Il faut voir dans quel état se trouvait Daredevil avant que Frank Miller en reprenne les rennes. Le tome 0 des éditions Panini en donne un aperçu. Le héros se farcissait à chaque court numéro une pléiade de bad guys sans jamais qu’aucun enjeu réel ne vienne perturber ses exploits. L’écriture n’avait pas bougé d’un iota depuis la création du personnage et le lecteur avait encore droit à des commentaires légers made in 60’s.


Puis Miller arrive. Il recentre son écriture autour d’une petite poignée de personnages qu’il prend le temps de développer, étire son récit autant que nécessaire et n’imagine plus un numéro comme un one-shot. Avec lui, Bullseye devient un psychopathe victime d’hallucinations qui tue les passants à coup de couteau en plein New York. Caid, une montagne de graisse et de muscle contre laquelle Daredevil ne peut presque rien.


Et il y a des influences nippones dans la façon qu’a Miller d’iconiser chaque personnage. Il y a sûrement le poids d’un Kenji Misumi dans les personnages d’Elektra ou de Kirigi. Ses personnages sont surhumains, sont de vraies armes folles mues par leur amour ou par leur désire de vengeance. Le microcosme d’Hell’s Kitchen devient avec eux une seconde Gotham.


Et finalement, tout ce qui fait le style de Frank Miller est déjà en accomplissement dans ces pages. Le découpage est ingénieux et les dessins magnifiques. Les bastons, elles, sont précises. Elles durent sur plusieurs pages et Miller fait tout pour les rendre mythiques. La ville n’est plus un simple décor de fond mais un élément fort du récit dont les personnages se servent. Chaque rebord d’immeuble, vitre brisée ou lampadaire devient une arme ou un chemin. Chaque coup de pied porte quelque part, brise une rotule, déchire un muscle. La scène de baston dans le métro entre Bullseye et Daredevil est l’exemple parfait du style Miller en gestation qui trouvera sa forme aboutie dans un Batman Year One par exemple.

-Alive-
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mes BDs... et Mes Lectures BD 2017

Créée

le 3 sept. 2017

Critique lue 895 fois

5 j'aime

3 commentaires

-Alive-

Écrit par

Critique lue 895 fois

5
3

D'autres avis sur Daredevil par Frank Miller, tome 1

Daredevil par Frank Miller, tome 1
-Alive-
9

Jeune auteur déjà talenteux

Il faut voir dans quel état se trouvait Daredevil avant que Frank Miller en reprenne les rennes. Le tome 0 des éditions Panini en donne un aperçu. Le héros se farcissait à chaque court numéro une...

le 3 sept. 2017

5 j'aime

3

Daredevil par Frank Miller, tome 1
mavhoc
9

Critique sans spoiler

Avant de commencer ma critique de Daredevil, tome 1, il est important de rappeler le contexte de lecture. Celui de la découverte pour moi. En effet, assez étonnement, j'ai beau être fan de comics, si...

le 29 déc. 2014

3 j'aime

2

Daredevil par Frank Miller, tome 1
Choupetator
9

La création du Daredevil moderne (Attention spoiler)

Note : Jai lu la version VO américaine (Daredevil Visionaries Frank Miller). Ce V1 français colle à peu près au V2 américain. Tout fraichement arrivé sur son premier gros poste de titulaire, Miller...

le 25 janv. 2016

2 j'aime

4

Du même critique

La Vérité sur l'affaire Harry Quebert
-Alive-
4

Magnifique couverture d'Edward Hopper

Prix de l’Académie Française quoi ! Les mecs vous êtes trop vieux, faut arrêter. Ce prix c’est pas rien, ça veut dire : « on veut que ce soit cette littérature qui fasse école », c’est le prestige...

le 19 août 2016

126 j'aime

29

Le Petit journal
-Alive-
1

Cracher sur tout ce qui n'est pas Nous

Crache sur les religieux, crache sur les vieux, crache sur les provinciaux, crache sur Arte, crache sur le service public, crache sur la politique, crache sur la mode, crache sur les geeks, crache...

le 10 nov. 2014

124 j'aime

24

The Wall
-Alive-
10

Un spectacle

On ne peut forcer personne à aimer une oeuvre. C'est inutile et agaçant, et puis chacun sait qu'en vérité nos coups de cœur tiennent plus souvent de la surprise que d'une écoute forcée et assidue...

le 25 juil. 2014

92 j'aime

14