Quand Spirou se frotte aux multinationales… et perd un peu sa verve

Dans les griffes de la vipère, tome 53 de Spirou et Fantasio, c’est un peu comme une expédition dans la jungle : on espère de l’aventure, mais on finit parfois embourbé dans un terrain glissant. Fabien Vehlmann et Yoann reprennent nos héros emblématiques pour les plonger dans une intrigue contemporaine où le cynisme des multinationales rencontre l’idéalisme des aventuriers.


L’histoire se concentre sur Spirou et Fantasio, embarqués malgré eux dans une affaire impliquant une société toute-puissante, la Viper Corporation. L’intrigue, teintée de satire, se veut un miroir des préoccupations modernes : la lutte contre les abus des grandes entreprises, l’impact environnemental, et le rôle des médias. Mais là où cette toile de fond aurait pu insuffler une fraîcheur bienvenue, le récit s’enlise parfois dans un rythme inégal et des rebondissements prévisibles.


Le scénario de Vehlmann tente de moderniser la série avec un sujet sérieux, mais le ton oscille maladroitement entre humour et gravité. Les dialogues peinent à retrouver l’équilibre entre légèreté et profondeur qui caractérisait les grandes heures de la série. Quant aux personnages, Spirou reste fidèle à lui-même, mais Fantasio, souvent relégué au rôle de comique maladroit, manque ici de consistance. Même Zorglub, pourtant de retour, semble avoir laissé une partie de son génie machiavélique au vestiaire.


Côté dessin, Yoann livre un travail solide mais pas révolutionnaire. Son style coloré et dynamique capture l’essence de l’univers, mais manque parfois de subtilité. Certaines scènes d’action sont efficaces, mais d’autres paraissent trop brouillonnes, avec une surcharge visuelle qui nuit à la fluidité de la lecture. Cela dit, les décors modernes et les éléments technologiques sont bien intégrés, donnant à l’ensemble une touche contemporaine.


Le vrai problème, c’est que ce tome semble hésiter sur sa direction. La critique des grandes entreprises manque de mordant, et l’aventure, bien que ponctuée de moments sympathiques, ne décolle jamais vraiment. On a l’impression d’une intrigue qui se joue sur pilote automatique, avec peu de surprises ou d’enjeux marquants.


En résumé : Dans les griffes de la vipère est une tentative honorable de moderniser les aventures de Spirou et Fantasio, mais qui manque de la magie et du souffle épique qui faisaient le sel de la série. Si les fans apprécieront quelques clins d’œil et une touche d’humour, l’ensemble laisse un goût d’inachevé, comme une potion mal dosée. Une lecture correcte, mais pas de quoi siffler le marsupilami.

CinephageAiguise
5

Créée

le 25 nov. 2024

Critique lue 1 fois

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