« Moi qui suis si profondément athée ! » LANFEUST

Christophe Arleston et Didier Tarquin, les créateurs emblématiques de l’univers de Troy continuent d'explorer leur monde fascinant de fantasy avec la sortie du cinquième tome. Fidèles à leur style, Arleston et Tarquin vont toujours mêler humour, action et fantasy, tout en enrichissant l'univers de Troy avec de nouveaux personnages et enjeux.

Lanfeust de Troy : Cixi Impératrice (Tome 6) est publié en octobre 1998 chez l’éditeur Soleil.

En exil au Darshan après leurs péripéties précédentes, le groupe se désagrège sous le poids des épreuves. Cixi, au caractère affirmé, choisit de quitter le groupe pour suivre son propre chemin, ce qui crée un vide dans la dynamique. Lors d'une attaque féroce par des trolls blancs lors d’un voyage en train, Hébus, le fidèle compagnon troll, perd son humanité acquise et redevient un troll sauvage, imprévisible et dangereux. Pendant ce chaos, Nicolède, le sage et mentor du groupe, est grièvement blessé, un coup dur qui affaiblit encore leur cohésion. Même Sphax, qui aurait pu être un allié, reste introuvable. Au cœur de cette tourmente, seuls Lanfeust et C’ian, épuisés mais tenaces, demeurent ensemble, cherchant des solutions pour affronter un avenir de plus en plus incertain.

À Eckmül, la situation est chaotique sous le règne implacable de Thanos, qui étend sa domination avec une poigne de fer. Il capture les sages de la région pour asseoir son autorité et éliminer toute opposition intellectuelle ou magique. Son propre frère tente de l’évincer par un putsch audacieux, mais Thanos, implacable et calculateur, déjoue cette tentative et n’hésite pas à exécuter son frère pour affirmer sa suprématie. La surprise vient de Cixi, qui, contre toute attente, choisit de rejoindre Thanos, abandonnant ses compagnons et trahissant leur cause. Dans ce rôle de femme fatale, elle est présentée plus séduisante et provocante que jamais, manipulant sa sensualité pour s'imposer comme une alliée redoutable de Thanos. Cette trahison déstabilise complètement le récit, laissant planer le doute sur ses véritables intentions et amplifiant la tension dramatique.

Les héros atteignent enfin la mythique Cité des Dieux, un lieu où l’imagination visuelle de Didier Tarquin brille de mille feux. Les planches offrent un festival graphique, avec des cases somptueusement détaillées qui donnent vie à cette cité divine. Les Dieux eux-mêmes, véritables créations d’un chara-design débridé, affichent des apparences aussi exubérantes que variées, mêlant majesté, étrangeté et parfois même un brin d’humour. Tarquin s’amuse clairement à jouer avec les codes divins, offrant des designs uniques et inventifs qui enrichissent l’univers visuel de la série. Ce passage est un régal pour les yeux, et chaque case est une invitation à s’arrêter pour admirer les détails et la créativité qui débordent de chaque page.

Le groupe de héros reprend des couleurs lorsque, après de lourdes épreuves, ils retrouvent un semblant de stabilité et d’espoir. Hébus revient à ses compagnons, redevenu lui-même, ajoutant une dose de légèreté bienvenue. Nicolède, bien que gravement blessé auparavant, récupère de ses blessures, ce qui rassure Lanfeust et C’ian. La révélation spectaculaire sur Sphax apporte un nouveau tournant : il s’avère être un Dieu caché, ce qui change totalement la perspective sur ses actions et son rôle dans l’histoire. L’humour, signature de la série, est particulièrement présent dans les interactions entre Hébus et une déesse du plaisir, une relation improbable mais hilarante qui ajoute des moments de comédie et de légèreté dans cet univers souvent sombre. Ces éléments revitalisent le groupe.

Le passage dans la Cité des Dieux permet à Christophe Arleston d’explorer avec subtilité et humour des réflexions sur la religion et la foi. Les Dieux de cet univers, bien qu’impressionnants, révèlent une fragilité essentielle : leur existence dépend entièrement de la croyance des humains. Lanfeust, avec ses pouvoirs extraordinaires, se démarque en incarnant une forme de divinité différente : il est puissant sans dépendre de la foi des mortels. Thanos partage cette caractéristique, mais sa nature tyrannique et imprévisible effraie même les Dieux. Face à ce dilemme, ces derniers finissent par choisir de soutenir Lanfeust, en qui ils perçoivent une stabilité et une justice absentes chez Thanos. Ce passage ne se contente pas d’avancer l’intrigue : il enrichit aussi l’univers en posant des questions sur la nature du pouvoir divin et les relations entre les mortels et le sacré.

Avant de quitter la Cité des Dieux, nos héros sont confrontés à un dernier obstacle : un combat contre le redoutable Dieu des Trolls. Ce duel, bien que promettant beaucoup sur le papier, s'avère un peu expédié dans sa mise en scène, laissant une sensation de potentiel sous-exploité. Le Dieu des Trolls, imposant et terrifiant, aurait pu représenter une menace majeure pour le groupe, mais le combat se conclut rapidement, peut-être trop, au détriment de la tension dramatique.

Lanfeust de Troy : Cixi Impératrice (Tome 6) marque un tournant dans l’histoire, mélangeant moments de tension dramatique, révélations surprenantes et une bonne dose d’humour caractéristique. Entre les trahisons, les révélations sur la nature des Dieux et les dynamiques relationnelles du groupe, l’album approfondit à la fois l’intrigue et l’univers riche de la série. Bien que certains passages, comme le combat contre le Dieu des Trolls, puissent sembler un peu rapides, l’ensemble reste captivant grâce à l’écriture malicieuse d’Arleston et à l’imaginaire visuel foisonnant de Tarquin. Ce tome illustre à merveille la capacité de la saga à mêler réflexion, aventure et légèreté, tout en laissant entrevoir un avenir encore plein de mystères et de défis pour Lanfeust et ses compagnons.

StevenBen
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures BD éditées par Soleil

Créée

le 5 déc. 2024

Critique lue 3 fois

Steven Benard

Écrit par

Critique lue 3 fois

D'autres avis sur Cixi impératrice - Lanfeust de Troy, tome 6

Du même critique

L'Initiation - Dragon Ball, tome 3
StevenBen
7

« Si tu veux un conseil, n’utilise pas toute ta force… » SANGOKU

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 18 oct. 2022

2 j'aime

3

Kaméhaméha - Dragon Ball, tome 2
StevenBen
7

« Il m’avait dit de ne pas la regarder mais je l’ai fait quand même ! » SANGOKU 

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 17 oct. 2022

2 j'aime

3