- Alors ça avance ?
- Ça va, mon colonel ! Je retrouve mes bonshommes un par un dans les archives. La plupart ont suivi des chemins un peu particuliers depuis qu'ils ont quitté le service actif.
- Café ?
- Pas de refus ! Voilà quatre heures que je travaille à la constitution du commando ! Une vraie chasse à l'homme ! Enfin quand je dis '' à l'homme ''... Je me comprends !
- On peut voir ?
- Ils sont tous là... Une équipe du tonnerre. Mais rappelez-vous, vous m'avez donné carte blanche !
- D'accord, d'accord... Voyons ces oiseaux rares... Mmmmhh... ? ... !!! Et... Et c'est avec ces gens-là que vous comptez défendre les intérêts de la civilisation ?!?
- Pour combattre des loups, utiliser d'autres loups, mon colonel ! Vieille recette qui a fait ses preuves !
Bruno Brazil tome 2 : '' Commando Caïman '', par William Vance et Michel Greg est un second volume qui vient dénoter avec le premier : '' Le Requin qui mourut deux fois '', qui présentait l'esprit de la franchise dans une conduite policière d'espionnage sollicitant notre imaginaire par l'image d'un espion opérant sous couverture dans une imprégnation proche de la saga cinématographique James Bond, avec un élégant agent secret bondien pour personnage principal. Un remaniement étonnant qui va prendre une tournure inédite en démontrant à quel point l'histoire du renseignement est intimement liée à celle de la guerre. Un changement d'atmosphère s'opère en remplaçant le ton solitaire et fantasmagorique du monde de l'ombre made in 007, pour quelque chose de plus terre à terre et démonstratif avec le recrutement d'un groupe d'élite d'intervention dans une mouvance proche des Douze Salopards de Robert Aldrich. Une unité d'élite américaine de choc totalement imprégnée par une ambiance '' guerre du Vietnam '', puisque 5 ans plus tôt les États-Unis intervinrent militairement pour s'achever quelques années après ce deuxième tome.
Un bataillon créé et formé par Bruno Brazil au centre militaire d'entraînement '' Fort O'bannion '' qui s'entoure pour l'occasion d'une équipe de marginaux et d'anciens repris de justice composé de Big Boy Lafayette (jockey aux méthodes douteuses), Gaucho Morales (alias prisonnier 1207), Whip Rafale (experte dans la manipulation du fouet sortant de l'international circus), William Billy Brazil (frère cadet de Bruno qui vient à peine de terminer sa formation dans une école militaire), Texas Bronco (le plus énigmatique à ce moment du récit), et enfin Bruno Brazil, qui se paye une carrure de capitaine responsable montrant une évolution dans son comportement. Ensemble ils forment le commando Caïman ! Une unité encore bien fade avec certains membres dont on développera les aptitudes et le dramatique à mesure que les tomes sortiront.
Un deuxième tome rythmé et fluide qui dès les premières vignettes tient le lecteur en haleine en présentant durant une nuit de douceur de septembre une attaque pirate sur les écrans mondiaux des téléspectateurs qui ont la surprise de découvrir des images anormales sur leur poste de télévision. Bruno Brazil est convoqué par le Colonel L qui le charge de monter une équipe pour s'infiltrer dans la forêt amazonienne du Brésil afin de détruire un émetteur-pirate surpuissant capable de pirater le satellite Space Bird des États-Unis pour envoyer des images et des sons sur tous les écrans de télévision du monde afin d'exercer un contrôle mental d'idées préconçues.
Avec un tel récit, William Vance livre une véritable critique des écrans et de l'information par la propagation de contenus fallacieux qui découle de stratégies pour nous rendre dépendants, voire susciter des comportements addictifs sur les médias sociaux. Derrière nos écrans nous sommes des victimes potentielles de par un climat de doute généralisé dans lequel toute prétention à la vérité est remise en cause. Une critique de 1970 qui n'a jamais été aussi actuelle qu'aujourd'hui. La mise en images de Michel Greg est très soignée, livrant de superbes planches avec de belles couleurs de frondaisons vertes et bleues de la forêt amazonienne. Les personnages sont pourvus de traits détaillés avec une perfection dans les costumes mais aussi les décors qui camouflent le tout en une image techniquement perfectionnée. Visuellement, certains chapitres atteignent l'excellence comme lors du saut en parachute ou encore de l'attaque du crocodile. Les actions sont nombreuses avec de belles confrontations contre de nombreux adversaires tels que Madison Ottoman ainsi que ses hommes de main : '' Rebelle '', '' Slade '', ou encore '' Turco '' qui offrent de bonnes dualités au commando caïman. Des bonnes péripéties au cours d'un récit qui malheureusement boucle son final hâtivement.
CONCLUSION :
Bruno Brazil : '' Commando Caïman '' de William Vance et Michel Greg en tant que deuxième tome d'une réalisation magnifique propose déjà une véritable refonte de l'esprit de la saga en constituant le fameux commando Caïman qui sortira Bruno Brazil de sa fonction Bondienne et du monde de l'espionnage pour celui de l'action et de la guerre. Un choix surprenant qui s'impose en matière de premier véritable volume de la franchise.
Une aventure distrayante qui patine un peu dans le développement des personnages et du récit, mais ne boudons pas notre plaisir.
- C'est ça ! Expliquez-nous donc au juste comment vous comptiez vous enrichir si fabuleusement avec ces émissions pirates de télévision, Ottoman !
- En me servant du satellite-relais, je peux imposer n'importe quel message aux gens à leur insu sur tous les écrans du monde ! Je peux leur dicter ma volonté, imprégner leur cerveau ! Quand je serai prêt, je pourrai les hypnotiser, dominer leur volonté ! Ils me livrerons tout ce que j'exigerai !