L'immoralité a ses bons côtés...

Scénario : De prime, la vie quotidienne d'un boucher ne paraît pas passionnante. Même un peu banal et fade, à l'image de sa femme qui semble disante depuis quelques temps. Et pour cause ! Elle le trompe avec son meilleur ami, Éric. Depuis qu'il les a pris en flagrant délit, à leur insu, il n'est plus le même homme. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid, et quand ce dernier a des idées de meurtre, il est bien décidé à passer à l'acte. Coûte que coûte.

Dessin : Le trait de Hureau, simpliste, contraste parfaitement avec la noirceur du propos. Des décors statiques mais pas dénués de charme, une mise en couleur franche et surtout, une mise en scène minutieuse et immersive. Même la typographie en attaché qui dérange un peu les premières pages contribue à l'atmosphère qui se dégage des planches.

Pour : Un hommage vibrant et pertinent à l'auteur Maurice Tillieux, dont l'album "La voiture immergée" de sa série "Gil Jourdan" va inspirer le boucher bédéphile pour son assassinat.

Contre : Le personnage principal, malgré son côté profondément humain, n'hésite pas un seul instant à commettre l'irréparable. Sa détermination est tout de même déconcertante.

Pour conclure : Avec Crève-Saucisse, Rabaté et Humeau nous servent une tranche de vie cuite à point. Avec ses personnages ordinaires et son intrigue bien ficelée, l'album rappelle beaucoup Etienne Davodeau. Rajoutez à cela des dialogues remarquables, et vous obtenez un album indispensable.