Cycle de violence - Batman : Le Chevalier Noir, tome 2 par Skratsch
Ce tome aborde des sujets très intéressants mais vus et revus dans l'univers de Batman : La folie, la peur, le rapport à la figure paternelle (Thomas Wayne étant pour une fois présenté autrement que comme le père idéal et l'homme parfait). Là où on obtient une pépite d'originalité, c'est qu'ici ces thèmes sont traités en mettant en parallèle les parcours de Batman et de Scarecrow, qui malgré son importance dans le monde du chevalier noir est loin de compter parmi ses ennemis les plus "intimes".
En effet, l'épouventail est surtout un antagoniste de notre héros à travers ses armes chimiques et psychologiques, si il a offert à Batman quelques bons traumatismes, il ne s'est jamais noué entre eux le même genre de relations d'individu à individu qu'on peut voir avec le Joker, Bane, Double-Face, R'as al-Ghul ou même Freezer, qui malgré son statut de méchant secondaire arrive au moins à susciter de l'empathie de la part de notre héros.
On explore au passage les origines des deux personnages dans le nouvel univers DC, ce qui est toujours une bonne chose surtout que, contrairement à Superman, Batman n'a actuellement pas de série consacrée à sa jeunesse. La relation de Bruce et Damian est bien développée également, et ça c'est toujours agréable quand on est fan de Damian (petite larmichette au passage à cause du destin qui l'attend :'( ).
L'histoire a cependant deux gros défauts : Premièrement, la relation entre Jonathan Crane et une des fillettes qu'il a enlevées et qui lui accorde la gentillesse et la tendresse qu'il n'a jamais connu. Si la raison est simplement que la gamine est extrêmement gentille, je trouve ça un peu moisi et gnangnan, et même un peu déplacé. Si c'est un bète syndrome de Stockholm, c'est beaucoup trop rapide et ça manque un peu de cohérance étant donné qu'aucune autre victime de l'épouventail n'est jamais passée par là. Une explication qui aurait pu être intéressante aurait été si la gosse venait déjà à la base d'une famille abusive, mais cette piste n'a jamais été développée ni même sous-entendue. Bref, tout ça était très dispensable.
Le deuxième point noir, ou plutôt point lumineux si l'on peut dire, c'est la colorisation. J'ai déjà souvent du mal avec la colorisation DC surtout depuis le début du DCnU, mais ici c'est vraiment un obstacle à l'immersion dans l'histoire puisqu'on aborde des sujets sombres et un poil malsin au milieu de lumières chatoyantes qui posent une ambiance chalereuse. Batman agit souvent en plein jour dans des espaces dégagés, ce qui nuit énormément au côté étouffant, sombre et clostrophobique de Gotham, et au développement des thématiques de la peur et de la folie.
Bref, sur le fond un excellent tome, sur la forme il y a quelques défauts qui l'empèchent de se hisser au panthéon des aventures de Batman.