avec déroulage de longueurs de boyaux. Kirkman & Ottley semblent prendre un plaisir certain à montrer crument que l'usage de la force provoque de graves blessures, conséquence logique souvent occultée et niée dans les comics traditionnels de superhéros.
Comme d'habitude, le lecteur s'immerge avec un grand plaisir dans cette aventure de superhéros bénéficiant d'une intrigue consistante sur le long cours. Kirkman l'a indiqué à plusieurs reprises : il développe son propre univers pour pouvoir jouer avec les intrigues secondaires sur plusieurs numéros d'affilée (les Reanimen par exemple) et pour l'enrichir tant et plus (le retour de Darkwing II, le nouveau costume d'Invincible). Il joue avec un plaisir évident de cette forme narrative, que ce soit avec les déboires de Dick Sheridan développés sur le long terme, ou avec la question de l'évolution du costume de superhéros, en supprimant la couleur jaune pour faire plus sérieux, comme un clin d'œil aux trucs et astuces artificiels pour donner l'impression de l'évolution d'un personnage par un ravalement cosmétiques superficiels. Effectivement, il utilise également à bon escient cette forme longue pour faire mûrir lentement mais sûrement ses personnages, sans retour à un statu quo tiède ou confortable. En regardant les postures de Mark Grayson, le lecteur peut voir que Ryan Ottley le représente comme un jeune adulte ayant acquis une réelle confiance en lui, plus comme un adolescent encore hésitant. Samantha est devenue une magnifique jeune femme, à la personnalité également plus affirmée. Le scénariste s'amuse à montrer que l'un comme l'autre doit retourner vivre chez ses parents, ce qui ne s'avère pas si facile que ça. Debbie Grayson a continué de vivre retrouvant peu à peu de l'assurance, sortant de la phase de deuil, et Mark se rend compte qu'il envahit son espace privé dans une scène rendue cocasse par la mise en page, avec Debbie sur les genoux de Paul, et le regard gêné de Mark. De la même manière, le lecteur voit la tension entre Samantha et ses parents, grâce à la direction d'acteurs, entre le père le dos tourné, et la mère qui surjoue sa gaieté. Ryan Ottley se montre tout aussi fin dans sa manière de diriger Samantha et Mark : le lecteur peut voir dans leurs postures que la tension qui existait entre eux est en train de s'amenuiser pour céder la place à une familiarité qui vient avec une relation qui s'installe dans la durée. Il se rend également compte que le trait de l'artiste évolue avec un encrage parfois plus fin, pour une apparence une peu moins tout public par endroit, un peu plus mature.
Comme dans les tomes précédents, Robert Kirkman ne se contente pas d'aventures originales et divertissantes, vécues par des personnages attachants ayant de l'épaisseur (c'est pourtant déjà plus que la majeure partie des séries de superhéros industriels de DC et Marvel). Ce qui couvait depuis plusieurs épisodes finit par éclater au grand jour. Prenant de l'assurance, Mark Grayson fait le constat que ses convictions se heurtent aux méthodes employées par Cecil Stedman, le responsable de l'Agence de Défense Globale (Global Defense Agency / GDA). Cela aboutit à une séparation, et à une situation rigolote où Invincible doit se mettre à patrouiller comme le premier superhéros venu, à la recherche de situations nécessitant son intervention. Le fond de la situation est plus complexe et plus élaboré. Mark Grayson a découvert quels moyens Stedman est prêt à employer et emploie réellement, jusqu'à intégrer d'anciens supercriminels qui travaillent pour la GDA, en échange d'un pardon pour leurs crimes passés. Le lecteur pourrait n'y voir qu'un artifice narratif facile, un cliché suremployé dans les comics, sauf que les 12 pages consacrées à l'origine de Cecil Stedman exposent la motivation qui le conduit à agir comme ça, et qu'il n'est pas possible de le réduire au rôle de méchant d'opérette. Il n'a rien en commun avec les supercriminels voulant devenir maître du monde. Dans le même registre, Mark Grayson doit gérer le fait que son petit frère Oliver grandit plus vite que lui, qu'il dispose déjà de superpouvoirs impressionnants, et qu'il ne partage pas les mêmes valeurs que lui. À nouveau, la situation ne se réduit pas à un artifice narratif pratique. Kirkman combine avec une rare élégance les conventions de genre superhéros (un costume et un nom de code pour Oliver, avec une représentation d'Ottley qui montre bien qu'il s'agit encore d'un enfant, ou d'un très jeune adolescent), avec une réflexion sur les valeurs morales, sur les convictions politiques. Oliver n'agit pas sur un coup de tête, mais en fonction de l'exemple que lui a montré son père, et sur la base du fonctionnement sociopolitique du monde d'où il vient, où l'intérêt général primait sur tout. Il n'est pas possible d'écarter ce point de vue comme une simple lubie d'un enfant qui ne comprend rien à rien, car il fait sens et oblige à s'interroger sur des convictions qui semblent évidentes, mais qui ne le sont pas tant que ça.
Le lecteur entame ce neuvième tome en confiance, certain que Robert Kirkman et Ryan Ottley ne le décevront pas. Il a entièrement raison d'avoir placé sa confiance en eux : Ryan Ottley réalise toujours des planches pleines de conviction et recelant des nuances sensibles, Robert Kirkman profite à plein d'avoir créé son propre univers pour raconter des aventures grands spectacles, habitées par des personnages attachants et intéressants, en développant des thématiques complexes en arrière-plan.
Créée
le 21 déc. 2019
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