Dans les griffes de la vipère, sans être exceptionnel, est plutôt intéressant.
En effet, plutôt qu'une pure aventure, cet album est une mise en abyme de ce qu'est devenu Spirou et Fantasio depuis la fin du Deuxième Âge d'Or.
Entre une entreprise qui achète "littéralement" Spirou pour en faire un esclave dont les riches peuvent faire ce qu'ils veulent, les classes défavorisées condamnées à vivre dans des sous-sols, les enfants croyant aux principes moraux de notre journaliste/groom préféré et non pas à la vile entreprise VIPER ne désirant que le faire travailler pour enrichir la compagnie, on a ici une métaphore de ce qu'est devenu Spirou dans la réalité. Aux yeux des adultes (symbolisant les détracteurs de Spirou), c'est une marque rapportant de l'argent. Mais aux yeux des enfants, un protagoniste courageux et héroïque dont il faut suivre l'exemple.
Sans compter le fait qu'on a aussi droit à une critique du capitalisme et des milieux haut-placés surveillant les moindres faits et gestes des gens afin de faire peur aux gens car quand les gens ont peur, on en fait ce qu'on veut.
Enfin, c'est bien beau les symboles mais font-ils de Dans les griffes de la vipère un incontournable?
Malheureusement non. Et pour cause: le récit va BEAUCOUP trop vite privilégiant les scènes de suspense aux créations de lien entre personnages n'étant pourtant pas inintéressant. Tout n'est que prétexte à de la filature et des courses-poursuites au point que l'histoire passe à la trappe alors qu'elle avait beaucoup de potentiel.
De plus, certains antagonistes retournent leurs vestes en faveur de Spirou sans qu'ils n'aient exprimé de raison pour leurs changements de comportements.
En fait, ce qui permets vraiment à cet album d'être appréciable, ce sont les personnages. Déjà, le retour de Seccotine ENFIN sous un beau jour se montrant à nouveau utile dans un récit fait sourire.
Cette histoire a également un très bon méchant: le Patron de la Viper tellement vicieux, intelligemment cruel et sadique qu'on ne peut qu'adorer le détester.
Il y a même un clin d'oeil au magazine Coeurs Vaillants avec un détective portant ce nom n'ayant pas les meilleures intentions pour Spirou mais pouvant avoir un bon fond.
Et n'oublions pas Ninon, petite fille dont Spirou est l'idole qui se montre également utile à l'histoire.
Quant à Fantasio, il est redevenu celui qu'on aime. De plus, malgré le fait qu'il fasse toujours rire, il est bien moins comique que dans les tomes précédents son intelligence ayant été privilégiée au reste dans cette histoire. Ceci dit, dans Dans les griffes de la vipère, il n'est pas le co-protagoniste habituel mais, essentiellement, un adjuvant pour Spirou qui ne sert que tardivement dans le récit.
Bref, un album intéressant dans son propos mais pas très abouti au niveau de son histoire.