Cherchant à se réinventer, Van Hamme propose avec ce dix-neuvième tome de Largo Winch un changement total de contexte. Alors que jusqu'à présent Largo devait voyager au bout du monde, ici l'histoire se limite à quelques rues dans Londres, plus particulièrement dans l'hôtel où réside Largo Winch et les membres du Groupe W. Plusieurs personnes de son passées seront également de la partie, en tête desquelles Charity et Domenica.
Il en ressort une œuvre intéressante par la forme, qui se concentre beaucoup sur les mini-relations entre les protagonistes, les fois où ils peuvent se trouver. Le fond permet également de dynamiser ça. En effet, sans que les membres du groupe W ne le sachent, un groupe terroriste prépare un attentat kamikaze pour détruire les dirigeants de cet empire.
Il en ressort un côté intéressant et presque amusant : les héros vivent tranquillement leurs vies avec leurs problèmes personnels et sentimentaux tandis que se prépare un attentat très minutieux où chaque étape doit sembler être liée au hasard.
La thématique est également très proche de notre monde avec la question du terrorisme. Cependant, afin de rendre cela plus complexe, Van Hamme y ajoute des agents triples, des mafieux russes, des agents de la CIA. Bref, un énorme bordel qui rend la lecture plus complexe mais pas forcément plus plaisante.
Dans le même temps, le tome contient une sous-intrigue intéressante : celle d'un vol de documents confidentiels.
Rajoutons à cela le mauvais goût d'un coup de foudre entre Largo et une nouvelle conquête féminine (sérieusement ? Je pensais qu'on avait passé ce cap depuis l'histoire avec Mélanie dans les tomes 3&4). Si l'aspect amour parfait et soudain est particulièrement pénible, notons que ça participe à l'aspect énorme du récit.
Il y a effectivement de nombreuses couches dans ce tome, plusieurs récits qui s'entrecroisent les uns les autres et qui fait de ce tome Les Bijoux de la Castafiore façon Largo Winch. On regrettera cependant le peu de charisme des agents secrets derrière (l'aspect CIA notamment), la facilité de l'histoire d'amour, le retour de personnages de manière facile voir sans saveur (Charity en tête). Au-delà de l'exercice de style intéressant et du changement de ton, la volonté de sérieux et d'intrigue peine à convaincre réellement le lecteur.