Toxique
Ce tome fait suite à THE MASK: Intégrale Vol. 1 qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 1995, écrits par John Arcudi, dessinés...
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le 24 oct. 2020
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Ce tome fait suite à THE MASK: Intégrale Vol. 1 qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 1995, écrits par John Arcudi, dessinés par Doug Mahnke, encrés par Keith Williams (épisodes 1) aidé par Rich Perrotta à partir de l'épisode 3, mis en couleurs par Gregory Wright.
Dans la rue, 4 jeunes hommes sont en train de déambuler sans but précis : Rick, Hugo, Ben et Archie. Lassé de la discussion à embrouille à deux balles, Rick décide de se rendre sur les quais tout seul, là où Big Head s'est manifesté pour la dernière fois. Il jette sa clope dans l'eau et commence à taper dans le bois vermoulu. À sa grande surprise, le bout de bois qu'il utilise renvoie un son plus sec. Il regarde de plus près et se rend compte qu'il y a un masque pris dans le bois à moitié brûlé. Il le prend avec lui. Dans une autre partie de la ville, une voiture de patrouille circule, avec à son bord le lieutenant Kellaway et son adjoint Lionel. Lionel explique qu'il est hors de question qu'il laisse Kellaway conduire et il lui donne un petit flacon contenant les 3 balles de revolver extraites du dos de Kellaway il y a à peine 8 semaines. Ils arrivent finalement à l'hôpital et montent jusqu'à la chambre où est censé se trouver Walter. Lorsqu'ils y pénètrent, le lit est vide, les draps sont attachés entre eux et pendent à l'extérieur : Walter s'en est servi pour s'enfuir.
Dans l'appartement d'Archie, lui, Hugo et Ben sont en train de glander. Au mur se trouvent des posters de The Mask, Archie s'occupe de son élevage de larves, Ben gratouille les cordes d'une guitare, Hugo lit un comics. Alors que Ben s'est levé pour aller chercher à manger, The Mask pénètre dans la pièce avec des grosses bottes en cuir, un pantalon jaune, un teeshirt violet, une gabardine en cuir noir et une écharpe blanche. Il fait voler les comics dans la pièce. Quand Ben fait remarquer que Big Head (le surnom de The Mask) est dans la pièce, Rick enlève le masque et explique ce qui lui est arrivé. Devant l'incrédulité de ses compères, il remet le masque, se retransforme, fait surgir une grosse masse d'arme de nulle part et s'éclate le crâne avec. Pendant ce temps-là, Lionel & Kellaway ont retrouvé la trace de Walter ; un magasin où ont été volés un gros pardessus et une boîte de cigares. The Mask gît inanimé sur le sol, et Archie se prépare à lui faire du bouche-à-bouche pour le réanimer. Mais The Mask ouvre une bouche énorme et gobe la tête entière d'Archie.
Le lecteur est à la fois content de retrouver les créateurs de The Mask pour une troisième histoire et à la fois un peu inquiets : il espère bien que Doug Mahnke va se lâcher pour des visuels à la violence exacerbée, tout en se demandant si John Arcudi va proposer un récit consistant. Bien évidemment, il guette avant tout les apparitions de The Mask. Il apparaît dès la première page, mais une illustration au dos du blouson noir de Rick, reprenant l'image utilisée pour la couverture du premier épisode (The Mask grimaçant de toutes ses dents, avec des bâtons de dynamite dans une main et une bombe dans l'autre, toutes les mèches étant allumées). Il faut donc qu'il patiente 7 pages pour que Rick fasse une entrée tonitruante avec le masque sur le visage. L'artiste est toujours visuellement aussi drôle avec les expressions de visage exagérées grâce à l'énorme dentition, les yeux plus gros, et la quasi absence de nez : le regard de travers indiquant une façon de penser très particulière, un sourire littéralement jusqu'aux oreilles pour exprimer un plaisir proche de la jouissance, une bouche édentée parce que les dents sont tombées sous la force du coup de massue, un très gros plan sur une bouche grande ouverte permettant de voir la glotte et le début de la gorge, etc. Les dessins sont toujours aussi hilarants dès que The Mask passe à l'action : il a conservé ses capacités surnaturelles lui permettant de se comporter comme un personnage de dessin animé, survolté et pouvant disposer de n'importe quel objet comme par magie. La scène où il se retrouve en interrogatoire dans un commissariat est d'anthologie : les traces de main partout sur les murs et le plafond, l'expression d'effroi sur le visage de The Mask quand il se rend compte qu'il tient dans la main une bombe avec la mèche allumée, et son corps en feu une fois qu'elle a explosée. Il faut le vois ensuite en peignoir rose avec des bigoudis sur la tête pour prendre la mesure de la verve visuelle de Mahnke, et du sens de la dérision d'Arcudi.
Il n'y a que dans le dernier épisode où l'effet comique diminue d'intensité, parce que le nouveau porteur a décidé de se transformer en superhéros : l'absurdité de The Mask et celle du superhéros se neutralisant l'une l'autre. Face à The Mask, Walter est toujours aussi massif, imperturbable et stoïque. Les auteurs jouent sur le contraste entre The Mask tout foufou et Walter impassible et marmoréen. Ce dernier ne semble ne ressentir aucune douleur. Comme dans le tome précédent, il ne laisse personne parler à sa place, se mettre en travers de son chemin, ou même essayer de l'accompagner : il faut voir comment il envoie Boris Stoika valdinguer à travers une vitrine d'un simple revers de main. Le lecteur sourit sans se rendre compte quand Walter assène un coup de poing sur la tête de The Mask, la faisant rentrer dans ses épaules, mais laissant ses dents comme suspendues en l'air à l'endroit où se trouvait sa tête. Les 2 moments les plus impressionnant sont quand il se dessine un smiley dans la paume de la main gauche en s'y enfonçant des clous (une résistance à la douleur inhumaine) et quand un policier essaye de lui passer les menottes pour se rendre compte qu'elles sont au moins 5 tailles trop petites, ne pouvant pas contenir les poignets de cette montagne. Comme dans le tome précédent, la narration visuelle de Doug Mahnke comporte un fort niveau de détails réalistes, des expressions de visages justes et variées, ce qui fait d'autant mieux ressortir la force comique des exagérations quand il passe dans ce registre. En outre la nature magique des capacités de The Mask l'autorise à dessiner des choses impossibles, comme The Mask sortant d'une cuvette de WC. Il sait mettre en scène cette apparition, sans insister sur son caractère impossible, laissant l'imagination du lecteur faire le travail entre la case où sa tête dépasse de la cuvette, et la case suivante où il en est sorti.
Pour cette troisième histoire, John Arcudi reconduit le principe de la précédente : le masque tombe entre les mains de nouveaux personnages. Il a donc choisi un groupe de 4 jeunes adultes mâles vaguement marginaux, plutôt des individus sortis du cycle des études, sans emploi. Contrairement au tome précédent, le scénariste ne revient pas sur une possible origine partielle du masque. La seule information sur ce masque est formulée par un de ses porteurs qui a l'impression que la personnalité de The Mask n'est en fait que l'amplification jusqu'à la déformation de la personnalité de celui qui porte le masque. En fait dans l'histoire, cette idée reste superficielle, sans approfondissement psychologique aucun. Néanmoins ce principe permet de mettre en scène des comportements un peu différents pour chacun des 4 porteurs du masque, et des motivations sensiblement différentes. Ainsi chaque itération de The Mask a un objectif qui lui appartient. John Arcudi prend le lecteur par surprise car il n'utilise pas Walter de manière systématique pour mettre fin à chaque itération. En fait il n'intervient que pour la dernière.
Le lecteur a bien droit aux facéties brutales et mortelles de The Mask dans chaque épisode, mais cette fois-ci le comportement des différents porteurs du masque ne suit pas le schéma des 2 histoires précédentes. Rapidement, Rick s'aperçoit que porter le masque a un prix. Il ne prend pas de plaisir à la débauche de violence, au sadisme qui l'accompagne. Rick n'a pas de revanche à prendre sur quelqu'un comme c'était le cas pour Stanley Ipkiss ou le commissaire Kellaway. Il n'a pas d'intérêt particulier à rester tout le temps The Mask comme l'avait Nunzio. Il en va de même pour les suivants. De manière très inattendue, les porteurs du masque ne sont pas à la hauteur de la personnalité désinhibée qu'ils libèrent. John Arcudi prend les attentes du lecteur à contrepied puisque les porteurs ne prennent pas plaisir à se transformer ainsi, ne jouissent pas de la violence cathartique qu'ils exercent. Le scénariste continue dans cette veine là jusqu'au bout avec celui qui se transforme en superhéros. Il n'a aucune utilité pratique dans le monde réel et il finit lui aussi par renoncer au masque. Plus radical encore, l'utilisateur de drogues récréatives trouve que les hallucinations apportées par le masque relèvent plus du mauvais trip que du bon. John Arcudi semble dire à son lecteur que le personnage est nocif, inutile et même toxique pour les individus au point qu'un être normal ne voudrait pas le porter. Il condamne sans appel cette désinhibition, donnant un drôle de goût au plaisir que le lecteur peut prendre à voir The Mask en action, détruisant tout sur son passage et tuant sans arrière-pensée.
Le lecteur anticipe le plaisir de retrouver les facéties meurtrières de The Mask. Doug Mahnke est à nouveau très en forme et le spectacle visuel est de qualité. John Arcudi présente de nouvelles itérations de The Mask avec 4 porteurs différents, imaginant des situations sadiques et cruelles, tout en montrant que personne ne peut souhaiter devenir The Mask, même des individus un peu paumés, laissant un goût étrange chez le lecteur.
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le 24 oct. 2020
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