Résumé
Graphiquement sublime, la BD ne répond pas vraiment à sa promesse féministe, et pose problème en raison d'un traitement problématique de ce qui s'apparente à des violences sexuelles.
Détails
En reprenant le conte tout en revisitant certaines références du genre, Flore Vesco et Mayalen Goust semblaient se diriger vers une sorte de réécriture contemporaine et notamment féministe de ces classiques de la littérature bien souvent problématiques.
Et les premières pages alimentent cette idée, en jouant des stéréotypes pour mieux montrer leurs limites, et en mettant en avant le mépris de classe subit par Sadima. Mais très vite, on comprend que le prince ne sera pas le grand méchant de l'histoire, car le problème ne vient pas de lui mais du fait qu'il soit prisonnier de l'emprise maternelle. Je conçois que ce genre de situation existe et que l'on puisse en faire un sujet littéraire, mais le choix de montrer ce riche héritier en quête de prétendantes uniquement entraver par sa mère possessive c'est assez décevant.
Mais le pire est ailleurs. Car derrière ce choix narratif discutable se retrouvent plusieurs éléments carrément problématiques. Sous couvert de montrer le plaisir féminin et la nudité de leurs corps, ce qui est intéressant dans un premier temps les autrices dérivent sur quelque chose de beaucoup moins progressiste. En effet, on apprendra que le lord avait la capacité de se disloquer et donc de placer de petites parties de son corps à des endroits bien éloignés du reste de sa personne.
Ainsi, l'héritier assumera sans frémir qu'il a introduit des parties de son corps (dont un doigt) dans le lit de Sadima, durant la nuit qu'elle a passé dans la fameuse chambre aux matelas, le tout à son insu. Et là où il serait bienvenu de faire passer ce lord pour un agresseur sexuel de la pire espèce, on se contentera d'une romantisation de ces actes qui ne sont rien d'autre que des violences sexuelles, pour finir par une alliance du lord Adrian et de Sadima pour se débarrasser de cette mère toxique.
Lunaire.
3/10